Parution en mars 2021
Numéro thématique sous la responsabilité d’Adel Bakawan
En 2021, l’Irak – en tant qu’État, territoire et population – aura 100 ans d’existence politique et juridique. Pourtant, autant qu’en 1921, persistent les doutes sur sa capacité à perdurer, à ne pas éclater et à inventer une irakicité inclusive. De 1921 à 2021, le pays est à la recherche d’un « mythe fondateur » qui pourrait lui permettre de fabriquer une identité partagée et partageable par une nation qui n’existe pas dans la réalité, mais qui est imaginée par une élite en totale rupture avec les bases sociales, sans connexion culturelle et politique entre elles. C’est dans un tel contexte que, dès le « péché originel » de 1921 – date de la création de l’Etat irakien par les Britanniques -, les mécanismes de brutalisation de ces bases se mettent au travail et traversent un siècle d’histoire, en massacrant, au nom de ce « mythe fondateur », des centaines de milliers d’Irakiens !
Toutefois, force est d’admettre que, malgré la mise en œuvre de cette violence radicale au nom de l’unité de l’Etat et de la nation, de 1921 à 2021, l’interrogation sur la nature même de l’Etat et de la nation irakienne n’a jamais apporté de réponse tranchante. C’est pourquoi, dès que les Irakiens se trouvent dans une crise grave, c’est toute la légitimité de l’Etat et de la nation même qui est remise en interrogation. Les moments que constituent le massacre des Chiites dans les années 1920, l’anfalisation des Kurdes dans les années 1980, les soulèvements du Sud et du Nord dans les années 1990, l’occupation du pays en 2003 ou encore la chute de Mossoul en juin 2014 illustrent à la perfection les fragilités de cette légitimité remise en cause de manière permanente.
Ce passé d’un siècle qui ne passe pas et qui pèse encore sur la structuration sociale, culturelle et politique du pays, démontre, entre autres, les faiblesses de la conscience nationale chez ces Irakiens qui ne se reconnaissent pas dans cette histoire dans laquelle ils n’étaient que des exclus, des dominés, voire des massacrés. Ce numéro de Confluence Méditerranée cherche à comprendre l’Irak d’aujourd’hui, à l’aune de la géohistoire, et en privilégiant de près ou de loin la question de savoir si l’Irak est un pays impossible à édifier.
Les propositions d’articles devront être envoyées avant le 25 août 2020 à Adel Bakawan : adel.bakawan@iremmo.org
Après un retour vers les auteurs le 5 septembre, les articles devront être remis le 1er décembre.
Les articles ne devront pas excéder 30 000 signes, espaces compris, et devront se conformer aux normes éditoriales de la revue indiquées ici.