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Syrie: comment reconstruire?

La guerre en Syrie a tué quelques 500 000 personnes et vidé le pays d’un tiers de sa population. Déjà en ruines, une partie de la Syrie a été frappée le 6 février dernier par un terrible tremblement de terre, ajoutant le désespoir à la désespérance. Quant à Bachar el-Assad, il demeure au pouvoir, réélu sans surprise à la présidence syrienne pour la quatrième fois consécutive en 2021. Dès lors, comment envisager une reconstruction politique, économique et sociale en Syrie ? Quel avenir pour la région d’Idleb ? Bachar el-Assad va-t-il revenir dans le jeu régional ? Quels sont les calculs stratégiques du régime syrien ?

La guerre n’est absolument pas terminée aujourd’hui en Syrie. Bachar al-Assad tente de démontrer qu’elle est terminée parce qu’il a reconquis 70% du territoire grâce à ses alliés russes et iraniens. Mais la situation est loin d’être stabilisée. Même s’il contrôle Damas, des pôles entiers continuent à lui échapper. Il y a eu moins de combats depuis le covid, puisqu’une trêve a été demandée par l’ONU mais on sait que les combats ont repris puisque Bachar al-Assad veut réduire cette poche de la région d’Idleb au Nord-Ouest du pays gardée par des rebelles et contenant trois millions de personnes. Des bombardements continuent à atteindre cette zone. Cette situation est donc loin d’être stabilisée.

La reconquête armée est impossible aujourd’hui, l’armée de Bachar al-Assad n’a pas les moyens de lancer une opération d’envergure pour reprendre ce territoire. Aujourd’hui, l’armée est complètement exsangue étant donné le fait que le conflit dure depuis douze ans, avec une difficulté à recruter car les jeunes syriens partent pour ne pas faire leur service militaire. Des négociations se déroulent entre Bachar al-Assad et les Kurdes, il acceptearit une autonomie des Kurdes car il sait qu’elle est inéluctable. Mais la parole d’Assad n’a aucune valeur, il peut promettre aujourd’hui une certaine autonomie aux Kurdes mais ce ne sera pas forcément respecté par la suite.

Parler de reconstruction est totalement prématuré alors que le pays est en situation de guerre. La réélection d’Assad s’est passée dans des conditions dramatiques puisque plus de la moitié de la population n’a pas pu voter, donc tout ceci ne correspond à rien. La réalité est qu’il a très peu de pouvoirs entre les mains à Damas, puisque si les Russes et les Iraniens se retiraient, il aurait une plus grande difficulté à se maintenir. L’objectif des Émirats arabes unis en rouvrant l’ambassade à Damas est de savoir ce qui se passe dans le pays et de pouvoir contrer cette influence iranienne qui inquiète fortement les pays du Golfe.

Assad veut éradiquer la région d'Idleb donc il ne veut pas fournir d'aides humanitaires là-bas. On est à ce degré là d’inhumanité, on ne peut alors rien obtenir de ce régime parce que Bachar al-Assad est dans la logique d’écraser tous ceux qui ne partagent pas ses idées

Aujourd’hui, on entend dire “il faut normaliser avec Bachar al-Assad”. On ne peut pas normaliser avec le régime syrien parce que c’est un régime qui disait face caméra qu’il n’avait jamais utilisé l’arme chimique alors que tous les rapports le démontrent. C’est un régime avec lequel on ne peut pas parler parce qu’il passe son temps à mentir. L’idée aujourd’hui est d’apporter une aide humanitaire à la population syrienne qui souffre, en particulier depuis le tremblement de terre instrumentalisé par Assad pour que toutes les aides passent d’abord par Damas afin de montrer qu’il est le chef. À partir de là, on n’a rien à normaliser.

Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO

ÉDITO

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Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

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Entretien avec Haoues Seniguer

Haoues Seniguer, 29 novembre 2011
« On ne peut, pour l’heure, se fier qu’aux seuls scrutins antérieurs car nous n’avons pas suffisamment de recul pour établir une géographie électorale rigoureuse. Néanmoins, des lignes de forces peuvent se dégager. Le PJD est un parti urbain qui recrute dans les milieux éduqués. Ce n’est pas un hasard s’il perce une nouvelle fois dans les grandes villes : Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech (ce qui est une nouveauté) etc. Il apparaît également qu’il aurait progressé dans le milieu rural là où il échouait systématiquement à cause des réseaux clientélistes animés par des notables proches du milieu des affaires et des centres du pouvoir qui achetaient les voix »
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Lettre d’information de l’iReMMO