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Netanyahu prêt à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza?

Netanyahou peut refuser n’importe quoi à n’importe qui, il l’a déjà prouvé. Mais c’est vrai que dans la configuration actuelle, il a peut-être intérêt à faire un geste. Mais cette idée de cessez-le-feu, il faut voir son contenu, c’est-à-dire qu’il est bien possible effectivement qu’il y ait un cessez le feu. Mais qu’est-ce qu’il y a après ? Quand je dis après ce n’est pas dans 6 mois ou dans 3 mois, mais quel est son contenu ? C’est ça la vraie question. Est-ce qu’on va par exemple promettre l’aide médicale alimentaire qui fait cruellement défaut, que les Nations unies réclament depuis maintenant des semaines et des semaines que les ONG réclament aussi ? Je vais vous montrer quelque chose. Savez ce que c’est que ça ? {Jean-Paul Chagnollaud montre une feuille) C’est une résolution du Conseil de sécurité. Cette résolution du Conseil de sécurité, elle date d’il y a un an exactement, le 20 juin 2024. Et vous avez tous les cadres qui permettraient de sortir du conflit. Or on a oublié cette résolution. Je la sors un peu comme une sorte de vieux chiffon maintenant, parce que le Conseil de sécurité a été marginalisé. Et ce dont on parle ça se passe à Washington, ça ne se passe pas à New York, alors que précisément ça devrait se passer au conseil de sécurité qui a malheureusement disparu.

On est très loin d'une perspective politique.

Non, seulement ça ne s’arrête pas {les morts Palestiniens}, mais il faut quand même rappeler qu’il y avait un cessez le feu à partir de janvier et février mais qu’il a été remis en question. La première phase était l’idée que les Palestiniens pouvaient rentrer chez eux aujourd’hui, mais aujourd’hui ça n’a plus de sens parce qu’il n’y a plus de chez eux. Tout a été détruit, la ville de Rafah en particulier. Et puis quand on regarde encore ce texte, parce qu’il faut quand même, on voit que c’est du droit international. C’était produit par le Conseil de sécurité. Il y avait l’idée, dans la phase 2, d’un retrait total des troupes israéliennes et on voit bien que, quand on entend Itamar Ben Gvir, l’orientation principale, c’est la continuation de cette guerre. Le ministre essaie de continuer cette guerre de façon à écraser la population palestinienne et faire en sorte que, pour reprendre les formules qui sont d’un euphémisme très douteux, « l’exil volontaire », c’est les pousser à partir. Et une déclaration aussi d’un autre ministre Bezalel Smotrich, qui parlait de créer ce qu’il appelle des villes humanitaires, c’est à dire en fait une sorte de camp de concentration. Donc voilà l’alimentation de ce gouvernement actuel tenu par cette coalition en dernière instance, par cette extrême droite. On est très loin d’une perspective politique.

Concernant un possible cessez-le-feu, il faut se demander ce qu'il va y avoir après un cessez-le-feu de 60 jours ? Car je vous rappelle qu'il y a eu un cessez le feu en janvier, février et qu’Israël a balayé la 2e phase.

Je crois qu’une chose est extrêmement claire, c’est que les familles d’otages demandent évidemment la libération des otages et ils ont bien compris depuis longtemps que c’était pas une priorité pour Netanyahou et que par conséquent il fallait un cessez le feu. Et ça c’est tout à fait important. Évidemment ils l’ont dit depuis des semaines et des mois, et la guerre s’est arrêtée pendant quelques temps. Mais en même temps la population israélienne, en tout cas la population juive israélienne, parce que il ne faut pas oublier qu’il y a des Palestiniens citoyens et qui n’ont pas la même posture, eh bien eux demandent au fond, du moins ils soutiennent cette politique d’écrasement de Gaza. Il y a eu des sondages, alors il faut se méfier des sondages parce que c’est un moment et c’est en pleine évolution, mais ils sont tout de même derrière Netanyahu aussi pour cette guerre qu’il appelle lui-même une guerre totale. Et ce qu’on vient de voir tout à l’heure, je reviens à ce discours de Ben Gvir et des autres, c’est évidemment aller vraiment très loin. C’est à dire essayer de faire partir le maximum de personnes de Gaza. J’ajouterai un point quand même que qu’on distingue toujours entre Netanyahu et l’extrême droite, or ils ne sont pas si éloignés que ça. Sur le plan politique, les perspectives sont au moins les mêmes sur : on ne veut pas l’État palestinien. Et on veut la colonisation à outrance sur ces territoires. La population israélienne, si on regarde les derniers sondages, on voit qu’il y a une large majorité des Israéliens qui sont pour un accord, vers un cessez-le-feu pour l’arrêt de la guerre. Alors effectivement, pour la plupart, c’est surtout la question des otages qui les préoccupe le plus. Mais que non seulement les otages mais en plus le fait qu’il y ait des pertes de soldats depuis longtemps et de plus en plus lourds, le mois de juin 2025 était le plus meurtrier pour l’armée israélienne.

Concernant un possible cessez-le-feu, il faut se demander ce qu’il va y avoir après un cessez-le-feu de 60 jours ? Car je vous rappelle qu’il y a eu un cessez le feu en janvier, février et qu’Israël a balayé la 2e phase. Pourquoi elle a balayé la 2e phase ? Parce que ça conduisait vers un chemin qui était notamment le retrait des troupes israéliennes, ce dont ils ne veulent pas. Il y aura probablement un cessez-le-feu. Encore qu’ on ne peut jamais savoir, mais c’est possible. Mais ensuite, rien n’est réglé puisque la perspective de ce gouvernement, ça reste tout de même de rester à Gaza sous une forme ou sous une autre, d’occuper ce territoire. Et ça, évidemment, ça, ça conduit à une impasse complète, évidemment.

Jean-Paul Chagnollaud, président d’honneur de l’iReMMO.

ÉDITO

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La Turquie aux avant-postes à Charm el-Cheikh

Alors qu’en Turquie le cours de l’euro est en passe de franchir le seuil fatidique des 50 livres, que l’inflation est repartie à la hausse et que l’on se demande qui sera le prochain maire CHP arrêté, Recep Tayyip Erdoğan s’emploie à faire oublier une conjoncture intérieure plutôt sombre, en faisant feu de tout bois sur le plan international. Grande bénéficiaire de la chute du régime de Bachar al-Assad à la fin de l’année 2024, la Turquie a joué, en effet, en cet automne 2025, un rôle remarqué dans la conclusion de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, en particulier lors du sommet de Charm el-Cheikh. Retour sur cette implication et ses perspectives…

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

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Le développement, réel défi pour la Tunisie contemporaine.

Barah Mikaïl, 29 avril 2011
La tempête qui souffle sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient connaît une issue pour le moins incertaine. Cependant, une idée convenue consiste le plus souvent à voir dans la Tunisie le cas d’un pays à même de consacrer l’idée d’une transition exemplaire vers la démocratie. Le tribalisme et le communautarisme y sont en effet quasi-inexistants ; la notion et le concept d’unité nationale n’y posent aucun problème, l’indépendance du pays ayant été obtenue en 1956 au nom d’une nation qui existait réellement ; la nécessité de se consacrer à une ère post-Ben Ali qui fasse entièrement fi du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et de ses affidés est quant à elle une idée partagée par l’ensemble de la population ou presque. A priori, peu d’entraves devraient donc se hisser sur la route qui va mener les Tunisiens à l’élection d’une Assemblée constituante le 24 juillet prochain.

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Lettre d’information de l’iReMMO