Islam et sciences sociales

Mardi 3 mars 2020
18h30-20h30


Lancement de la collection Contreparties des éditions Amsterdam, dirigée par Jocelyne Dakhlia et Abdellali Hajjat, qui propose de déconstruire les discours publics sur l’islam et de proposer un changement d’approches et de perspectives sur ces questions en constante évolution.

Rencontre avec:

Jocelyne Dakhlia, historienne et anthropologue du Maghreb et de l’islam méditerranéen, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Auteure de L’empire des passions : l’arbitraire politique en Islam (Aubier, 2005), Islamicités (Presses universitaires de France, 2005. (dir)  Tunisie, Le pays sans bruit, Actes Sud, 2011.

Abdellali Hajjat, professeur de sociologie à l’Université libre de Bruxelles et membre du Groupe de recherche sur les Relations Ethniques, les Migrations et l’Égalité. Il a publié Les Frontières de « l’identité nationale », (La Découverte, 2012), La Marche pour l’égalité et contre le racisme (Éditions Amsterdam, 2013) et Islamophobie, Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman » (avec Marwan Mohammed, La Découverte, 2013).

Claire de Galembert, chargée de recherche au CNRS, rattachée à l’Institut des sciences sociales du politique/ENS-Paris Saclay. Ses recherches portent sur les politiques publiques du religieux, avec une attention particulière à la question des prisons. Auteure de Islam et prison (Éditions Amsterdam,  collection Contreparties, 2020).

Abir Kréfa, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Lyon 2. Elle a publié Écrits, genre et autorités. Enquête en Tunisie (ENS Éditions, 2019).  Co-auteure de Genre et féminismes au Moyen-Orient et au Maghreb (Éditions Amsterdam,  collection Contreparties, 2020).

Amélie Le Renard, chargée de recherches au CNRS. Elle est notamment l’autrice du Privilège occidental. Travail, intimité et hiérarchies postcoloniales à Dubaï (Presses de Sciences Po, 2019). Coauteure de Genre et féminismes au Moyen-Orient et au Maghreb (Editions Amsterdam,  collection Contreparties, 2020).

Nicolas Vieillescazes, directeur éditorial des éditions Amsterdam. Traducteur, il écrit sur le cinéma et la théorie contemporaine.

Présentation des 2 premiers ouvrages de la collection Contreparties:

Islam et prison, Claire de Galembert

Soulever la question de la religion en prison, c’est immédiatement évoquer la surreprésentation supposée des musulmans et leur non moins supposée dangerosité potentielle. La cause semble entendue : les prisons françaises sont le creuset de la radicalisation, des « universités du djihad ». L’incarcération de plus de 500 personnes pour faits de terrorisme islamiste depuis 2014, les agressions de surveillants par des détenus radicalisés n’ont fait qu’amplifier l’anxiété générale.

Mais la peur est mauvaise conseillère. Car c’est le spectre du terrorisme qui a fait naître ces idées fausses sur l’islam et les musulmans incarcérés. C’est encore lui qui a été le moteur de l’organisation  d’une offre institutionnalisée d’islam dans les prisons.

Cet ouvrage ne se contente pas de combattre les idées reçues. Il interroge la manière dont la prison conditionne la pratique religieuse. Si elle favorise une intensification du rapport au religieux, c’est peut-être que celui-ci s’offre comme une ressource pour affronter l’épreuve carcérale. Et, à travers cette intensification, qui peut se faire pour le pire comme pour le meilleur, se lit aussi la faillite de notre prison, qui n’a de républicaine que le nom.

Genre et féminismes au Moyen-Orient et au Maghreb, Abir Kréfa, Amélie Le Renard

D’après le stéréotype, les femmes vivant au Maghreb et au Moyen-Orient sont opprimées par une religion patriarcale et des traditions ancestrales. Ce petit livre donne à voir une réalité, ou, plutôt, des réalités différentes.

Loin d’être un tabou, les droits et modes de vie des femmes constituent dans cette région une question centrale depuis le xixe siècle, où, dans des situations de domination coloniale ou impériale, de multiples formes de prédation économique, d’exploitation et de guerre ont bouleversé les rapports de genre. L’ouvrage analyse les résistances opposées par ces femmes, qu’elles soient rurales ou urbaines, des classes populaires ou lettrées. Il met en lumière leurs usages diversifiés de l’islam, mais aussi leurs mobilisations pour l’emploi, contre les colonialismes, les guerres et les occupations – ou, plus récemment, à la faveur des révolutions, les luttes contre le racisme et l’oppression des minorités sexuelles et de genre. Encastrés dans des histoires politiques, sociales et économiques singulières, les transformations et mouvements liés aux rapports de genre représentent un enjeu essentiel pour le Maghreb et le Moyen-Orient du xxie siècle.

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