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Israël-Gaza: «La communauté internationale a abandonné ce conflit depuis des années»

La guerre a ressurgi en Israël et à Gaza, après l’offensive inédite lancée par le Hamas samedi 7 octobre. Les forces israéliennes ont riposté et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a évoqué une guerre « longue et difficile » contre le mouvement islamiste palestinien, tandis que les condamnations se multiplient à l’international.

La politologue Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de Recherche et d’Etudes Méditerrané Moyen-Orient (Iremmo), déplore, auprès de « l’Obs », « un effet de déstabilisation dans une région déjà déstabilisée ».

Pourquoi le Hamas s’est-il lancé dans une offensive d’une telle envergure ?

Agnès Levallois Il me semble que le but de l’offensive du Hamas est de s’imposer dans le jeu politique comme un interlocuteur palestinien majeur face à une Autorité palestinienne, incarnée par Mahmoud Abbas, complètement délégitimée.

Elle s’inscrit aussi dans une réaction à ces normalisations [par le biais des accords d’Abrahama en 2020] des relations entre Israël et les Emirats arabes unis, le Maroc, le Soudan… Ça fait des mois qu’on parle d’une possible normalisation avec l’Arabie saoudite, c’est un gros morceau pour les Palestiniens. C’est une façon pour le Hamas de dire aux Israéliens et aux Saoudiens que s’il y a une normalisation, elle doit tenir compte des revendications palestiniennes, il doit y avoir des garanties sérieuses – ce qui n’a pas vraiment été le cas dans les discussions avec les Emirats ou le Maroc par exemple.

Quel impact cette offensive peut avoir sur les processus de normalisation d’Israël avec d’autres pays ?

Pour l’Arabie saoudite, cela peut vraiment retarder le processus : il semble impossible, du point de vue de l’opinion publique saoudienne, d’avancer dans ce contexte-là, et les réactions des Saoudiens appellent déjà à une désescalade. Pour les Etats qui ont déjà signé pour s’engager dans de nouvelles relations, comme les Emirats et le Maroc, cela va les mettre dans une situation délicate. Ces accords n’auront sans doute plus de réelle existence – même si, à part des visites entre les pays, c’était déjà un peu le cas. C’est le Hamas qui a lancé l’opération, mais la riposte israélienne risque d’être terrible.

Comment cette guerre peut-elle bousculer la situation de la région ?

Le Hezbollah est déjà entré dans la danse : des roquettes sont parties du sud du Liban et Israël a déjà riposté. Jusque-là, le Hezbollah [milice chiite soutenue par l’Iran] est le seul acteur régional qui défend ouvertement les Palestiniens. Le conflit peut légitimer leur discours vis-à-vis de la défense de la cause palestinienne, abandonnée par les autres acteurs sunnites arabes, et donner de la vigueur à la résistance incarnée par le Hezbollah. Mais cela risque aussi de déstabiliser le Liban.

ÉDITO

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L’émergence de la Syrie en tant que narco-État fait d’elle aujourd’hui, selon de nombreux observateurs, le plus grand narco-État du monde. Un titre qui, bien loin des stéréotypes sud-américains, trouve ses origines en plein cœur du Levant. Avec la production et le trafic de captagon, le régime d’Assad s’est taillé un empire financier parallèle et puissant, répondant à la fois à ses propres besoins économiques et à ses ambitions diplomatiques dans la région. Mais comment la Syrie, un État ruiné par une décennie de guerre, a-t-elle pu bâtir une telle industrie et quelles en sont les conséquences régionales et internationales?

De Mohamed-Nour Hayed

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