Parution en septembre 2021
Numéro thématique sous la responsabilité de Barah Mikail, enseignant-chercheur à la Saint Louis University de Madrid, membre du comité de rédaction de Confluences Méditerranée.
Une décennie après son Printemps, l’espoir révolutionnaire libyen semble céder devant la prédation et le surnombre d’acteurs, libyens comme étrangers, qui se disputent influences et accès aux ressources libyennes. Derrière la menace – quelque peu éculée – de la partition, se joue de façon beaucoup plus concrète, et parfois meurtrière, la répartition de ses richesses et de l’exercice de sa souveraineté.
L’épisode dramatique du conflit ouvert entre ladite Armée nationale libyenne et le Gouvernement d’accord national en 2019 s’inscrit dans une division qui marque la Libye depuis 2014. Elle reflète les tensions qui accompagnent la sortie de l’ancien régime, où toute vie politique était condamnée, vers la construction institutionnelle. Comment solder l’héritage kadhafiste, répondre aux demandes révolutionnaires, penser la question de la citoyenneté, répartir les fruits de la manne pétrolière, résorber les disparités de richesses ? Quelles sont les priorités politiques, quelle diplomatie la Libye nouvelle peut-elle déployer, comment se positionner face à la montée contre-révolutionnaire régionale ? La Libye ne fait pas exception à la règle ; la capacité de gérer politiquement l’après-révolution dépend en large partie de la préexistence et de la vitalité d’une vie politique. C’est en partie ce qui informe la trajectoire parfois déroutante, souvent dramatique qu’elle a empruntée depuis 2011.
Reste que la Libye se distingue en partie des autres pays qui ont connu un élan révolutionnaire par la constance, la force et la diversité de moyens avec laquelle des acteurs étrangers tentent d’influencer ce processus de construction. De Washington à Tokyo en passant par Tripoli, Dubaï, Paris, Rome ou Moscou, les exemples de présence étrangère en Libye sont multiples. Certains pays tentent de jouer un rôle constructif, favorisant une stratégie basée sur le développement socioéconomique sans nécessairement la doubler d’une ingérence politique ; mais, d’un autre côté, on retrouve nombre de pays qui, à trop jouer leur propre partition musicale, causent à la Libye un tort additionnel dont le pays se passerait pourtant bien.
Le présent dossier a pour ambition d’éclairer les d’enjeux qui expliquent pourquoi, plus de dix ans après avoir connu son « Printemps », les Libyens ne semblent pas – parfois pour des raisons opposées – satisfaits des fruits de leur révolution. Cependant que l’Égypte, la Syrie ou encore le Bahreïn ont connu depuis 2011 des situations à la gravité variable, mais à l’horizon final maintenant clarifié sur les plans politique et institutionnel (à savoir l’inscription dans le camp contre-révolutionnaire), la Libye fait pour sa part écho, toutes proportions gardées s’entend, à un modèle plus proche du désastre yéménite qu’il ne le serait du scénario hybride algérien.
Braquer les projecteurs sur un présent libyen informé de cette décennie post-révolution permet de jeter la lumière sur de potentielles solutions pour le futur. Cela implique néanmoins de garder en tête la spécificité des strates conflictuelles libyennes et l’impératif que constitue le facteur-temps dans un pays dans lequel, héritage kadhafiste oblige, parler d’État est une gageure en soi : la Libye de demain nécessite en effet de bâtir ses perspectives sur les ruines d’un système étatique qui, dans les faits, n’a jamais vraiment existé. Ne prévalent aujourd’hui que des institutions éclatées, formées dans l’urgence et dans les rivalités post-2011. D’où la nécessité qu’il y a d’inventer, et/ou de se réinventer. Comprendre la marche libyenne implique de se pencher sur les différentes partitions qui s’y jouent, aux fins de mieux les assimiler. Telle est l’ambition de ce dossier.
Les propositions d’articles devront être envoyées avant le 25 mars 2021 à Barah Mikail (barah.mikail@gmail.com).
Les propositions ne devront pas dépasser 4 000 signes (espaces compris). La proposition doit être accompagnée d’un titre (même provisoire) et d’une courte biographie de l’auteur.
Après un retour vers les auteurs le 5 avril, les articles devront être remis au plus tard le 5 juillet 2021.
Les articles ne devront pas excéder 30 000 signes, espaces compris, et devront se conformer aux normes éditoriales de la revue indiquées ici. Sous le titre de l’article, donner le nom de l’auteur et son ancrage institutionnel, ainsi qu’un résumé de 5 à 10 lignes (avec une traduction en anglais).