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Mahmoud Abbas reçu à l’Élysée

La reconnaissance de l’État de Palestine par la France confère une portée particulière à la présence de Mahmoud Abbas à Paris. D’un point de vue constitutionnel, il ne dirige pas un État pleinement souverain, mais il reste le président de l’Autorité palestinienne, seule structure issue des accords d’Oslo encore reconnue sur le plan international. En le recevant comme représentant palestinien, l’Élysée assume un geste à forte valeur symbolique: affirmer qu’un État de Palestine existe désormais au moins sur le plan juridique, malgré l’opposition persistante des États-Unis et d’Israël. Pour Paris, il s’agit de sceller une position diplomatique devenue indispensable dans un contexte particulièrement incertain.

Deux orientations s’affrontent aujourd’hui quant à la suite du conflit. La première, portée par les États-Unis et soutenue par Israël, se limite à la gestion de Gaza : instaurer une gouvernance minimaliste, permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, enclencher la reconstruction. Une approche indispensable mais qui contourne la question politique. La Cisjordanie, le statut final des territoires palestiniens et la perspective d’un État restent en marge. Le risque est de figer la situation dans un provisoire qui durerait encore des années, sans horizon de solution.

La seconde voie, celle que défend la France, s’inscrit dans la Déclaration de New York signée par 142 États. Elle insiste sur la nécessité de transformer la tragédie de Gaza en point de départ vers un règlement politique. Cela implique une gouvernance transitoire qui ne concerne pas seulement Gaza, mais l’ensemble des territoires palestiniens, avec pour objectif de préparer l’émergence d’un véritable État. Au cœur de cette approche se trouve une idée simple : aucun avenir durable ne pourra être construit sans une participation active des Palestiniens eux-mêmes. C’est précisément le message qu’entend transmettre Paris en recevant Mahmoud Abbas.

Ce choix repose toutefois sur un paradoxe. L’Autorité palestinienne, censée incarner la structure de transition menant à un État, a été considérablement affaiblie. Issue d’un accord provisoire censé durer quelques années, elle évolue depuis plus de vingt-cinq ans sous occupation, sans avancée politique majeure. Privée d’élections, minée par la perte de crédibilité de ses dirigeants, elle apparaît largement dévitalisée. Pourtant, elle demeure la seule instance à exister juridiquement. La France en tire une conclusion : il faut repartir de cette base, mais en la réformant profondément et en rétablissant un processus démocratique.

Pour Paris, c’est aux Palestiniens, et à eux seuls, de déterminer leur leadership. Le nom de Marwan Barghouti revient d’ailleurs avec insistance. Malgré sa détention depuis 2002, il reste une figure largement soutenue par la population, également chez les jeunes. Plusieurs sondages montrent qu’il aurait pu l’emporter lors des élections annulées par Mahmoud Abbas il y a trois ans. Son éventuelle libération, que certains États encouragent et que d’autres rejettent catégoriquement, pourrait rebattre les cartes au sein d’un paysage politique fragmenté.

La France propose une transition de douze à dix-huit mois pour reconstruire une gouvernance palestinienne légitime, organiser des élections et réformer l’Autorité palestinienne. Une condition jugée indispensable pour que les Palestiniens puissent occuper une place centrale dans la gestion future de Gaza comme dans la préparation d’un véritable État. Sans cette dynamique, la région risque de s’enfoncer dans une impasse politique et sécuritaire déjà largement perceptible.

En posant ce cadre, Paris entend s’écarter de la stratégie américaine, jugée trop étroite, et défendre l’idée qu’un règlement durable ne peut émerger que d’un processus politique assumé. Une ambition qui reste fragile, mais qui pourrait, pour la première fois depuis longtemps, redonner aux Palestiniens la possibilité de reconstruire leurs institutions et de réinvestir leur avenir politique.

Jean-Paul Chagnollaud

ÉDITO

ÉDITO

Annulation du colloque « La Palestine et l’Europe »: une « grave atteinte aux libertés académiques »

10 novembre 2025

Un important colloque «La Palestine et l’Europe: poids du passé et dynamiques contemporaines» devait avoir lieu au Collège de France en collaboration avec le Carep. Sur pression du ministre de l’enseignement supérieur, répondant à des injonctions de la Licra, l’administrateur du Collège s’est vu dans l’obligation  de l’annuler. L’iReMMO dénonce une telle décision qui porte gravement atteinte aux libertés académiques les plus fondamentales.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Les élections législatives de 2012 en Aglérie

Paul Balta, 24 mai 2012
Pour la première fois depuis 20 ans, dans l’histoire de l’Algérie indépendante, les élections législatives du 10 mai 2012 se sont déroulées dans dans des conditions correctes, reconnues par plusieurs partis politiques. L’Algérie a invité environ 500 observateurs étrangers pour superviser le scrutin, dont 200 de l’Union africaine (UA), 150 de l’Union européenne (UE), 132 de la Ligue arabe (AL), 20 de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), 10 de l’ONU, 9 de l’Organisation non gouvernementale National démocratic institute (NDI), et 2 indépendants.
Ban Kimoun, Secrétaire général de l’ONU a déclaré :« Je félicite le peuple et le gouvernement algériens pour le déroulement pacifique de l’élection, le 10 mai, de l’Assemblée populaire nationale et salue la représentation accrue des femmes au sein de la nouvelle Assemblée ».

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Lettre d’information de l’iReMMO