François Hollande avait annoncé la couleur lors de son séjour à Jérusalem, en novembre dernier : il déclarait être «toujours» prêt à «trouver un chant d’amour pour Israël et pour ses dirigeants» (1). Rien là d’une formule, comme on vient de le voir. Face au terrible drame de Gaza, le président de la République a en effet traduit ses propos diplomatiques en ligne politique. La confusion de son discours dès le début de l’actuel conflit n’a fait que le confirmer.
Ce faisant, il a commis une double faute. Non seulement il s’est aligné sur Benyamin Nétanyahou, lui donnant un chèque en blanc au risque de cautionner des crimes de guerre, mais il a prétendu interdire à ses opposants le droit de manifester leur colère. Ces démarches conjuguées ont et auront de graves conséquences, internationales et intérieures.
Radicalement contraire à l’orientation proche-orientale de la France depuis 1967, ce soutien unilatéral au gouvernement israélien – qui rassemble, rappelons-le, la droite et l’extrême droite – prive notre pays de tout poids dans la résolution de cette crise. A l’heure où les Etats-Unis, échaudés par l’échec de neuf mois de négociations avortées, restent officiellement sur la réserve et où l’Europe, en période de désignation de ses dirigeants, est aux abonnés absents, Paris aurait pu jouer pleinement son rôle d’artisan de la paix. Il n’en est rien, et même Tel-Aviv n’a eu que mépris pour les quelques nuances apportées, dans un second temps, par l’Elysée et le Quai d’Orsay.
Les effets du cap choisi par François Hollande s’avèrent aussi délétères au plan intérieur. Autant les manifestations autorisées se sont déroulées sans incident majeur, autant celles interdites ont donné lieu à des dérapages préoccupants. Les témoignages mais aussi les vidéos révèlent, certes, le caractère artificiel des affrontements du 13 juillet à proximité de la synagogue de la rue de la Roquette, liés non à une attaque contre cette dernière, mais à une provocation de la Ligue de défense juive. En revanche, Sarcelles, le 20 juillet, a effectivement été le théâtre de l’incendie de plusieurs commerces tenus par des juifs et du jet de cocktails Molotov en direction de la synagogue.
Nous sommes bien sûr loin des «pogroms» évoqués par Roger Cukierman (2), le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Plus : toutes les enquêtes sociologiques confirment le caractère marginal de l’antisémitisme dans notre pays. Mais ces faits inquiètent à juste titre les Français de confession, de tradition ou d’origine juives et, avec eux, tous les démocrates. Encore faut-il analyser lucidement le terreau dans lequel ils s’enracinent.
Les images quotidiennes de civils gazaouis tués par les bombes israéliennes alimentent la colère, en particulier parmi les jeunes issus de l’immigration qui se projettent dans les Palestiniens. Le fait que les dirigeants du Crif défendent bec et ongles la guerre menée par Tel-Aviv entretient les amalgames entre Israéliens et juifs. Et l’attitude des autorités françaises accrédite la thèse d’un «lobby» capable d’influer sur la politique de la France.
Le danger que représentent ces dérapages, même isolés, pour la société française appelle en tout cas chacun à prendre ses responsabilités. Que les animateurs du mouvement de solidarité avec la Palestine renforcent leur vigilance à l’égard de toutes les formes de racisme et d’antisémitisme et veillent à déjouer toutes les provocations.
Mais aussi et surtout que le pouvoir revienne à une politique fondée sur le droit international. Or, en droit, Gaza est toujours un territoire occupé ; à ce titre, Israël est responsable de la sécurité comme de l’approvisionnement de la population, une obligation bafouée par le siège israélien. De plus, en vertu des normes applicables aux opérations militaires, les «moyens de nuire à l’ennemi» doivent être mesurés ; sont, notamment, interdites les attaques dirigées contre des civils non combattants – même au prétexte que l’ennemi les utiliserait pour se protéger. Enfin, les violations de ces normes constituent autant de crimes de guerre au sens du statut de la Cour pénale internationale dont, en 2009, la Palestine a reconnu la compétence. Signataire de la IVe convention de Genève, la France doit faire pression sur Israël pour le retrait immédiat de ses troupes de la bande de Gaza, l’arrêt des bombardements, la levée du blocus illégal et l’application des résolutions de l’ONU.
Puisse la déclaration faite par le Président le 30 juillet et appelant à un cessez-le-feu immédiat augurer d’un changement de cap.
(1) cf.https://www.youtube.com/watch? v=y3DRjD8qoKA
(2) Newsletter du Crif, 22 juillet 2014.
Signataires :
Paul Balta, Écrivain, journaliste ; Mourad Besbes, Responsable des formations de l’iReMMO ; Karine Bennafla, Universitaire ; Robert Bistolfi, Essayiste ; Pierre Blanc, Universitaire, Rédacteur en chef de la revue «Confluence Méditerranée» ; Estelle Brack, Économiste ; François Burgat, Universitaire ; Monique Cerisier-Ben Guiga, Sénatrice honoraire ; Jean-Paul Chagnollaud, Universitaire, directeur de l’iReMMO ; Vincent Colin, Metteur en scène ; Géraud de La Pradelle, Universitaire ; Sylviane de Wangen, Dirigeante associative ; Nelly Ferreira, Universitaire ; Chloé Fraisse-Bonnaud, Directrice-adjointe de l’iReMMO ; Nilufer Göle, Universitaire ; Roger Heacock, Universitaire ; Ghaiss Jasser, Chercheuse, compositrice ; Salam Kawakibi, Politologue ; Agnès Levallois, Journaliste, consultante ; Elisabeth Longuenesse, Universitaire ; Sylvie Malhanche, Enseignante ; Gilbert Meynier, Universitaire ; Bruno Péquignot, Universitaire ; Bernard Ravenel, Historien, président d’honneur de l’AFPS ; Xavier Richet, Universitaire ; Khaled Roumo, Auteur, poète ; Shlomo Sand, Universitaire ; Dominique Vidal, Historien, journaliste ; Leïla Vignal, Universitaire ; Catherine Wihtol de Wenden, Universitaire ; Faouzia Zouari, Ecrivaine.
Dans Libération,
Août 2014
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