La recrudescence des violences en Cisjordanie occupée ces dernières semaines s’inscrit dans un contexte de tensions structurelles qui n’a cessé de s’aggraver depuis plusieurs années, avec une véritable flambée observée depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023. Selon les Nations unies et diverses organisations internationales, le nombre d’attaques commises par des colons israéliens – souvent jeunes et liés à des organisations religieuses – a fortement augmenté, atteignant un niveau record, avec notamment 264 attaques recensées en octobre, soit le bilan le plus élevé de ces deux dernières décennies.
La situation est exacerbée par l’impunité généralisée dont bénéficient les colons auteurs de violences. Très peu d’entre eux sont poursuivis par les autorités israéliennes, tandis qu’une répression sévère vise les Palestiniens lors de la moindre intervention de leur part, avec près de 1000 victimes palestiniennes tuées en deux ans selon l’ONU. Cette impunité se manifeste malgré des condamnations publiques ponctuelles et des promesses de réponses fermes de la part de responsables israéliens, mais sans effet concret sur le terrain, car la colonisation reste une politique d’État soutenue par le gouvernement et l’armée.
Le fragile cessez-le-feu à Gaza donne l’illusion d’une possible amélioration, mais en réalité, il occulte la situation en Cisjordanie, qui est ignorée dans les plans politiques comme celui de l’administration Trump, favorisant la poursuite de la colonisation. Les colons les plus déterminés disposent ainsi d’une marge d’action presque totale. La colonisation progresse via des projets gouvernementaux majeurs, comme le projet E1 entre Jérusalem et Ma’aleh Adumim, susceptible de couper en deux la Cisjordanie, et approuvé récemment par l’administration Trump et le ministère israélien de la Défense, malgré l’opposition de la communauté internationale.
Aujourd'hui, on a le sentiment que tout pourrait aller mieux à Gaza, ce qui est évidemment une illusion absolue. Le cessez-le-feu est fragile et l'avenir est pour le moins incertain. Mais en tout cas, on oublie complètement la Cisjordanie.
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Parallèlement, la société israélienne connaît une radicalisation continue, matérialisée par des projets de loi visant à rétablir la peine de mort pour des terroristes, qui cibleraient essentiellement les Palestiniens. La minorité pacifiste qui subsiste, avec des organisations comme Peace Now, tente encore de se mobiliser, mais fait face à une répression systématique et reste marginalisée. La politique globale israélienne continue ainsi de permettre la violence des colons.
Face à cette escalade, de nombreux gouvernements et instances internationales condamnent vigoureusement la violence des colons et l’expansion des colonies, soulignant que ces actes compromettent les perspectives de paix et la création d’un futur État palestinien viable. Malgré cela, les violences, le vandalisme et les agressions physiques contre les Palestiniens persistent, y compris des attaques contre des sites religieux et des infrastructures agricoles et commerciales, souvent en présence des forces israéliennes qui interviennent rarement.
En résumé, la flambée de violences en Cisjordanie occupée est le résultat d’une impunité persistante, d’une politique de colonisation soutenue par le gouvernement israélien, et d’une contestation insuffisante sur le plan intérieur et international. La situation reste très préoccupante, tant du point de vue des droits humains que de la viabilité d’une solution politique globale au conflit.
Jean-Paul Chagnollaud