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Partis et partisans dans le monde arabe post-2011

N°98 – Automne 2016

Longtemps délaissés par les sciences sociales, les partis politiques dans le monde arabe suscitent depuis quelques années un regain d’intérêt. Vingt ans après un travail coordonné par Pierre-Robert Baduel sur le Maghreb dans la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée (1996), dix ans après un numéro dirigé par Myriam Catusse dans la même revue sur le Machrek (2006) il semble que l’appel à un renouveau de l’approche du fait partisan ait été entendu. Ce numéro de Confluences Méditerranée se propose de présenter quelques- uns de ces récents travaux, pour certains encore inédits, et, adoptant une perspective comparatiste, d’explorer avec eux les pistes qu’ils ouvrent quant aux recompositions politiques dans la région. En rassemblant ses auteurs autour d’un même objet, d’une même séquence historique et d’une même approche, ce numéro entend ainsi souligner l’intérêt du parti à la fois comme lieu d’observation privilégié des transformations socio-politiques que connaît le monde arabe depuis 2011, et des partisans comme acteurs de ces recompositions.

Le fait partisan n’a, jusqu’ici, pas constitué le point d’entrée principal du « Printemps arabe ». Là où l’instabilité de la période post-2011 invitait les chercheurs sur les partis à la prudence, elle constituait, pour les observateurs des recompositions politiques, une confirmation de la crise du fait partisan. Hier « déconnecté » de la société et instrumentalisé par des régimes autoritaires qui le vidaient de sa substance, le parti politique apparaissait désormais « dépassé » par de nouvelles formes de mobilisation collective ou désintégré dans des situations de guerre. Il peinerait donc à rendre compte, en tant que fait social comme en tant que niveau d’analyse, des réalités politiques dans lesquelles il s’inscrit. Pourtant, il ressort de l’approche comparatiste adoptée ici, qui explore le Printemps dans ses différentes expressions, parfois tragiques, qu’une telle entrée contribue à une meilleure compréhension du monde arabe contemporain et vient confirmer la pertinence d’une approche sociologique du fait partisan.

Dossier dirigé par:

 Robin Beaumont et Xavier Guignard

Auteurs:
Robin Beaumont et Xavier Guignard, Partis et recompositions politiques : quelques enseignements du « Printemps arabe »
Vincent Geisser et Déborah Perez, De la difficulté à « faire parti » dans la Tunisie post-Ben Ali
Laurent Bonnefoy, Yémen : des partis politiques toujours pertinents?
Clément Deshayes, Émergence de nouveaux groupes contestataires urbains et dynamiques de la semi-clandestinité au Soudan
Yohanan Benhaim et Arthur Quesnay, L’espace politique kurde dans le conflit syrien : intégration régionale et polarisation partisane
Thomas W. Hill, Hamas and the Springs of Others
Erminia Chiara Calabrese, « La cause c’est nous » : militants du Hezbollah au Liban face à la guerre en Syrie
Entretien avec Salam Kawakibi
Syrie : Une vie politique à inventer sous les bombes

Entretien avec Loulouwa Al Rachid
Irak : « la malédiction du trop-plein partisan »

Entretien avec Seif Eddine Trabelsi
« Qui fait parti trahit » : la lente émergence d’une Libye politique après la révolution

Nicolas Dot-Pouillard, De Jérusalem à Damas : les imaginaires nationalistes de la gauche jordanienne
Layla Baamara, «Un parti, ça participe!» Retour sur le repositionnement du Front des forces socialistes algérien (2011-2012)
Clément Steuer, Les libéraux face à la libéralisation du marché politique : le Wafd au défi de la concurrence

VARIATIONS
Matthieu Brun et Romain Calvary, En Arabie Saoudite, une révolution de palais synonyme de remise en cause du modèle agricole ?
Bernard Ravenel, Palestine, l’héritage oublié de Michel Rocard
Robert Bistolfi, Nice et ses musulmans : une intégration refusée ?

 

Disponible en librairies, sur Cairn et sur le site de l’Harmattan