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Guerre Israël-Hamas: quelle issue?

Les États-Unis viennent de poser leur véto à un appel du Conseil de Sécurité de l’ONU pour un cessez-le feu immédiat à Gaza. Ils proclament pourtant que la situation est catastrophique, qu’une attaque terrestre à Rafah serait un désastre et qu’il faut donner de l’espoir, une aide alimentaire et sanitaire aux Palestiniens. En parallèle, ils soutiennent Israël en lui fournissant des armes. Ils vont ainsi dans le sens stratégique d’Israël, ce même sens qu’ils qualifient aussi de désastre. On assiste ainsi à un réel décalage entre la réalité d’une situation historiquement dramatique et l’inaction du Conseil de Sécurité qui a une responsabilité à assumer face à ces événements.

Ce véto s’explique par une politique de soutien total à Israël. Pour Israël, la victoire passera par l’éradication du Hamas et pour cela, le conflit armée doit continuer. Les États-Unis sont les seuls à pouvoir changer la donne dans ce conflit, mais ce véto donne au contraire une sorte d’autorisation à Israël pour mener ses stratégies. Cette posture risque de lancer un engrenage de violences non maîtrisé avec tout le drame que cela continuera d’infliger aux Gazaouis. L’Égypte se prépare d’ailleurs à ce que la frontière cède même si elle rejette ce scénario depuis le début.

Concrètement, une attaque terrestre à Rafah, avec plus d’un million de personnes déjà dans une dénuement total, représenterait un désastre humanitaire absolu pour un résultat militaire quasiment nul. Si le Hamas a dû prévoir de quoi s’exfiltrer, le million de personnes présent dans la ville ne le peut pas. Par ailleurs, l’aide humanitaire utilise Rafah comme point de passage. Par conséquent, cela signifie aussi un désastre total pour le déploiement de l’aide qui est déjà compliqué.

 

L’ultimatum d’Israël consistant à demander au Hamas de relâcher les otages avant le 10 mars, pour éviter l’offensive terrestre sur Rafah, ne semble pas décider le Hamas. Lui aussi, est engagé dans une stratégie mortifère. Cette guerre est une impasse stratégique, qui ne débouchera sur rien sans une sortie par le haut. Alors qu’un nouveau rapport d’Unicef vient de sortir, annonçant qu’au moins 90 % des enfants de moins de cinq ans à Gaza sont touchés par une ou plusieurs maladies infectieuses, le dimension humaine du conflit devrait suffire à faire stopper cette guerre militaire tant l’état des lieux est accablant. Finalement, cette logique “jusqu’au boutisme” va aboutir à produire de plus en plus de rancœur du côté palestinien et accentuer les envies de vengeance.  

 

Le Hamas est une organisation politique qui fait partie de l’histoire du peuple palestinien. Si des élections libres pouvaient avoir lieu, il est possible que le Hamas soit élu car il incarne pour les Palestiniens la résistance. Pour sortir de cette crise il faudrait donc un règlement politique global. La position des Américains ne permet pas d’aller dans cette direction, alors même qu’ils la demandent.

Actuellement, les auditions ont lieu à la Cour internationale de justice. La délégation palestinienne avance l’occupation illégale d’Israël en raison du dépassement du critère d’occupation temporaire. Si la Cour affirme que cette occupation est illégale dans son avis non contraignant, la référence au sujet de cette question sera qu’Israël est dans l’illégalité. On assiste à une remise en question du droit international, qu’il s’agisse du droit à l’autodétermination ou du droit humanitaire avec la quatrième Convention de Genève.

Les propos d’Israël sur le refus de voir la communauté internationale s’ingérer dans ce conflit révèle son intérêt à rester dans un face à face avec les Palestiniens. En sachant l’asymétrie absolue dans cette relation, le face à face fait d’Israël le maître de toute négociation. Par conséquent, sans intervention internationale, il n’y a aucune chance que des négociations entre Israéliens et Palestiniens aboutissent.

Actuellement, Israël est en situation de guerre ce qui impose une unité au sein de la nation. Cependant, dans cette guerre, Netanyahou est en train de jouer sa survie politique. Le jour où la guerre s’arrêtera, il se retrouvera face à beaucoup de contestations et de critiques de toutes natures entre la responsabilité sur le 7 octobre, la responsabilité sur cette guerre, le rapport aux otages puisque très peu ont été libérés et certains sont morts, et la remise en question de l’État de droit avant même le déclenchement de la guerre…

Intervention de Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO.

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