Ignorance des avertissements et ambitions de Nétanyahou
En 2003, George W. Bush annonçait prématurément la victoire en Irak, entraînant une tragédie prolongée. En 2023, Joe Biden avertit Benyamin Nétanyahou de ne pas répéter les mêmes erreurs après les attaques du Hamas du 7 octobre. Cependant, Nétanyahou poursuit une guerre totale, visant non seulement à éradiquer le Hamas, mais aussi à éliminer la question palestinienne dans son ensemble, y compris des institutions comme l’UNRWA. Il cherche également à dominer le Liban pour contrôler son territoire jusqu’au fleuve Litani.
Quand il prétend vouloir éradiquer le Hamas, il veut en réalité liquider la question palestinienne dans toutes ses dimensions, y compris l'UNRWA [Office de l'ONU d'aide aux réfugiés de Palestine, que l’exécutif israélien accuse de connivence avec le Hamas]. Quand il prétend en finir avec le Hezbollah pour permettre à 8 000 israéliens de rentrer chez eux dans le Nord, il veut en fait imposer une domination sans partage sur le Liban pour contrôler, d'une manière ou d'une autre, son territoire de la frontière au Lituani. Pour arriver à ses fins, il ne conçoit qu'un moyen, un seul, le recours à la force, sans aucune limite, avec un mépris absolu pour les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU comme pour le droit international humanitaire. Dans cette logique aucune place n'est laissée à la diplomatie même pour tenter de faire libérer les otages dont il n'a jamais fait une priorité. Netanyahou a refusé le cessez-le-feu à Gaza comme il vient de récuser d'un revers de main la proposition franco-américaine d'une trêve au Liban.
Usage illimité de la force et mépris du droit international
Pour atteindre ses objectifs, Nétanyahou recourt à une force sans limites, ignorant les résolutions de l’ONU et le droit international humanitaire. Il rejette toute initiative diplomatique, y compris pour la libération des otages, et refuse les propositions de cessez-le-feu ou de trêve. Soutenu par des alliés occidentaux qui ne le contrarieront pas pour des raisons politiques internes, il profite d’une Europe désunie pour poursuivre ses actions.
Catastrophes humanitaires à Gaza et au Liban
La guerre a provoqué une catastrophe humanitaire majeure. À Gaza, deux millions de personnes sont dans le dénuement total après la destruction massive des infrastructures, des habitations et des institutions éducatives, privant la jeunesse de tout avenir. Au Liban, déjà en proie à une crise économique et sociale sévère, les bombardements et le déplacement forcé d’un million de personnes menacent de déstabiliser le pays durablement.
Escalade du conflit et nécessité d’une intervention internationale
En Cisjordanie, la colonisation s’intensifie, s’accompagnant de violences impunies contre les Palestiniens. Le risque d’un chaos grandiose qui s’étendrait aux pays voisins est imminent si rien n’est fait pour stopper l’escalade. Il est urgent que la communauté internationale intervienne pour réaffirmer la primauté du droit international et œuvrer en faveur d’une résolution pacifique du conflit.
Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO.