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Frontière sud de Gaza: les atermoiements de l’Égypte

On parle d’un poste frontière important, il s’agit là du seul point de passage qui n’est pas contrôlé par les israéliens. C’est un point de passage qui est contrôlé à la fois par les égyptiens de leur côté et par le hamas du côté palestinien. À part ce point de passage, il y a celui d’Erez qui se trouve dans le nord de la bande de Gaza. Le point de passage de Rafah se trouve dans le sud. Il y a effectivement un troisième point de passage, celui de Karem Abu Salem. 

Erez et Karem Abu Salem sont fermés depuis le 7 octobre. Rafah a été fermé à cause des bombardements israéliens à partir de lundi dernier. Il s’agit là d’un point stratégique pour les Égyptiens et pour les citoyens de la bande de Gaza.

Si le point d’Erez permet d’aller vers Israël, celui de Rafah permet d’aller vers l’Égypte et c’est la seule sortie des Palestiniens de la bande de Gaza vers le monde. Et depuis, notamment le blocus qui est imposé sur la bande de Gaza depuis 2007, c’est la seule sortie. Il faut aussi noter qu’il s’agit d’un point de passage difficile. Il n’est pas ouvert de façon permanente, depuis le coup de force du hamas en 2007 et la prise de la bande de Gaza. Historiquement, le Hamas n’a pas de très bonnes relations avec l’Égypte, ce qui complique la vie quotidienne des Palestiniens. C’est un levier également pour l’Égypte, dans ses négociations, dans sa médiation entre les Palestiniens et les Israéliens et puis sur les différents dossiers inter-palestiniens.

Je pense que face à la situation actuelle, on parle de 3000 Palestiniens tués par les bombardements israéliens, on parle de 1000 blessés palestiniens, on parle également de 45 familles qui ont été rayées des registres civils, plus de 1,2 millions de déplacés. Il s’agit là, d’une crise humanitaire inédite selon l’OMS. On peut le voir à partir des images qui nous arrivent depuis la bande de Gaza et du nombre de civils qui sont tués. Cette image des Palestiniens qui s’enfuient vers le sud ravive le spectre d’une nouvelle Nakba.

La Nakba, c’est 750 000 Palestiniens qui ont été exilés, on parle d’un exil forcé en 1948. C’est au moment de l’établissement de l’État d’Israël. Donc là, il y a trois choses qui se passent, on parle d’abord d’une ouverture totale, inconditionnelle et là ce n’est pas possible pour les Égyptiens. Pour le régime égyptien, il s’agirait là d’une élimination de la cause palestinienne. On parlerait plus d’une prise en charge, une responsabilité qui ne serait pas celle de l’Égypte. Israël est la force d’occupation dans les territoires palestiniens, et donc, c’est la responsabilité d’Israël de prendre en charge les civils et de prendre en charge les coûts de cette occupation. Ce n’est pas à l’Égypte de les prendre en charge.

Il ne s’agit pas seulement de coûts financiers mais également politiques, il faut savoir qu’Israël sous-traite la sécurité et d’autres questions politiques en Cisjordanie à l’Autorité palestinienne. On parle aussi d’une question de sécurité nationale pour l’Égypte, il ne faut pas oublier ce paramètre. On a parlé aussi d’une ouverture partielle, et vous avez mentionné l’aide internationale à ce sujet. Alors, l’Égypte a conditionné cette ouverture à l’entrée de l’aide humanitaire, contre la sortie la sortie de la bande de Gaza via le passage de Rafah des ressortissants étrangers ainsi que d’à peu près 500 Palestiniens bi-nationaux. Pour l’instant Israël refuse cette option.

Ce qu’il faut savoir aussi c’est que ce n’est pas la solution pour les États arabes et notamment pour l’Égypte. Quand on suggère un corridor humanitaire, on demande l’évacuation du nord vers le sud. Il faut aussi savoir que ces civils qui ont décidé d’obéir aux ordres israéliens ont été bombardés sur les routes. Il y a des peines collectives qui sont infligées à la population de Gaza et dire ou bien le Hamas se rend ou bien on va continuer à bombarder les civils de Gaza, il s’agit là d’une violation flagrante du droit international. Aussi, il faut savoir que cette sortie de la bande de Gaza, de passer du passage de Rafah vers le Sinaï, implique un non-retour. C’est ce qui est redouté, et l’histoire parlera à la place de ces prévisions. Quand on regarde la Syrie, le Liban, la Jordanie, tous ces Palestiniens là ne sont jamais retournés en Palestine.

Les relations entre l’Égypte et le Hamas ne sont pas stables et ne sont pas connues pour être bonnes non plus. Ces tensions ne datent pas de 2013, mais ont toujours existé. Il faut savoir que le Hamas va à l’encontre de cette doctrine anti-islamique de l’État Égyptien.

Dima Alsajdeya,  Chercheuse à la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France

ÉDITO

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Vers un printemps démocratique arabe ?

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L’effondrement du régime de Zine El-Abidine Ben Ali, au terme de plus de 23 années d’un pouvoir sans partage, restera dans les annales comme l’un des bouleversements majeurs de l’histoire arabe récente. Et déjà, une même question brûle toutes les lèvres : la « Révolution de jasmin » entraînera-t-elle dans son sillage un « printemps démocratique arabe », de l’Afrique du Nord jusqu’au Golfe, en passant par le Moyen-Orient ? La chute brutale et inattendue du diktat de Tunis, considéré pourtant comme l’un des systèmes autoritaires les plus résilients dans la région, n’est pas sans susciter la peur de nombreuses capitales arabes, inquiètes que cette vague démocratique se propage à leurs sociétés, selon un « effet domino » comparable à celui qui avait précipité la fin de l’Union soviétique dans les années 1990.

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