Visites princières

Les chroniques d’Uri Avnery, 30 juin 2018
Prince William : ‟Jérusalem Est – Est un territoire palestinien – Occupé”. Ce n’est pas seulement – Son opinion personnelle. – Le monde entier – parle ainsi – Depuis 1967. Le Prince William, duc de Cambridge, deuxième rang pour l’accès au trône britannique, était en visite en Israël cette semaine. Il a l’air sympathique. Il ressemblait à ce que l’on attend d’un prince, fit et dit tout ce qu’il fallait, et mangea même une pastèque avec notre maire sur la plage de sable de Tel Aviv.

Deux âmes

Les chroniques d’Uri Avnery, 23 juin 2018
« Aussi longtemps qu’en nos cœurs vibrera l’âme juive…” c’est ainsi que débute la traduction officielle de l’hymne national d’Israël. En réalité, l’original hébreu dit l’âme d’un Juif, mais le traducteur a probablement bien traduit. C’est l’âme juive que l’on voulait dire. Mais y-a-t-il une âme juive ? Est-elle différente des âmes d’autres gens ? Et, si c’est le cas, quelle est la différence ?

Les frères siamois

Les chroniques d’Uri Avnery, 16 juin 2018
Après avoir commenté la plupart des épisodes de la série télévisée ‟Les Capitaines” de Raviv Drucker sur les Premiers ministres des débuts, il me faut revenir sur l’épisode dont je n’ai pas encore parlé : Yitzhak Rabin. Permettez-moi de le dire d’entrée : j’aimais bien l’homme. Il était un homme selon mon cœur : honnête, cohérent, franc, direct. Pas d’inepties, pas de bavardages. Vous entriez dans la pièce, il vous versait un whisky sec (il semblait détester l’eau), vous faisait asseoir, et posait une question qui vous obligeait à aller droit au but. Comme c’est rafraîchissant comparé à d’autres politiciens. Mais Rabin n’était pas vraiment un politique. C’était un militaire dans l’âme. Il fut aussi l’homme qui aurait pu changer l’histoire d’Israël.

Aussi fort que la mort

Les chroniques d’Uri Avnery, 2 juin 2018
Oh Gaza. L’amour est aussi fort que la mort. J’aimais Gaza. C’est un jeu de mots. Le Cantique des Cantiques biblique dit que l’amour est aussi fort que la mort. Fort en hébreu c’est Aza. Aza est aussi le nom hébreu de Gaza. J’ai passé bien des heures heureuses à Gaza. J’y ai eu beaucoup d’amis. Depuis l’homme de gauche Haidar Abd al-Shafi jusqu’à l’islamiste Mahmoud al-Zahar qui est maintenant le ministre des Affaires étrangères du Hamas.

La chance du joueur

Les chroniques d’Uri Avnery, 26 mai 2018
Nous l’avons tous lu dans des livres ou vu dans des films : un joueur est assis à la table de roulette d’un casino. Il a de la chance. Beaucoup de chance. Devant le joueur la pile de jetons monte, de plus en plus haut. Chaque tour de la roulette en ajoute au tas de jetons. Quand le tas lui arrive à hauteur des yeux, il devrait se lever, échanger ses jetons contre de l’argent et rentrer chez lui. Ses gains suffisent pour le faire vivre dans le luxe pour le restant de ses jours. Mais l’homme ne peut pas se lever. Il en est incapable. Il est collé à sa place à la table de roulette. Et c’est alors que sa chance l’abandonne. Le tas de jetons commence à se réduire. Il pourrait encore se lever et préserver une partie de ses gains. Mais il ne peut pas. Il est collé à son siège. Jusqu’à perdre le dernier jeton. Dans les films, l’homme se lève et porte un pistolet à sa tempe. Benjamin Nétanyahou ressemble à cet homme. Il a de la chance. Beaucoup de chance. C’est troublant.

Le jour de la honte

Les chroniques d’Uri Avnery, 19 mai 2018
Cette semaine, alors que le nombre de Palestiniens tués et blessés augmentait d’heure en heure, je me suis demandé : qu’aurais-je fait si j’avais été un jeune de 15 ans dans la bande de Gaza ? Ma réponse fut, sans hésitation : je me serais mis près de la barrière frontalière pour manifester, en risquant ma vie et mes membres à chaque minute. Comment suis-je tellement sûr ?

Qui est le vassal ?

Les chroniques d’Uri Avnery, 12 mai 2018
Si vous voulez comprendre la politique d’une nation, regardez la carte ! aurait dit Napoléon. C’est un bon conseil. Si vous vivez en Israël ces jours-ci, vous avez l’impression que le grand État d’Israël dicte à son vassal américain ce qu’il faut faire concernant l’Iran. Le président Donald Trump écoute et exécute. Bibi le Grand lui demande de déchirer l’accord iranien sans raison évidente, et il obéit. Il n’a pas le choix, le pauvre. Mais regardez donc la carte et, à votre grande surprise, vous découvrez que les États-Unis sont un très grand pays alors qu’Israël n’est qu’une simple tache, si petite qu’il faut en inscrire le nom hors des frontières, dans la mer.

Cette femme-là

Les chroniques d’Uri Avnery, 5 mai 2018
Ben Gourion a dit d’elle : ‟La seule chose que Golda Meir sache faire c’est haïr !” Golda Meir ne me haïssait pas. Ce serait un euphémisme. Elle me détestait. Ma façon de parler, ma façon de m’habiller, mon apparence. Tout. Un jour, au milieu d’un discours à la Knesset (je crois qu’il s’agissait de permettre aux Beatles de se produire en Israël) je m’interrompis pour dire : ‟Maintenant je veux répondre à la député Golda Meir…”

Le vrai vainqueur

Les chroniques d’Uri Avnery, 28 avril 2018
Au cinquième jour de la guerre des Six-Jours en 1967, j’ai publié une lettre ouverte au Premier ministre Levy Eshkol. L’armée israélienne venait de conquérir la Cisjordanie, Jérusalem Est et la bande de Gaza, et je suggérai qu’Eshkol propose au peuple palestinien d’y établir l’État de Palestine en contrepartie de la paix avec Israël. J’étais membre de la Knesset à l’époque. Deux jours après la fin de la guerre, Eshkol m’invita à le rencontrer à son bureau de la Knesset. Il écouta ce que j’avais à dire, puis répondit avec un sourire paternel : ‟Uri, quel genre de négociateur êtes-vous ? Dans une négociation, on propose le minimum et on demande le maximum. On se met alors à négocier et on finit par aboutir à un accord quelque part entre les deux. Et là vous voulez tout offrir avant même l’ouverture de négociations ?”

Le grand jour

Les chroniques d’Uri Avnery, 21 avril 2018
Il y a deux jours, l’État d’Israël célébrait son 70e anniversaire. Des jours durant nous n’entendîmes rien d’autre. D’innombrables discours pleins de platitudes. Un énorme festival de kitsch. Tout le monde était d’accord : c’était un moment historique, celui où David Ben-Gourion se leva dans une petite salle de Tel Aviv pour déclarer la création de l’État. À tous ceux qui étaient encore vivants, on demanda cette semaine : où étiez-vous à ce moment-là ? Qu’avez-vous ressenti, lorsque l’histoire a frappé à la porte ? Eh bien, j’étais vivant. Et je n’ai rien ressenti du tout.

Aveugles à Gaza

Les chroniques d’Uri Avnery, 14 avril 2018
Écrivez : moi, Uri Avnery, soldat N° 44410 de l’armée israélienne, par la présente je me désolidarise des tireurs d’élite de l’armée qui tuent des manifestants non armés sur la frontière de la Bande de Gaza, et de ceux qui les commandent et leur donnent des ordres, jusqu’au commandant en chef. Nous n’appartenons pas à la même armée, ni au même État. Nous n’appartenons guère à la même race humaine. Mon gouvernement commet-il des ‟crimes de guerre” le long de la frontière de la Bande Gaza ? Je ne sais pas. Je ne suis pas juriste. Il semble que les responsables de la Cour pénale Internationale croient que les actions de nos soldats constituent des crimes de guerre. Ils demandent une enquête internationale.

Une chanson est née

Les chroniques d’Uri Avnery, 7 avril 2018
Un ami d’outre mer m’a adressé l’enregistrement d’une chanson. Une chanson arabe, sur une douce mélodie arabe, chantée par un chœur de filles arabes, accompagnées à la flûte. Elle donne ceci Ahed / Tu es la promesse et la gloire / Debout comme un olivier / Du berceau à ce jour / Ton honneur ne sera pas bafoué / Palestine a été plantée en nous / Comme un quai pour le bateau / Nous sommes la terre et tu es l’eau / Tu es couverte de blonds cheveux. Tu es aussi pure que Jérusalem. Tu as enseigné à notre génération comment devrait se révolter le peuple oublié. Ils pensaient que les Palestiniens avaient peur d’eux parce qu’ils portent une cuirasse et qu’ils tiennent une arme. Palestine a été plantée en nous. Comme un quai pour le bateau. Notre nation doit être unie et résister pour la liberté de la Palestine et des prisonniers.

« Déverse ta colère »

Les chroniques d’Uri Avnery, 31 mars 2018
J’allais un article sur la veille de Pessah quand je me suis rappelé avoir écrit exactement le même article il y a six ans. Je vous renvoie donc l’ancien article – je n’ai rien à y ajouter. J’écris ce vendredi soir, veille de Pessah. Au même moment, dans le monde entier, des millions de Juifs sont réunis autour de la table familiale, pour la cérémonie du Seder, lisant à haute voix le même livre : la Haggadah, qui raconte l’histoire de l’Exode d’Égypte. L’impact de ce livre dans la vie juive est immense. Tous les Juifs prennent part à cette cérémonie depuis leur plus tendre enfance en ayant un rôle actif dans le rituel. Où qu’il soit, tout au long de sa vie, le Juif, homme ou femme, garde le souvenir de la chaleur et de la convivialité de la famille, de l’atmosphère merveilleuse – et du message clair ou subliminal porté par le texte.

Fils de chienne

Les chroniques d’Uri Avnery, 24 mars 2018
Plus Mahmoud Abbas approche de la fin de son règne, plus sa parole devient dure. Parlant récemment de Donald Trump, il a sorti ces mots : ‟Que votre maison soit détruite”. En arabe c’est une malédiction courante, et elle sonne moins violemment qu’en anglais. Mais, même en arabe, ce n’est pas un propos habituel quand on parle d’un chef d’État. Cette semaine Abbas a parlé de l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, et l’a qualifié de ‟fils de chienne”. Cela aussi est légèrement moins injurieux en arabe qu’en anglais, mais n’est guère diplomatique.

Le faux ennemi

Les chroniques d’Uri Avnery, 17 mars 2018
Je me souviens de cette blague à chaque fois que Benjamin Nétanyahou profère ses terrifiantes menaces contre l’Iran. La lutte contre l’Iran vient en tête de ses priorités. Il met en garde contre le danger que représenterait un effort de l’Iran de produire des armes nucléaires et le menace implicitement de notre arsenal nucléaire ‟secret”.

La grande conspiration

Les chroniques d’Uri Avnery, 10 mars 2018
À l’automne 1948, après quelque 8 mois de combat continu, je fus promu au rang élevé de caporal. Après avoir suivi une formation accélérée de chef de section, je fus autorisé à choisir mes nouveaux soldats – nouveaux immigrants de Pologne ou du Maroc. (Tout le monde voulait des Bulgares, mais les Bulgares étaient déjà pris. Ils étaient connus pour être d’excellents combattants, disciplinés et courageux.) Je choisis les Marocains. J’obtins aussi deux Tunisiens et cinq Turcs, en tout 15 hommes. Ils venaient tous d’arriver par bateau et aucun ne parlait hébreu. Alors comment leur expliquer qu’une grenade à main a une course haute et qu’elle tombe de façon presque verticale.

Parce qu’il n’y a rien

Les chroniques d’Uri Avnery, 3 mars 2018
Le déluge d’affaires de corruption qui se déversent aujourd’hui sur la famille Netanyahou, ses collaborateurs et serviteurs ne semble pas faire baisser sa popularité chez ceux qui se disent ‟le peuple”. Au contraire, selon les sondages d’opinion, les électeurs des autres partis nationalistes volent au secours de ‟Bibi”. Ils pensent que c’est un grand homme d’État, le sauveur d’Israël, et ils sont donc prêts à pardonner et à oublier tout le reste. Les énormes pots-de-vin, les dons généreux, tout. Bizarre. Parce que ma position est exactement inverse. Je ne suis pas prêt à pardonner quoi que ce soit à ‟Bibi” du fait qu’il est un grand homme d’État, parce que je pense qu’il est un homme d’État médiocre. En fait, pas homme d’État du tout.

Allez en paix

Les chroniques d’Uri Avnery, 24 février 2018
Je dois faire un aveu : je ne déteste pas Nétanyahou. Je ne déteste pas non plus Sara’le. En général, je ne déteste pas les gens. À la seule exception des gens qui trahirent la confiance que j’avais en eux et tentèrent de me planter un couteau dans le dos. Pas plus de deux ou trois personnes de toute ma vie. Je ne vais pas les nommer. Je n’ai pas rencontré Nétanyahou en privé plus de deux ou trois fois. Une fois il me présenta à sa seconde épouse dans le couloir de la Knesset. Elle me fit l’effet d’une charmante jeune femme. La seconde fois nous nous sommes rencontrés à une exposition de photos, dans laquelle il y avait une photo de moi portant un casque de pilote. (Je ne sais ni comment ni pourquoi).

Pitié pour l’amandier

Les chroniques d’Uri Avnery,  17 février 2018
Pitié pour l’amandier, en particulier lorsqu’il est en pleine floraison. La fleur de l’amandier s’appelle, en allemand, mandelblüt. C’est aussi le nom du principal responsable juridique d’Israël, qu’on appelle ‟le Conseiller juridique du gouvernement”. Le Conseiller juridique est nommé par le gouvernement, mais il est supposé être totalement indépendant. C’est dans la pratique le Procureur général, la personne qui a le dernier mot quand il s’agit d’inculper des gens, en particulier le Premier ministre. C’est en ce moment son triste lot. Aujourd’hui Mandelblit (comme nous prononçons son nom en hébreu) est dans une situation impossible. Le Premier ministre a été officiellement accusé par la police dans deux affaires de corruption. Et Mandelblit doit décider s’il doit être traduit en justice.

What the Hell… ?

Les chroniques d’Uri Avnery,  10 février 2018
Que suis-je donc ? Un Israélien ? Un Juif ? Un journaliste ? Un auteur ? Un ancien combattant de l’armée israélienne ? Un ex-terroriste ? Un … ? Tout cela et plus. D’accord, d’accord. Mais dans quel ordre ? Quel est l’élément le plus important ? Tout d’abord, bien sûr, je suis un être humain, avec tous les droits et tous les devoirs d’un être humain. Cette partie est facile. Du moins en théorie.

« Pas assez »

Les chroniques d’Uri Avnery, 3 février 2018
Il y a des années, juste après la chute du communisme en Europe de l’Est, on m’avait demandé d’écrire un livre sur les événements. Rachel prit les photos, j’écrivis le texte. Le livre, qui ne fut publié qu’en hébreu, avait pour titre ‟Lénine n’habite plus ici”. Quand nous avons visité Varsovie, nous fûmes surpris du nombre de lieux dans la ville comportant des plaques en métal signalant ‟ (un nom) a été exécuté par les Allemands en ce lieu”. Jusqu’alors nous n’imaginions pas que la résistance polonaise s’était opposée si farouchement aux nazis. Après notre retour, Rachel entra un jour dans une boutique de vêtements et entendit la propriétaire parler à une cliente en polonais. Encore pleine de sa découverte, Rachel demanda à la propriétaire : ‟Saviez-vous que les nazis avaient tué aussi un million et demi de polonais non-juifs ?

Le parlement bondissant

Les chroniques d’Uri Avnery, 27 janvier 2018
Il y a des années, j’étais alors membre de la Knesset, je décidai d’organiser une manifestation au sein du Parlement. Je mis un tee-shirt affichant le slogan ‟La paix est plus grande que le Grand Israël”. En plein débat, j’enlevai ma veste, faisant apparaître le slogan. Quelques minutes après, un huissier s’approcha de moi et me dit poliment : ‟le président du Parlement aimerait vous voir dans son bureau.” Le président était Yitzhak Shamir, ancien dirigeant du groupe terroriste clandestin Lehi. Il m’accueillit avec un large sourire, me pria de m’asseoir et me dit : ‟Uri, tu as fait valoir ton point de vue. Je te prie maintenant de retirer ton tee-shirt et de reprendre ta place !” Bien sûr, c’est ce que je fis.

Que ta maison soit détruite

Les chroniques d’Uri Avnery, 20 janvier 2018
Quand j’ai rencontré pour la première fois Yasser Arafat dans Beyrouth assiégée, au printemps de 1982, Abou Mazen n’était pas présent. Mais lorsque je l’ai revu à Tunis, quelques mois plus tard, il m’a demandé de rencontrer aussi Abou Mazen. Abou Mazen, disait-on, était le dirigeant de Fatah chargé des affaires israéliennes. MA PREMIÈRE impression d’Abou Mazen (Mahmoud Abbas) fut qu’il était tout le contraire d’Arafat. Il avait l’allure d’un maître d’école. Arafat était du genre expansif, aimant enlacer et embrasser les gens et créer d’entrée de jeu des relations étroites. Abou Mazen était beaucoup plus réservé et introverti. Pourtant j’aimais sa personnalité.

Le fils de Bibi, ou : Trois hommes dans une voiture

Les chroniques d’Uri Avnery, 13 janvier 2018
Non, je ne veux pas écrire sur l’affaire de Yaïr Nétanyahou. Je m’y refuse catégoriquement. Aucune force au monde ne m’obligera à le faire. Pourtant je suis ici, en train d’écrire sur Yaïr, bon sang. Je ne peux pas y résister. Et peut-être est-ce en fait plus qu’un sujet de ragot. Peut-être est-ce quelque chose que nous ne devons pas ignorer. C’EST TOUTE une conversation entre trois jeunes gens dans une voiture, il y a environ deux ans. L’un de ces jeunes gens était Yaïr, l’aîné des deux fils du Premier ministre.

Pourquoi je suis en colère

Les chroniques d’Uri Avnery,  6 janvier 2018
Je suis en colère contre l’élite mizrahi. Et même très en colère. Mizra est le mot hébreu pour Orient. Les Juifs orientaux sont ceux qui vivaient depuis des siècles dans le monde islamique. Les Juifs occidentaux sont ceux qui vivaient dans l’Europe chrétienne. Ce sont, bien entendu, des termes inappropriés. Les Juifs russes sont des ‟occidentaux”, les Juifs marocains sont des ‟orientaux”. Un coup d’œil à la carte montre que la Russie est très à l’est du Maroc. Il serait plus exact de les appeler ‟septentrionaux” et ‟méridionaux”. Trop tard maintenant.

L’homme qui sauta

Les chroniques d’Uri Avnery, 30 décembre 2017
Personne n’a mieux raconté le déclenchement du conflit israélo-palestinien que l’historien Isaac Deutscher. Un homme vit dans une maison qui prend feu. Pour sauver sa vie, il saute par la fenêtre. Il atterrit sur un passant dans la rue en-dessous et le blesse grièvement. Entre les deux naît une violente hostilité. Bien sûr, aucune parabole ne peut refléter exactement la réalité. L’homme qui sauta de la maison en feu n’a pas atterri sur ce passant particulier par hasard. Le passant devint invalide à vie. Mais, dans l’ensemble cette parabole est meilleure que toute autre de ma connaissance. Deutscher n’a pas apporté de réponse à la question de comment résoudre le conflit. Les deux sont-ils condamnés à se combattre indéfiniment ? Y a-t-il seulement une solution ?

Pleure ô pays bien-aimé

Les chroniques d’Uri Avnery, 23 decembre 2017
Quiconque préconise la peine de mort est soit un fou complet, ou un incorrigible cynique ou est perturbé mentalement – soit il est tout cela à la fois. Il n’y a pas de thérapie efficace pour tous ces défauts. Je n’essaierais même pas. Un fou ne comprendrait pas les preuves écrasantes de ce à quoi cela conduit. Pour un cynique, plaider en faveur de la peine de mort représente un apport de voix reconnu. Un individu atteint de troubles mentaux éprouve du plaisir à la pensée même d’une exécution. Je ne m’adresse à aucun de ceux-là, mais aux citoyens ordinaires d’Israël. Laissez-moi commencer par répéter l’histoire de mon expérience personnelle.

Enfants des pierres

Les chroniques d’Uri Avnery, 16 decembre 2017
Grand Dieu, sont-ils fous ? Ils se rassemblent sur la place du marché, des gamins de 15 ou 16 ans, ils ramassent des pierres et les lancent sur nos soldats qui sont armés jusqu’aux dents. Les soldats tirent, quelquefois au-dessus des têtes, quelquefois directement sur eux. Tous les jours il y a des blessés, tous les quelques jours il y a des morts. Pour quoi ? Ils n’ont pas la moindre chance de changer la politique d’occupation israélienne. Ce n’est que très rarement que les gamins touchent un soldat et lui causent une légère blessure. Pourtant ils continuent. Pourquoi ? Un de mes amis m’a envoyé un article d’un Palestinien respecté. Il raconte sa première manifestation, il y a des années.

De Barak à Trump

Les chroniques d’Uri Avnery, 9 décembre 2017
Ehoud Barak a ‟rompu le silence”. Il a publié un article dans The New York Times qui attaque notre Premier ministre en termes les plus corrosifs. Autrement dit, il a fait exactement la même chose que le groupe d’anciens soldats qui s’appellent ‟Rompre le silence”, qui sont accusés de laver notre linge sale à l’étranger. Ils dénoncent des crimes de guerre dont ils ont été témoins, ou même participants. Je respecte l’intelligence de Barak. Il y a de nombreuses années, alors qu’il était encore chef d’état-major adjoint, il m’invita un jour à un entretien. Nous discutâmes de l’histoire militaire du 17e siècle (l’histoire militaire est pour moi un vieil hobby) et j’ai vite réalisé qu’il était un véritable expert. J’ai beaucoup apprécié.

Roi et empereur

Les chroniques d’Uri Avnery, 2 décembre 2017
Le sionisme est un credo antisémite. Et cela depuis le début. Déjà le père fondateur, Theodor Hertzl, un écrivain viennois, avait écrit quelques textes présentant une tendance antisémite claire. Pour lui le sionisme ne fut pas une simple transplantation géographique, mais aussi un moyen de faire du Juif affairiste méprisable de la diaspora un être humain debout, industrieux. Hertzl se rendit en Russie afin d’y gagner le soutien à son projet de ses dirigeants antisémites déclencheurs de pogroms, promettant de les débarrasser des Juifs.

Une terrible pensée

Les chroniques d’Uri Avnery, 25 novembre 2017
Soudain, une terrible pensée me frappe. Et si Avi Gabbay pensait réellement ce qu’il dit ? Impossible. Il ne peut pas réellement croire toutes ces choses. Non, non. Mais s’il les croit ? Que devons-nous en penser ? Avi Gabbay est le nouveau leader du parti travailliste israélien. Jusqu’à récemment, c’était l’un des membres fondateurs d’un parti de la droite modérée, Kulanu (‟Nous tous”). Sans avoir jamais été élu à la Knesset, il a occupé une fonction ministérielle secondaire. Il a démissionné quand Avigdor Lieberman, considéré par beaucoup de gens comme un semi-fasciste (et le ‟semi” est loin d’être certain), a été admis à rejoindre le gouvernement comme ministre de la Défense, le deuxième poste en ordre d’importance.

Une histoire d’idiotie

Les chroniques d’Uri Avnery, 18 novembre 2017
Je suis furieux. Et j’ai de bonnes raisons de l’être. J’allais écrire un article sur un sujet auquel je pense depuis longtemps. Cette semaine, j’ouvre le New York Times et voilà que dans ses pages d’opinions apparaît mon article non encore écrit, intégralement, argument par argument. Pourquoi ? Je n’ai qu’une explication : l’auteur – j’ai oublié son nom – a volé les idées dans ma tête par des moyens magiques, que l’on peut certainement qualifier de criminels. Quelqu’un a un jour essayé de me tuer pour lui avoir fait la même chose. Alors j’ai décidé d’écrire cet article malgré tout.

Deux rencontres

Les chroniques d’Uri Avnery, 11 novembre 2017
Durant ces derniers jours, j’ai rencontré deux vieux amis : Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. Enfin, le mot ‟amis” n’est peut-être pas tout à fait approprié. Ce qui est certain c’est qu’Arafat m’a appelé ‟mon ami” dans un message enregistré pour mon 70e anniversaire, mais Rabin n’appelait personne ‟ami”. Ce n’était pas son caractère. Je suis heureux d’avoir connu les deux de près. Sans eux ma vie aurait été moins riche. JE NE PENSE pas avoir jamais rencontré deux personnes plus différentes. Arafat était une personne chaleureuse. Une personne affective. Ses embrassades et ses baisers étaient cérémoniels mais ils exprimaient aussi des sentiments réels. J’ai amené beaucoup d’Israéliens pour le rencontrer et tous disaient qu’après dix minutes en sa compagnie ils avaient le sentiment de le connaître depuis des années.

Qui a peur de la bombe iranienne

Les chroniques d’Uri Avnery, 4 novembre 2017
Qui a peur de la bombe iranienne ? J’ai horreur des évidences. Les idéaux peuvent être évidents. Les déclarations politiques non. Lorsque j’entends parler d’une vérité politique évidente, j’en doute immédiatement. La vérité politique la plus évidente du moment concerne l’Iran. L’Iran est notre ennemi mortel. L’Iran veut nous détruire. Nous devons détruire ses capacités destructrices avant. Comme c’est évident, l’accord anti-nucléaire signé entre l’Iran et les cinq membres du Conseil de Sécurité (plus l’Allemagne) est terrible. Absolument terrible. Nous aurions dû depuis longtemps ordonner aux Américains de bombarder l’Iran pour le dévaster. Au cas improbable où ils nous auraient désobéi, nous devions bombarder nous-mêmes l’Iran avec l’arme nucléaire avant que leurs dirigeants fous fanatiques n’aient les premiers l’occasion de nous détruire.

Concombres au vinaigre

Les chroniques d’Uri Avnery, 28 octobre 2017
ALLELUIA ! J’ai fini par trouver un sujet sur lequel je suis d’accord avec Benjamin Nétanyahou. Vraiment ! Ce lundi, la Knesset s’est de nouveau réunie pour sa session d’hiver après de longues (et bienvenues) vacances. En ces occasions, le président de l’État et le Premier ministre sont invités à parler. Les discours sont censés être festifs, pleins de banalités aimables. Cela entre par une oreille et sort par l’autre. Pas cette fois. Assis à côté du Président de l’assemblée, le Président d’Israël, Reuven Rivlin, a prononcé un discours inédit à tous égards. Il s’est attaqué au gouvernement de coalition dominé par le Likoud en l’accusant d’affaiblir l’État de droit, le procureur général et la police.

Un nouveau départ

Les chroniques d’Uri Avnery, 21 octobre 2017
UN JOUR le parti travailliste israélien a ressenti le besoin d’avoir un nouveau leader. Cela arrive à ce parti une année sur deux. Le parti est en mauvaise forme. Il ressemble davantage à un cadavre politique qu’à un organisme vivant. Ce qu’il lui faut : un nouveau leader, charismatique, énergique, enthousiaste. Alors ils ont trouvé Avi Gabbay. Pourquoi lui ? Personne ne le sait vraiment. Avi Gabbay n’a apparemment pas les qualités d’un leader politique. Aucun charisme. Pas particulièrement d’énergie. Pas d’enthousiasme personnel et pas de capacité à inspirer l’enthousiasme aux autres.

Le terrible problème

Les chroniques d’Uri Avnery, 14 octobre 2017
Ze’ev Begin, le fils de Menachem Begin, est un homme très bien. Il est impossible de ne pas l’aimer. Il est bien élevé, poli et modeste, le genre de personne qu’on aimerait avoir pour ami. Malheureusement, ses positions politiques sont beaucoup moins séduisantes. Elles sont bien plus extrémistes que même les actions de son père. Le père, après avoir dirigé l’Irgoun, se posa et fit la paix avec Anouar al-Sadate d’Égypte. Ze’ev est plus proche de Golda Meir, qui avait ignoré les ouvertures de paix de Sadate et nous entraîna dans la guerre désastreuse de Yom Kippour. Begin jr. est un adepte inconditionnel de la doctrine sioniste ‟révisionniste” élaborée par Vladimir Ze’ev Jabotinsky. L’une des caractéristiques de ce mouvement a toujours été l’importance qu’il donnait aux textes écrits et aux déclarations. Le mouvement travailliste présidé par David Ben-Gourion, se fichait complètement des mots et des déclarations pour ne prendre en considération que les ‟réalités de terrain”.

