L’autoritarisme au Moyen-Orient, étroitement lié à la formation des États postcoloniaux dans cette région, elle-même marquée par d’importants dilemmes nationaux et de fortes inégalités de développement, a historiquement revêtu diverses formes, le plus souvent entretenu par des régimes militaires aux redoutables appareils sécuritaires (Égypte, Irak, Syrie), par la robustesse des structures patrimoniales et, sur un plan économique, par la présence de rentes colossales (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Koweït). Au cours de l’année 2011, les « printemps arabes » ont pu révéler les faiblesses de ces systèmes que l’on avait jusque-là crus inébranlables.
Mais les développements survenus depuis ont aussi démontré que la notion d’un changement n’a, in fine, souvent constitué qu’un vernis de continuité. Une majorité de ces régimes est en effet parvenue à s’adapter aux revendications de la rue et à les surmonter, poussant même vers la consolidation de leur nature autoritaire. Tandis que les uns ont opté pour des politiques de libéralisation et de cooptation de larges pans de la société en vue de se perpétuer, combinant modernisation et coercition, d’autres ont employé un savant mélange d’emprise sur le champ religieux, de réformes néolibérales et de dispositifs de recentralisation de l’appareil d’État.
Dès lors, quels sont les « habits neufs » de l’autoritarisme au Moyen‑Orient et ces habits sont-ils d’ailleurs si neufs que cela ? C’est à cette question que ce dossier thématique de la revue Confluences Méditerranée ambitionne de répondre par une variété de contributions pluridisciplinaires qui s’appuieront à la fois sur la littérature existante ainsi que sur des enquêtes de terrain en cours ou déjà publiées.
Les propositions d’articles pour ce dossier à paraître en mars 2026 pourront s’articuler autour de plusieurs problématiques de recherche suggérées ci-après en privilégiant une réflexion qui soit à la fois problématisée et originale :
- Quelles sont de nos jours les caractéristiques de l’autoritarisme au Moyen‑Orient ?
- Comment les développements politiques récents ont-ils influé sur l’évolution des régimes autoritaires de la région ?
- Peut-on considérer que des facteurs socioculturels ont contribué à la persistance des structures politiques autoritaires au Moyen-Orient ?
- Quel rôle les nouvelles technologies jouent-elles dans la transformation des anciennes pratiques autoritaires ?
- En quoi les « habits neufs » de l’autoritarisme au Moyen‑Orient diffèrent-ils de ses formes plus historiques ?
- Quelles ont été les répercussions des ingérences étrangères sur la perpétuation de cet autoritarisme comme forme politique dominante ?
- Comment les populations réagissent-elles à la nature changeante de l’autoritarisme dans leurs pays respectifs ?
- Quels pourraient être les exemples de dirigeants au Moyen-Orient emblématiques de ces habits neufs de l’autoritarisme ?
- Pourquoi et comment le concept de « légitimité » a-t-il aussi joué un rôle prépondérant dans le maintien de ce type de régimes ?
- Enfin, quelles sont les stratégies aujourd’hui mises en œuvre dans la répression de la dissidence et la préservation des dispositifs de contrôle de la société ?
Les propositions d’articles devront être envoyées à Myriam Benraad (myriam.benraad[at]schiller.edu) avant le 1er juin 2025.
Elles ne devront pas dépasser 4000 signes (espaces compris).
Chaque proposition devra être accompagnée d’un titre (même provisoire) et d’une courte biographie de l’auteur.
Après un retour vers les auteurs le 15 juin 2025, les articles devront être remis au plus tard le 31 septembre 2025.