Dès la conférence de paix à Paris, après la Première Guerre mondiale, la délégation sioniste amenée par Chaim Weizmann avait revendiqué un territoire pour le futur État juif qui épousait l’entièreté du bassin du Jourdain. Ceci en dit long de l’idée originelle d’une souveraineté politique indexée sur la ressource en eau. Certes, à la suite de cette conférence, Anglais et Français, auxquels des mandats furent octroyés dans la région, avaient contenu ce dessein territorial : la création du Liban au nord ôtait le Litani et le Hasbani du projet de Weizmann, la création de la Syrie au nord-est amputait les eaux du Golan et la création de la Transjordanie à l’est accordait à celle-ci les affluents orientaux du Jourdain. Dans ce qui restait de la revendication de Weizmann, autrement dit la Palestine, sous mandat britannique, les juifs devaient se partager l’eau avec les Palestiniens. Mais, dans les faits, le dessein de Weizmann s’est progressivement réalisé, et ce par la force. Après la guerre des Six- Jours, en 1967, les aquifères de Cisjordanie sont passés sous contrôle strict d’Israël, le Golan a été pris à la Syrie avant son annexion en 1981, tandis que les eaux du Liban du Sud ont été tenues à l’écart des projets hydrauliques libanais du fait de l’occupation par Israël de 1978 à 2000, puis de sa stratégie de dissuasion pour tout projet sur ces mêmes eaux : en 2002, alors que le Liban voulait exploiter ses eaux du Sud pour établir une agriculture en capacité de nourrir les populations et les y fixer, Ariel Sharon a menacé de réoccuper cet espace. Rien n’a été permis ensuite. Au Liban, comme dans tout son voisinage, Israël est ainsi consacré puissance hydro-hégémonique tant il a poussé au maximum son avantage hydrique.
Annulation du colloque « La Palestine et l’Europe »: une « grave atteinte aux libertés académiques »
10 novembre 2025
Un important colloque «La Palestine et l’Europe: poids du passé et dynamiques contemporaines» devait avoir lieu au Collège de France en collaboration avec le Carep. Sur pression du ministre de l’enseignement supérieur, répondant à des injonctions de la Licra, l’administrateur du Collège s’est vu dans l’obligation de l’annuler. L’iReMMO dénonce une telle décision qui porte gravement atteinte aux libertés académiques les plus fondamentales.