La séparation est belle

Les chroniques d’Uri Avnery, 7 octobre 2017
IMAGINEZ un peu : un nouveau mouvement chez les Mizrahim vient de naître en Israël. Il déclare que toutes les organisations existantes de mizrahim (juifs orientaux) sont bidon. Qu’elles sont toutes des instruments de l’élite ashkénaze (juifs européens) pour tenir les mizrahim en tutelle. Que le parti oriental Shas est une plaisanterie, spécialement depuis la mort du rabbin Joseph Ovadia, qui était un leader mizrahi authentique. Il dit que le Likoud est l’instrument le plus astucieux pour contenir les Mizrahim. Que le pouvoir interminable de Benjamin Nétanyahou, la personnification même de l’élite ashkénaze, traduit l’impuissance des masses mizrahi ignorantes, qui le maintiennent au pouvoir avec toute sa clique ashkénaze. ALORS un nouveau parti Mizrahi est créé, sous la conduite de jeunes gens énergiques qui proposent une idée révolutionnaire choquante : la séparation.

Deux histoires

Les chroniques d’Uri Avnery, 29 septembre 2017
VOICI l’histoire : à 7 heures du matin, un Arabe s’approche de la barrière de Har Adar, colonie proche de la Ligne Verte, près du village arabe israélien d’Abou Gosh. L’homme est un ‟bon arabe”. Un bon Arabe avec un permis de travail dans la colonie. Il vit dans le village arabe voisin de Beit Surik en Cisjordanie. Il a obtenu un permis de travail parce qu’il satisfait à tous les critères – il a 37 ans, est marié et père de quatre enfants. Les habitants de Har Adar le connaissent bien, parce qu’il nettoie leurs maisons depuis des années. Ce mardi matin il arriva à la barrière comme d’habitude. Mais quelque chose suscita des soupçons chez les gardiens. Il portait une veste, alors que le temps était particulièrement chaud en ce jour de début d’automne. Les gardiens lui demandèrent d’ôter sa veste.

Désespoir

Les chroniques d’Uri Avnery, 16 septembre 2017
MON OPTIMISME concernant l’avenir d’Israël irrite quantité de gens. Comment puis-je être optimiste quand on voit tout ce qui arrive ici tous les jours ? L’annexion de fait des territoires occupés ? Le mauvais traitement des Arabes ? L’implantation de colonies qui nous empoisonnent ? Mais l’optimisme est un état d’esprit. Il ne faiblit pas face au mal. Au contraire, le mal doit être combattu. Et vous ne pouvez pas combattre si vous ne croyez pas que vous pouvez vaincre. Certains de mes amis croient que le combat est déjà perdu. Qu’Israël ne peut plus être changé ‟de l’intérieur”. Que la seule voie pour le changer c’est par des pressions de l’extérieur. Par chance, croient-ils, il y a une force extérieure, qui est prête et capable de faire le travail pour nous. Elle s’appelle BDS – abréviation de ‟Boycott, Désinvestissement, Sanctions”.

Une confession

Les chroniques d’Uri Avnery, 9 septembre 2017
Aujourd’hui est le dernier de ma 93e année. Ridicule. Suis-je plutôt satisfait de ma vie jusqu’à ce jour ? Oui. Si par miracle je pouvais revenir à, disons, 14 ans, et refaire tout ce long parcours, est-ce que j’aimerais cela ? Non, je ne l’aimerais pas. Trop c’est trop. AU COURS DE CES 93 années, le monde a complètement changé. Quelques jours après ma naissance en Allemagne, un petit démagogue ridicule du nom d’Adolf Hitler tenta un putsch à Munich. On le mit en prison, où il écrivit un livre ennuyeux intitulé Mein Kampf. Personne ne le remarqua.

N’importe qui sauf Bibi

Les chroniques d’Uri Avnery, 12 août 2017
LES VAUTOURS tournoient. Ils peuvent voir l’homme blessé au sol et attendent sa fin. Ainsi font les carnivores humains – les politiciens. Ils chantent ses louanges, jurent de le défendre de tout leur cœur – mais, dans leurs têtes ils calculent déjà qui peut être son successeur. Chacun se demande en lui-même : pourquoi pas moi ? Benjamin Nétanyahou fait face à la plus grande crise de sa longue carrière. La police est sur le point de conclure son enquête. Le procureur général est soumis à d’énormes pressions pour prononcer des mises en accusation officielles. Les importantes manifestations près du domicile du procureur général se développent chaque semaine.

Croisés et sionistes

Les chroniques d’Uri Avnery, 2 septembre 2017
Il y a quelques jours, je me trouvais à Césarée assis dans un restaurant avec vue sur la mer. Les rayons du soleil dansaient sur les vaguelettes, les ruines mystérieuses de la ville ancienne s’étendant derrière moi. Il faisait très chaud, mais pas trop chaud et je pensais aux Croisés. Césarée fut construite par le roi Hérode il y a quelque 2000 ans et nommée du nom de son maître romain, César Auguste. Elle redevint une ville importante sous les Croisés qui la fortifièrent. Ces fortifications tiennent lieu aujourd’hui d’attraction touristique. Pendant des années au cours de ma vie je fus obsédé par les Croisés. La première fois pendant la ‟Guerre d’indépendance” de 1948, quand j’eus l’occasion de lire un livre sur les Croisés et que j’ai découvert qu’ils avaient occupé les mêmes lieux en face de la bande de Gaza qu’occupait mon bataillon. Il fallut aux Croisés plusieurs décennies pour conquérir la Bande qui, à l’époque, s’étendait jusqu’à Ashkelon. Aujourd’hui elle est toujours là aux mains des musulmans.

