« La visite mardi à proximité de Gaza a sans doute été un accélérateur dans le processus de reconnaissance », reconnaît le professeur Jean-Paul Chagnollaud. « Cette idée est dans les tuyaux depuis plusieurs mois. Il a senti que le moment était enfin venu ». L’annonce est faite dans un contexte d’intensification des frappes israéliennes à la suite du cessez-le-feu annoncé en janvier 2025, qui a permis la libération de nombreux otages israéliens et de prisonniers palestiniens. En Israël, les manifestations contre le gouvernement Netanyahu et la guerre à Gaza se poursuivent.
La reconnaissance officielle pourrait survenir à l’occasion d’une conférence (sur la solution à deux États) à New York en juin, que la France coprésidera avec l’Arabie saoudite. « Il semble qu’un processus est enclenché avec l’Arabie saoudite pour sortir politiquement du conflit avec une solution à deux Etats, pointe Jean-Paul Chagnollaud. Car si on veut aller vers une solution à deux états, il faut reconnaître la Palestine ».
Reconnaissance symbolique ou politique ? Pour Jean-Paul Chagnollaud, cela ne fait pas de doute : « Elle est éminemment politique. Cette décision fait date. Elle montre que la solution au conflit ne peut être résolue que par une décision politique. Mais pour être efficace, elle doit être accompagnée. Cela passe par un renforcement de l’autorité palestinienne qui est actuellement très fragile et par la mise en place d’élections ».
La reconnaissance de la Palestine entraîne le respect de l’intégrité territoriale d’un Etat. Or, la Cisjordanie est victime d’une annexion de son territoire par les colons israéliens. Pour l’ONU, les colonies israéliennes sont illégales au regard du droit international. Depuis 2024, elle considère même les colonies illégales comme relevant du crime de guerre. « Macron va reconnaître l’existence de la Palestine alors qu’une annexion est en cours, souligne Jean-Paul Chagnollaud. C’est un enjeu très important. Il faut rappeler que la déportation et l’annexion sont inacceptables. Nous allons assister à un véritable bras de fer politique ».
Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO.