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Cisjordanie occupée: «Les méthodes appliquées à Gaza sont en train d’être mises en œuvre»

L’armée israélienne a déployé des chars pour la première fois depuis des années dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie occupée. Une offensive militaire majeure pour contraindre des dizaines de milliers de civils à quitter leur domicile dans des conditions souvent périlleuses, avec interdiction de rentrer chez eux. Beaucoup ont tout laissé derrière et assistent impuissants au déploiement des forces israéliennes. Parallèlement à cette flambée des violences, se sont multipliés les appels à annexer la Cisjordanie, notamment de la part du ministre israélien des Finances, d’extrême droite.

Le Hamas et d’autres groupes armés dans les camps de réfugiés à Jénine, Tulkarem et Nour Chams sont des organisations qui ne se sont plus vraiment implantés. Il y a beaucoup de groupe de jeunes qui sont peu nombreux mais qui se rassemblent dans une forme de résistance que naturellement Israël de terroriste. Ce qu’il faut comprendre est que jamais depuis que l’occupation existe (1967) il y a eu de processus comme les présents et en particulier faire en sorte les milliers d’habitants de ces camps soient contraints de quitter leurs maisons. Ça ne s’est jamais produit. 
Le fait que les palestiniens ne puissent pas rentrer chez eux aujourd’hui est un fait majeur en soi, ce qui pourrait s’apparenter à un transfert forcé de population qui est interdit selon la 4eme convention de Genève. 40 000 personnes qui sont obligés d’aller nul part, et arrêter leurs vies sociales, leurs métiers.
Pour parler des chars dans les villes, il faut remonter à la deuxième Intifada en 2000 et 2001, pour avoir l’équivalent. Mais on est au-delà de ces chars qui encerclent les villes et ont démolis certains quartiers avec les bulldozers qui ont fait un travail impossible

Nous avons donc un sentiment que les méthodes qui ont été appliquées à Gaza, sont en train d’être mises en œuvre en Cisjordanie. Il faut bien rappeler aussi que l’enjeu politique majeur pour le gouvernement de Netanyahou, la droite et l’extrême droite israélienne est la Cisjordanie. Ce que veut ce gouvernement est de coloniser davantage encore dans une perspective dont on en parlera certainement dans les prochaines semaines qui est l’annexion d’une partie ou de toute la Cisjordanie. Il s’agit d’imposer une domination sans résistance possible en particulier sur ceux dans les camps de réfugiés où se trouve souvent les foyers nationalistes les plus forts.
C’est une histoire de déraciner justement.

Il est probable que cette idée d’annexion soit déjà discutée avec les États-Unis en amont du cessez-le-feu avec le Hamas. S’il n y avait pas eu cet accord, Netanyahou allait mains libres pour la faire. Mais il faut bien comprendre qu’une annexion veut dire organiser un système de discrimination complet durable institutionnel entre les citoyens israéliens des colonies qui auront tous les droits et les palestiniens qui n’en auront aucun.
Il n’est jamais trop tard pour en revenir à du fondamental, car si on ne va pas vers la solution à deux États, sinon cela veut dire ouvrir à nouveau les vannes vers une guerre sans fin. Comment voulez-vous imaginer qu’un peuple de 5 500 000 (ceux du territoire) acceptent cette domination, cet écrasement, ces déportations ? Ils vont le refuser et en particulier la jeunesse va le refuser, donc on est parti pour de nouvelles violences que bien entendu on en aura « terrorisme ».

Si des pays occidentaux ou régionaux s’opposent à ce projet, qui pèsent suffisamment pour l’empêcher,  sera une question de courage politique face à cette violation du Droit International sur le plan juridique. Il faut qu’il y est une levée de bouclier dans le monde arabe, j’espère que l’Europe va se réveiller, et les Nations Unies qui ont déjà pris une position là-dessus.  Surtout sur le plan politique, ça ramènera à une guerre sans fin car jamais les palestiniens n’accepteront cela.
Le seul pays arabe qui est en capacité de peser sur ces évènements est l’Arabie Saoudite. Jusqu’à présent les déclarations consistent à dire qu’ils n’entreront pas dans le processus d’Abraham, alors nous n’irons pas vers une normalisation des relations avec l’État d’Israël tant qu’il n y aura une direction mise en œuvre vers un État palestinien

Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO.

ÉDITO

ÉDITO

Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Il faut aller en Tunisie : notes d’un tour dans l’Extrême-Sud (juillet 2011)

François Pouillon, 27 août 2011
Invité en Tunisie pour participer à une école doctorale organisée par un laboratoire de sciences sociales de l’université de Tunis (Diraset), j’en ai saisi l’occasion pour faire, avec de jeunes collègues, un tour dans le Sud-Est, une région que je connaissais assez bien pour y avoir enquêté dans les années 1970. J’en ai rapporté ces impressions de voyage. Encore une fois, ce voyage a été précédé de nouvelles alarmistes . Mes amis de Tunis m’engagent à la prudence : des classes dangereuses aux coupeurs de route, il n’y a qu’un pas, et on signale des poches d’insécurité dans la région de Sidi Bou Zid, épicentre de la révolution démocratique. D’autres vont commenter : il semble que cela arrangerait bien le gouvernement provisoire, en facilitant un regroupement grégaire autour de la ligne qu’il incarne. Je ne suis pourtant pas descendu au Sud par cette route des steppes : pour aller au Sud-Est, mon objectif, la nouvelle autoroute de la côte nous conduit en quelques heures à Gabès.

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Lettre d’information de l’iReMMO