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Explosions au Liban, stratégie d’Israël, diplomatie au Proche-Orient

Après les deux attaques massives et coordonnées menées contre des membres du Hezbollah au Liban, qui ont fait au moins 32 morts et plus de 3200 blessés mardi et mercredi, avec des bipeurs et des talkies-walkies piégés, « une guerre s’installe pour une durée indéterminée au Proche-Orient » estime Jean-Paul Chagnollaud.

Faille sécuritaire du Hezbollah

Les répercussions de l’opération sur le terrain ont été conséquentes. Les rapports font état d’un grand nombre de victimes, dont des civils, ainsi que des centaines de blessés graves. Cette situation a exacerbé les tensions au sein du Hezbollah, dont les capacités opérationnelles ont été sévèrement compromises. Malgré ses efforts pour éviter la surveillance, en utilisant des moyens de communication comme les bipeurs pour contourner les écoutes électroniques, le Hezbollah a vu ses systèmes de sécurité et de communication gravement affectés. Cette opération qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie globale d’Israël a mis en lumière des failles dans la capacité du Hezbollah à protéger ses membres et ses infrastructures, révélant des vulnérabilités qui pourraient être exploitées dans les opérations futures.

Promesse de vengeance

L’opération a eu des implications significatives sur la région notamment pour l’Iran. Étant en liaison régulière et constante avec le Hezbollah par le biais d’un de ces bipeurs, l’ambassadeur d’Iran à Beyrouth a été blessé au cours de cette attaque. L’Iran, qui soutient financièrement et militairement le Hezbollah, y voit une provocation directe. Désormais un cessez-le-feu est très peu probable. Nous sommes dans une nouvelle phase de la guerre, l’opération pourrait entraîner une extension du conflit vers le nord, touchant non seulement Gaza et la Cisjordanie, mais aussi le Liban. Le Hezbollah, dirigé par Hassan Nasrallah, a répondu par des menaces de représailles, ce qui a accentué les craintes d’une escalade régionale avec des retombées potentiellement graves pour la stabilité du Liban et du Moyen-Orient dans son ensemble.

Relations Israël-États-Unis

Les seuls à pouvoir agir sont les Américains. Le soutien continu des États-Unis à Israël, malgré les appels croissants de la communauté internationale pour une cessation des hostilités, joue un rôle crucial dans la dynamique actuelle. L’administration Biden, tout en exprimant des préoccupations humanitaires face à l’escalade de la violence, maintient un soutien militaire substantiel à Israël. Ce soutien est motivé par des intérêts stratégiques à long terme et des alliances politiques solides, ainsi que par les dynamiques internes américaines. Les élections à venir pourraient influencer la politique étrangère des États-Unis.

Réactions des États arabes

Il ne faut rien attendre des pays arabes pour la simple raison qu’ils jouent leurs intérêts nationaux. Avant que ne survienne le 7 octobre, Israël et certains pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc) s’étaient engagés dans un processus de normalisation, ce, au détriment de la question palestinienne. En janvier 2023 les pourparlers avec l’Arabie Saoudite étaient très avancés, mais à la suite du 7 octobre, MBS a affirmé que son pays n’établirait pas de relations diplomatiques avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Quid de la justice internationale ?

Le procureur de la Cour Pénale Internationale a demandé à la chambre préliminaire de lancer des mandats d’arrêts contre les responsables du Hamas (Sinwar, Haniyeh…) mais aussi contre le ministre de la Défense israélien Galant, et Netanyahou. Les procédures ont été retardées, notamment par les Britanniques (avant le changement de gouvernement). Néanmoins, si la chambre prend cette décision cela rappellera l’importance du droit humanitaire qui est aujourd’hui violé. La Cour Internationale de Justice a mentionné très clairement que l’occupation et la colonisation était illicite au regard du droit international. Malheureusement le juridique est marginalisé, et le politique tend à être oublié, tandis qu’aujourd’hui le rapport de force prend de l’importance. Par ailleurs, les discussions prévues au Conseil de sécurité de l’ONU, bien que cruciales, pourraient avoir un impact limité en raison de la difficulté à parvenir à des consensus internationaux efficaces. Les réponses des acteurs régionaux et internationaux, y compris les actions militaires, les interventions humanitaires et les efforts diplomatiques, seront déterminantes pour l’évolution de la situation. L’incapacité de la communauté internationale à imposer des solutions concrètes pourrait prolonger les conflits et aggraver les conditions sur le terrain.

Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO.

ÉDITO

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