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La situation au Proche-Orient est-elle hors de contrôle?

Semaine après semaine, la mobilisation ne faiblit pas en Israël contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement Netanyahou. Près de 250 000 personnes ont défilé samedi (4 mars 2023) dans plusieurs villes du pays pour redire leur opposition au texte. Pour eux : il menace clairement les institutions démocratiques. Israël est-il à un tournant de son histoire? Avec quelles conséquences pour le pays, pour les Palestiniens et pour le reste de la région?
Quand on parle de démocratie, il faut distinguer deux choses : la démocratie, c’est évidemment des élections, un système représentatif, un peuple qui vote au suffrage universel direct. Mais elle  n’est pas seulement ça, elle compose fondamentalement des valeurs qui doivent être protégées par un État de droit. Une majorité politique quelle qu’elle soit est tenue de respecter les valeurs qui sont inscrites dans l’État de droit et dans les lois constitutionnelles même si en Israël il n’y a pas de véritable constitution écrite. Ce n’est alors pas seulement une réforme judiciaire mais une rupture avec l’État de droit : il n’y aura plus de possibilité pour la Cour Suprême d’empêcher que des lois qui iront à l’encontre des valeurs fondamentales de liberté soient appliquées, la majorité pourra faire ce qu’elle veut, et c’est très grave. C’est une rupture profonde qui a lieu aujourd’hui en Israël. C’est une démocratie qui n’en est plus une puisqu’elle abandonne le socle des valeurs.

Il est reconnu par le droit international que les Palestiniens ont le droit à l’autodétermination. L’Autorité palestinienne ne représente plus rien aujourd’hui. La jeunesse au premier rang de ces batailles ne se reconnaît pas du tout dans les autorités palestiniennes qui sont dans une coopération sécuritaire qui n’a aucun sens.

Comment en est-on arrivé là ?

Il faut revenir longtemps en arrière. En 2001, au lendemain de l’intifada, le premier ministre a été élu au suffrage universel direct et la droite s’est installée au pouvoir. Depuis, il y a eu des gouvernements successifs, et à chaque fois on disait que c’était le gouvernement était de plus en plus à droite. D’après un sondage récent, 75% des gens sont en faveur de la droite et une bonne partie de la jeunesse vote pour des partis d’extrême droite, donc ce mouvement n’est pas un accident de parcours mais c’est un glissement historique qui touche la jeunesse.

On parle de la dévitalisation de la Cour Suprême par cette rupture, et l’État israëlien se revendique être un État colonial. La loi de 2018 sur l’État nation du peuple juif dit clairement que la colonisation est une valeur fondamentale de l’État. Les forces qui sont aujourd’hui au pouvoir vont tout faire pour que cette valeur fondamentale soit mise en œuvre. Par conséquent, si l’on combine cette rupture de l’État de droit et cet enjeu de colonisation, on est dans la même logique : ce sont les mêmes personnages qui sont aux commandes depuis longtemps. Il est bien clair que les gens qui sont au pouvoir vont accentuer encore leur mentalité coloniale.

Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO

ÉDITO

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La Turquie aux avant-postes à Charm el-Cheikh

Alors qu’en Turquie le cours de l’euro est en passe de franchir le seuil fatidique des 50 livres, que l’inflation est repartie à la hausse et que l’on se demande qui sera le prochain maire CHP arrêté, Recep Tayyip Erdoğan s’emploie à faire oublier une conjoncture intérieure plutôt sombre, en faisant feu de tout bois sur le plan international. Grande bénéficiaire de la chute du régime de Bachar al-Assad à la fin de l’année 2024, la Turquie a joué, en effet, en cet automne 2025, un rôle remarqué dans la conclusion de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, en particulier lors du sommet de Charm el-Cheikh. Retour sur cette implication et ses perspectives…

Par Jean Marcou, professeur émérite à Sciences Po Grenoble-UGA

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

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Le Liban et la crise syrienne

Loïc Kervran et Olivier Marty, 22 octobre 2012
Très affecté aux plans économique, social, et sécuritaire par le conflit voisin, le Liban est à la fois la victime et l’instrument de la crise syrienne. Au ralentissement de l’activité induit par les liens commerciaux, touristiques et financiers des deux pays, se greffent des conflits civils opposant partisans et opposants à Damas, tandis que le tissu social est éprouvé par l’afflux de réfugiés syriens. Pire, la porosité de la frontière expose aussi le Liban à des tentatives de déstabilisation de Damas qui augurent très mal de la chute éventuelle du régime.

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Lettre d’information de l’iReMMO