Mardi 18 décembre 2012
Rencontre avec:
Charlotte Velut, journaliste basée au Yémen
Franck Mermier, directeur de recherche au CNRS
Laurent Bonnefoy, responsable de l’antenne IFPO dans les territoires palestiniens
Marine Poirier, doctorante en sciences-politiques
Présentation de l’éditeur
Que sait-on du Yémen ? À l’instar de l’Égypte, la Libye ou la Syrie, cette nation arabe a été secouée par le vent de colère venu de Tunisie en 2011. Mais avant cet événement combien d’entre nous auraient été capables de localiser ce pays ou même évoquer le nom de son Président ? Un peuple qui crie, qui saigne. Un régime qui réprime. C’est a peu près tout ce que l’on en a vu.
En 2011 le Yémen s’est révolté mais n’a pas fait sa révolution. Il l’a tout juste initiée, et fort à parier qu’elle se poursuivra dans les années à venir. Dans la famille des « révoltes arabes » le Yémen semblait une carte parmi d’autres. Pourtant ce territoire du bout de la Péninsule Arabique ne peut se résumer qu’à ces images agressives.
L’idée de cet ouvrage est de tenter de comprendre le soulèvement populaire yéménite en le contextualisant. C’est un livre de « terrain » mêlant observations et entretiens collectés par l’une des très rares journalistes étrangères résidant à Sanaa. En choisissant des thèmes peu écumés, l’auteure dresse, à travers son témoignage, le portrait d’un Yémen multi-facettes dépassant ainsi les clichés dont souffrent bien trop souvent l’Arabie Heureuse.
Présentation de l’éditeur
« Arabie Heureuse », « patrie d’origine de Ben Laden », « Royaume de la reine de Saba », « pays aux soixante millions d’armes » : les clichés sur le Yémen abondent. Le pays le plus peuplé de la péninsule Arabique, seule république de cette région du monde, ne manque pas de singularités et continue d’être l’objet tant de fantasmes que d’ignorance. Le soulèvement révolutionnaire que connaît le pays depuis janvier 2011 et qui a mis formellement fin aux 33 ans de règne d’Ali Abdallah Saleh rebat de nombreuses cartes et a favorisé l’émergence de nouvelles dynamiques. Il ne s’inscrit pas moins dans une série de processus politiques et sociaux profonds qui se sont développés au cours de la dernière décennie. La diversité des défis auxquels le Yémen est confronté, qu’ils soient politiques, économiques, démographiques ou environnementaux, tout comme la vitalité de sa société invitent à une lecture nuancée.
Dans un contexte marqué par la crise économique et la multiplication des foyers de contestation au cours de la décennie 2000, le champ politique yéménite a subi d’importantes transformations. La guerre de Saada qui oppose depuis 2004 l’armée yéménite et ses alliés aux partisans d’al-Hûthî, mais aussi le mouvement sudiste qui agite depuis 2007 les régions de l’ancien Yémen du Sud de même que l’intensification des activités liées à al-Qaïda ont constitué des sources d’insécurité croissantes pour les Yéménites, victimes de la politique répressive des autorités. Ces conflits ont aussi donné lieu à des tensions persistantes entre le gouvernement et les partis d’opposition, qui ont tenté de contrer les tendances autocratiques du régime et de se faire les porte-parole des mécontentements populaires.
Cet ouvrage s’adresse à tous les lecteurs soucieux de s’informer sur le Yémen et ses réalités, en dehors des cycles épisodiques de médiatisation stéréotypée dont ce pays fait régulièrement l’objet. À travers une approche pluridisciplinaire menée par une équipe de chercheurs en contact direct avec le terrain, il apporte des analyses et des éclairages variés sur les fractures, mutations, recompositions et dynamiques nouvelles qui caractérisent la société yéménite, engagée aujourd’hui dans un tournant révolutionnaire.