Samedi 26 mars 2022 – 11h30-17h30
Samedi 26 mars 2022 – 11h30-17h30
Samedi 26 mars 2022 – 11h30-17h30
Le Beyrouth d’aujourd’hui est issu d’une histoire millénaire qui a vu se succéder la plupart des civilisations du monde méditerranéen, depuis les Cananéens, à l’âge du Bronze, puis les Phéniciens, grands navigateurs et marchands, installés sur le littoral de la Méditerranée orientale dès le XIIe siècle avant notre ère. La ville connaît ensuite une période hellénistique, avant de devenir au le siècle avant notre ère une colonie romaine pendant quatre siècles. Elle passe ensuite sous domination byzantine jusqu’à la conquête arabe au VIIe siècle. Les Francs s’y installent à la faveur des croisades jusqu’au sultanat Mamelouk. Enfin, Beyrouth, capitale d’une province de l’Empire Ottoman, se trouve sous la domination turque de la «Sublime Porte» jusqu’en 1918.
Sa position géographique a fait de Beyrouth une cité très convoitée depuis l’Antiquité, jouant un rôle de pont entre Orient et Occident. Mais c’est aussi depuis ses origines que la ville a connu des séismes destructeurs, des incendies ravageurs et surtout des guerres. La ville ne cesse ainsi de se reconstruire sur un modèle d’urbanité plurielle typique de la ville ottomane, où les clochers côtoient les minarets.
Vers la fin du XXe siècle, Beyrouth est une ville méditerranéenne très ouverte et cosmopolite, dont on peut lire l’histoire complexe dans le tissu urbain, avec une juxtaposition de l’héritage ottoman, de l’architecture européenne du XIXe siècle et de constructions modernes. Mais la rupture des équilibres entre les différentes composantes de la population libanaise et les tensions croissantes produisent une radicalisation intercommunautaire.
La guerre civile éclate en 1975, faisant de Beyrouth une ville meurtrie et martyre, et accentuant davantage la séparation urbaine entre quartiers marqués par leur appartenance ethnico-confessionnelle. Son centre-ville est détruit. La reconstruction se fait sous la tutelle syrienne. On voit alors se figer la ligne de démarcation entre quartiers chrétiens à l’est et quartiers musulmans à l’ouest. A cela s’ajoute le bombardement par Israël des quartiers palestiniens et de certains quartiers populaires. Les mémoires historique et individuelle de la vie des quartiers sont détruites.
Le centre-ville est aussi un enjeu majeur en raison de son rôle d’espace de mixité, de passage et d’échanges. Or, la reconstruction du centre-ville après la guerre civile, confiée à Solidere, société foncière privée à but spéculatif, a rendu cet espace sans âme et méconnaissable, l’hyper-financiarisation effaçant sa mixité sociale et rendant inaccessible toute aspiration à la réconciliation. La mémoire de la ville a ainsi été abolie beaucoup plus par la reconstruction que par la guerre.
Mais Beyrouth incarne aussi depuis les années 1960 la capitale arabe de la culture et de l’art de vivre. Celle-ci doit encore renaître de ses ruines après l’explosion du port, nouvelle tragédie venue frapper la ville le 4 aout 2020. La vitalité extraordinaire et la créativité remarquable des Beyrouthin(e)s vont-elles permettre de surmonter cette nouvelle catastrophe?
« Beyrouth, jamais plus » (Documentaire, 1976, couleur, Liban, 16/35 mm, 35 min. Réalisation : Jocelyne Saab, commentaire : Etel Adnan)
En 1976, la ville de Beyrouth connaît le début de son calvaire. Avec les yeux de son enfance, la réalisatrice suit six mois durant, au jour le jour, la dégradation des murs. Tous les matins, entre six et dix heures du matin, elle arpente Beyrouth à l’heure où les miliciens des deux bords se reposent de leurs nuits de combats.
« A breath into a hole« , Charbel Samuel Aoun (2021, 21 min)