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Gaza: qui veut vraiment d’un cessez-le-feu?

Après la tribune des dirigeants français, égyptien et jordanien, soulignant l’impuissance de la résolution de l’ONU et alors que Benyamin Netanyahou continue d’affirmer qu’une offensive aura lieu sur Rafah, un cessez-le-feu est-il vraiment envisageable ?

La pression étant très forte de la part de la communauté internationale et des États-Unis sur la protection des civils, si Israël veut lancer cette opération à Rafah il ne peut le faire en l’état actuel en raison des 1,5 millions de Palestiniens qui s’y trouvent. Par conséquent, pour mettre en place cette offensive il faut absolument qu’il puisse dire qu’une partie de la population peut être en sécurité et dispose d’un endroit où se réfugier. Le fait de quitter Khan Younès permet ainsi à Netanyahou de dire qu’un espace est libre pour les civils s’ils le veulent et lui permet d’attaquer Rafah en laissant paraître qu’il répond aux exigences de protection des civils alors même que ce déplacement est en pratique très compliqué pour la population et que l’état de Khan Younès ne représente pas une alternative pour la population. De plus, Netanyahou ne souhaite pas que les Palestiniens venant du Nord y retournent afin de garder sa zone tampon, Khan Younès devient là aussi un réceptacle pour ce “problème”.

En raison de l’absence d’observateurs étrangers sur place, nous dépendons de la communication de l’armée israélienne qui en état de guerre joue aussi de sa communication pour ses intérêts. Il faut donc se montrer très prudent avec ces stratégies. 

Ce retrait est donc surtout un argument utilisé par Israël pour projeter son opération sur Rafah et non une main tendue à la population palestinienne. 

Les rapports de l’agence de l’ONU font état de presque 70% du territoire détruit, cela inclut les bâtiments mais aussi les terrains agricoles sur lesquels les chars israéliens sont passés, les cimetières ect… Il faut comprendre qu’il y a une volonté de détruire la mémoire de Gaza, son histoire, au-delà de la destruction de bâtiments. L’histoire culturelle disparaît dans ces destructions et sera irrécupérable.

 

 

Qui veut d’un cessez-le-feu ? Le Hamas et Netanyahou le veulent-ils vraiment ?

Netanyahou joue sa survie politique et donc suit une politique “jusqu’auboutiste” au point où l’on voit qu’il s’intéresse aussi à la frontière nord avec le Liban pour trouver des gains qu’il n’arrive pas à obtenir dans Gaza. Du côté du Hamas, il sait que si la libération des otages intervient, il n’aura plus rien entre les mains pour faire pression. Les deux côtés font donc traîner ces négociations. 

La question qui se pose aussi pour le Hamas, c’est que les négociateurs qui sont aujourd’hui à Doha et qui négocient avec l’Égypte ne sont pas ceux qui ont les cartes en main, ce sont les personnalités du Hamas dans la bande de Gaza, qui se cachent, qui ont le dernier mot. Donc il y a des tensions internes : d’un côté les représentants à Doha voient l’intérêt d’une négociation, de l’autre, à l’inverse ceux qui combattent sur place ne perçoivent pas la situation de la même façon. 

Enfin, avec Netanyahou qui rappelle sans cesse son intention de lancer l’opération sur Rafah, comment établir une confiance pour une trêve ?

Depuis le 7 octobre, des centaines de Palestiniens ont été emprisonnés, aujourd’hui les prisons israéliennes sont pleines de Palestiniens. L’exigence du Hamas est donc d’obtenir une large libération pour répondre au plus d’un millier de Palestiniens emprisonnés depuis le 7 octobre. En revanche, le “ratio” entre la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens fait l’objet de négociations. Les prisonniers palestiniens n’ont pas tous la même valeur en termes d’échange: on sait que certains responsables palestiniens sont prisonniers à côté de Palestiniens pris très récemment sans même aucune charge à leur encontre.

 

Le Hamas a présenté ses excuses à la population de Gaza. Même s’il est actuellement très difficile de savoir ce que pense la population palestinienne du Hamas, la présence de ce communiqué peut laisser penser que des voix s’élèvent à Gaza contre le Hamas et qu’il cherche à anticiper des réactions très négatives à son encontre.

En Égypte, ce sont les services égyptiens qui ont la mission de négocier avec les Palestiniens et le Hamas, depuis des dizaines d’années. Ils connaissent tous les interlocuteurs dans la bande de Gaza et sont dans ce sens des facilitateurs pour les négociations, les responsables des services connaissent tout le monde, peuvent négocier et ont des intérêts à pouvoir faire passer des messages. Cependant, ce n’est pas lui qui joue un rôle décisif et actif dans les négociations. 

Agnès Levallois, vice-président de l’iReMMO.

ÉDITO

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

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Et pendant ce temps en Israël

Uri Avnery, 20 mai 2011
Depuis des années, Uri Avnery [2] écrit chaque semaine une chronique en rapport avec la vie politique et sociale de son pays (les grands événements comme les incidents qu’il trouve significatifs) et les actions du mouvement dont il est le fondateur le plus connu, Gush Shalom (le Bloc de la paix). Ces articles, écrits en hébreu et en anglais, s’adressent essentiellement à ses compatriotes israéliens. Mais ils sont de plus en plus diffusés et repris à l’étranger, en anglais, en arabe, en allemand, en français, par internet et dans des revues politiques ou associatives de nombreux pays à travers le monde. Ci-dessous nous publions de larges extraits de trois de ces chroniques qui donnent le point de vue de l’auteur mais aussi une idée de la réaction israélienne (gouvernement et société) aux révolutions arabes.

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Lettre d’information de l’iReMMO