Kaya et le chien royal

Les chroniques d’Uri Avnery,  17 août 2017
LE SPECTACLE est presque bizarre : un parti politique refuse d’admettre de nouveaux membres. Et pas juste un petit nombre d’individus, mais des dizaines de milliers. Et ce n’est pas n’importe quel parti, mais le Likoud (‟Unification”), la principale force de la coalition gouvernementale d’Israël. Étrange ? Mais il y a de la méthode dans cette folie. Cela pourrait bien venir bientôt devant la haute cour d’Israël. Les leaders actuels du parti, Benjamin Nétanyahou et ses amis, ont peur que les gens qui cherchent actuellement à se faire enregistrer comme membres du Likoud ne soient en réalité des colons des territoires occupés qui veulent prendre le contrôle du Likoud, tout en restant concrètement fidèles à leurs propres partis, qui sont encore plus extrémistes.

L’oeuf de Colomb

Les chroniques d’Uri Avnery, 19 août 2017
Je ne sais pas quand la roue fut inventée ni qui l’inventa. Cependant, je ne doute pas qu’elle a été inventée encore et encore par beaucoup d’inventeurs heureux partageant la gloire. Cela est aussi vrai pour la Confédération israélo-palestinienne. Périodiquement elle apparaît au public comme une idée tout à fait nouvelle, avec un nouveau groupe d’inventeurs qui la présentent avec fierté. Ceci montre simplement que vous ne pouvez pas supprimer une bonne idée. Elle ne cesse de réapparaître. Au cours des dernières semaines elle est apparue dans plusieurs articles, présentée par de nouveaux auteurs.

Regard nostalgique

Les chroniques d’Uri Avnery, 5 août 2017
LE MONDE ENTIER regardait, le souffle coupé, alors que les jours passaient. Puis les heures. Puis les minutes. Le monde regardait tandis que le condamné, Muhammad Abu-Ali de Qalquiliya, attendait son exécution. Abu-Ali était un terroriste avéré. Il avait acheté un couteau et tué quatre membres d’une famille dans une colonie juive voisine. Il avait agi seul dans un accès de colère, après que son très cher cousin, Ahmed, eut été abattu par la police des frontières israélienne au cours d’une manifestation. Ceci est un cas imaginaire. Mais il ressemble beaucoup à ce qui arriverait si un cas réel actuellement en instance prenait ce tour.

La marche de la folie

Les chroniques d’Uri Avnery, 29 juillet 2017
MON REGRETTÉ ami Nathan Yellin-Mor, le leader politique du LEHI clandestin, m’avait dit un jour d’un politicien qu’il n’était ni un grand penseur ni un petit imbécile. Je me souviens de cette phrase, à chaque fois que je pense à Gilad Erdan, notre ministre de l’Intérieur. Sa contribution aux événements de ces dernières semaines, au cours desquelles tout le Moyen Orient a failli exploser, confirme ce jugement. D’autre part, Benjamin Nétanyahou me rappelle le proverbe ; ‟Une personne habile est celle qui sait comment se sortir d’un piège dans lequel une personne judicieuse ne serait sûrement pas tombée.”

Le problème Soros

Les chroniques d’Uri Avnery, 22 juillet 2017
GEORGE SOROS, le multimilliardaire américain, crée des tas de problèmes à Benjamin Nétanyahou. En ce moment particulièrement, Nétanyahou n’a pas besoin de problèmes supplémentaires. Une énorme affaire de corruption, concernant des sous-marins de construction allemande, s’oriente lentement et inexorablement vers lui.. Soros est un Juif hongrois, un survivant de l’Holocauste. Le parti hongrois au pouvoir a affiché son visage dans tout Budapest avec un texte qui cache mal ses intentions antisémites. La faute de Soros est de soutenir des associations de droits humains dans son son ancienne patrie. Il fait la même chose en Israël bien qu’à une bien moindre échelle. C’est pourquoi Nétanyahou ne l’aime pas non plus.

Le mot de quatre lettres

Les chroniques d’Uri Avnery, 26 juin 2017
Quand un Britannique ou un Américain parle d’un ‟mot de quatre lettres”, il évoque un mot grossier à caractère sexuel, un mot à ne pas prononcer dans une société policée. En Israël nous avons aussi un tel mot, un mot de quatre lettres. Un mot à ne pas prononcer. Ce mot c’est ‟Shalom”, paix. (En hébreu, ‟sh” est une seule lettre, et le ‟a” ne s’écrit pas.) Cela fait maintenant des années que ce mot a disparu dans les relations (sauf en guise de salutation). Tout politique sait que c’est un mot redoutable. Tout citoyen sait qu’il ne faut pas l’employer. Il y a beaucoup d’expressions pour le remplacer. ‟Accord politique”. ‟Séparation”. ‟Nous sommes ici et ils sont là”. ‟Accord régional”.