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« Dans la bande de Gaza il n’y a plus aucun refuge »

Le bombardement de l’école de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) à Gaza qui a fait 37 morts est un tournant.  Nous dénombrons aujourd’hui près de 36 000 morts palestiniens, sur environ 2,3 millions d’habitants. Ce ration, rapporté à l’échelle de la France, serait équivalent à un million de morts. La communauté internationale attend vraiment le jour d’après pour réagir. Les Américains étant naturellement les seuls à pouvoir agir.

 

Sur le fond, les deux positions – celle du Hamas d’un côté, de gouvernement de Netanyahou de l’autre – sont antagonistes. Le Hamas réclame un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes de l’armée israélienne de la bande de Gaza. Netanyahou, quant à lui, veut aller jusqu’au bout, dit-il, pour affaiblir au maximum le Hamas, et au mieux l’éradiquer, mais il y a aussi l’idée d’exercer une autorité administrative sur Gaza et libérer les otages. C’est d’ailleurs pour cela que les négociateurs israéliens ont du mal à trouver un compromis, car les deux côtés ont des arrière-pensées. Ils ont aussi et surtout beaucoup de mal avec Netanyahou pour mettre un terme à la guerre à Gaza et sur la frontière nord d’Israël, avec le Hezbollah libanais, proxy de l’Iran. 

 

Si le but de cette guerre était uniquement la libération des otages, il aurait fallu trouver un compromis. C’est ce que les familles des otages réclament d’ailleurs. Mais dans les faits, Netanyahou veut établir un rapport de force absolu contre les Palestiniens, et ceci est une illusion, car c’est un peuple [les Palestiniens] qui a envie de vivre, d’avoir un État, et c’est cela le fond de l’affaire depuis des décennies. Netanyahou a cette obsession de toujours refuser de dialoguer avec les Palestiniens, et ce depuis 1996, lorsqu’il a été élu premier ministre d’Israël pour la première fois. 

Netanyahou est dans une posture où il veut rester dans cette guerre, car le jour où elle s’arrêtera, il aura des comptes à rendre. Tout d’abord vis-à-vis d’Israël, sur le plan politique, car il est très critiqué dans sa gestion des évènements du 7 octobre, mais aussi vis-à-vis de la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.

 

L’électoral de Netanyahou a fondu, et d’après les sondages, il perdrait 50 sièges à la Knesset [Parlement israélien], notamment à cause de son alliance avec l’extrême droite, parce que ces gens-là sont non seulement pour le refus de tout compromis avec les Palestiniens, mais aussi pour une réoccupation de Gaza et une intensification de la colonisation en Cisjordanie.

 

Pendant que l’on se focalise uniquement sur Gaza, les populations palestiniennes sont sous siège permanent en Cisjordanie, où les villes sont séparées les unes des autres, fermées sur elles-mêmes, et sont sujettes très régulièrement à des incursions violentes de l’armée israélienne. Tout cela se passe en application de la politique voulue et mener par le Ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich.

Comme dans toute société, une partie se rend bien compte de ce qui est en train de se passer à Gaza, mais cette partie reste minoritaire. La société israélienne, surtout la société juive israélienne, reste tétanisée par le 7 octobre, et ne veut pas regarder ce qui se passe chez les Palestiniens. C’est une logique humaine de se barricader dans sa propre souffrance. 

La première fois que cette solution a été proposée, c’est en 1937, à l’époque de la Palestine mandataire, qu’administraient les Britanniques. Cette solution signifie de donner, à chacun des deux peuples, la possibilité d’être maître de son destin. C’est déjà le cas d’Israël, dont la souveraineté et la sécurité doivent être protégées, mais cela doit aussi être le cas des Palestiniens, et c’est d’ailleurs, conforme au droit international.

 

Les obstacles à cette solution sont certes d’ampleur, mais s’il y a une volonté de la communauté internationale, notamment de la part des États-Unis et de l’Europe, elle est tout à fait réalisable. Si on ne va pas dans cette direction, nous allons vers une guerre sans fin : une colonisation qui va entraîner une résistance, ou une occupation avec une résistance à cette occupation. 

 

Le président Palestinien, Mahmoud Abbas, a un problème de leadership. Ce problème, qui est le résultat d’un manque d’unité palestinienne, dure depuis la mort de Yasser Arafat en 2004. En Israël, la gauche, qui portait cette solution à deux États, a aujourd’hui quasiment disparu, au profit de la droite et de l’extrême droite. Cependant, la majorité des Palestiniens veulent leur liberté et leur indépendance, et même le Hamas peut évoluer sur cette question, en rentrant par exemple dans l’OLP qui, depuis les Accords d’Oslo de 1993, reconnaît l’État d’Israël.

Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO.

ÉDITO

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Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Hommage de Paul Balta à Anouar Abdelmalek, décédé le 15 juin 2012.

Paul Balta, 21 novembre 2012
Mesdames, Messieurs, Chers Amis, Je voudrais tout d’abord remercier le Docteur Mahmoud Ismaïl pour avoir organisé cette séance d’hommage au grand intellectuel Anouar Abdel-Malek, feu mon cousin, qui s’est éteint le 15 juin dernier à Paris. Avant d’évoquer son parcours, permettez-moi d’expliquer comment nous étions cousins. Georges Haddad, mon arrière-grand-père, était un Libanais, grec catholique, qui avait émigré en Égypte, en 1850, pendant la Nahda, la « Renaissance », sous le règne de Mohamed-Ali. Il épousa Hanem Boctor, une copte orthodoxe. Cette aïeule, commune à ma mère, Fanny Haddad, et à celle d’Anouar, Alice, appartenait à une famille copte, partagée entre propriétaires fonciers de la région d’Assiout, en Haute Égypte, et hauts fonctionnaires vivant au Caire : les Scandar, les Guirguis, les Abdel-Malek. Mon père étant français, et ma mère égyptienne, j’ai donc deux patries : la France et l’Égypte que j’aime également.

 

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Lettre d’information de l’iReMMO