Dans le cadre du cycle 2021 de l’Université populaire
« Révolutions et contre-révolutions en Méditerranée et au Moyen-Orient (2011-2021) »
La contestation en Irak : l’impossible révolution ?
Pays multi-ethnique et multiconfessionnel, l’Irak est le théâtre de conflits internes et d’interventions externes qui se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui. Début octobre 2019, la place Tahrir de Bagdad devient le cœur d’un important mouvement social et politique, révolutionnaire et pacifique, qui réclame le renversement du pouvoir en place. En dépit du soutien très large dans la population irakienne, une répression d’une grande violence s’abat sur les manifestants, majoritairement de jeunes chiites issus des quartiers populaires.Aujourd’hui la volonté des forces politiques de perpétuer leur pouvoir absolu sur l’État et sur l’économie ainsi que leur alliance avec les milices confisquent les aspirations de progrès du peuple irakien et ferment toute perspective de changement. Pourtant, un Irak apaisé pourrait devenir un acteur majeur d’équilibre de la région.
avec Adel Bakawan, directeur du département recherche de l’iReMMO, du Centre de sociologie de l’Irak (Université de Soran en Irak) et chercheur associé au Programme Turquie et Moyen-Orient de l’Institut français des relations internationales ainsi qu’au Centre d’analyse et d’intervention sociologiques. Il est également chargé de cours à l’Université d’Evry depuis 2011. Il a publié de nombreux ouvrages parmi lesquels Sociologie des mouvements sociaux au Kurdistan (Gazalnous, 2015), Le Nationalisme, l’islamisme et le terrorisme (Hamdi, 2010 – Irak), et L’Impossible État irakien. Les Kurdes à la recherche d’un État (L’Harmattan, 2019).
Liban : un État effondré face à une société debout
Au Liban, le 17 octobre 2019, une nouvelle taxe sur les communications de téléphonie via internet devient l’étincelle d’une explosion de mécontentements qui fait descendre des dizaines de milliers de Libanais dans les rues. La mobilisation se répand dans tout le pays. Dix jours plus tard, symbole de l’unité des Libanais, une chaîne humaine de protestation de près de 200 km se forme du nord au sud du pays, le long de la côte. Cette « révolution » exprime l’exaspération de tout un pays pour l’incurie et la corruption de la classe dirigeante. Aujourd’hui, le pays est au bord du gouffre, du fait d’une crise économique et financière très grave et d’une situation sociale qui voit la majorité des Libanais vivre sous le seuil de pauvreté et les jeunes émigrer massivement. Cette crise majeure peut-elle aboutir à l’instauration d’un même État pour tous les Libanais et d’un État civil, revendiqué par les manifestations de 2019 ?
avec Zahra Bazzi, responsable de programmes à l’Arab NGO Network for Development (ANND), un réseau régional basé à Beyrouth visant à renforcer le rôle de la société civile, promouvoir les valeurs de démocratie, le respect des droits de l’homme et le développement durable dans les pays du monde arabe.
Le Hirak algérien : vers une réforme radicale de la gouvernance du pays ?
En 2011, des manifestations contre la vie chère éclatent en Algérie et sont aussitôt réprimées. La manne pétrolière intervient pour apaiser la situation et la levée de l’État d’urgence aide à calmer le jeu. Mais le mouvement réveille surtout le traumatisme de la décennie noire de années 1990 et ne dure pas longtemps.
L’année 2019 devait être une année électorale normale. C’était sans compter avec l’annonce par le président Bouteflika, très malade, de sa candidature pour un 5e mandat, déclenchant ainsi le Hirak (le « mouvement ») avec la grande manifestation nationale du 22 février. Depuis, les Algériens et les Algériennes descendent dans la rue chaque vendredi, obstinément, pacifiquement.
Cette contestation massive, intergénérationnelle, non violente et très diversifiée a-t-elle permis de dépasser la hantise des violences des années 1990 ? Quelles sont les perspectives d’un authentique changement politique ?
Farida Souiah, docteure en science politique (Sciences Po Paris), chercheuse associée à l’iReMMO et au Lames (CNRS, Aix-Marseille Université). Parallèlement à son travail de recherche, elle a enseigné la science politique et la sociologie des migrations à Sciences Po Paris, à l’Université de Cergy-Pontoise, à l’Université Lumière Lyon 2 et à l’Université de Lausanne. Elle est également membre des comités de rédaction de « Confluences Méditerranée » et de « L’Année du Maghreb ». Ses travaux portent sur les migrations, les politiques migratoires et la contestation. Elle investit ces objets à partir de terrains menés dans des pays du Sud de la Méditerranée, plus précisément en Algérie et Tunisie, mêlant une grande variété de sources et de méthodes.
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