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La Turquie a-t-elle basculé dans l’autocratie?

Selon Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient à Paris, Recep Tayyip Erdogan « n’a jamais accepté l’idée que [le CHP] ait pu prendre la mairie d’Istanbul ». Dans l’émission Forum de la RTS dimanche, la spécialiste dit voir la situation actuelle comme un « règlement de compte » du président turc vis-à-vis de son rival Ekrem Imamoglu.

Soulignant la très forte mobilisation populaire, elle estime ainsi que Recep Tayyip Erdogan a pris un risque. « Cela peut coaliser beaucoup de ressentiment de la part d’une partie de la population turque face à ce comportement autocrate. »

Agnès Levallois s’interroge toutefois sur la capacité de cette mobilisation à se maintenir sur la durée. « On est quand même dans un système où Erdogan exerce de plus en plus une très forte répression sur tous ceux qui osent élever la voix contre sa stratégie et sa politique », rappelle-t-elle.

Ça fait un certain temps qu’on voit Erdogan avoir des attitudes d’autocrates, qui gère le pays d’une main de fer et qui n’a jamais admis finalement que le maire d’Istanbul ait pu prendre la mairie à son parti. Puisque lui-même avait été maire d’Istanbul pendant des années et n’a jamais accepté que ce parti d’opposition ait pu prendre la mairie d’Istanbul. On voit bien là un règlement de compte d’un côté politique mais aussi personnel de la part d’Erdogan vis-à-vis de son rival.

De notre point de vue d’observateur d’extérieur, on se rend compte que la mobilisation est extrêmement forte. Mais est-ce qu’elle va pouvoir se maintenir, et est-ce que la répression qui s’abat sur les turcs va être bien encore plus forte et va contraindre finalement toute cette mobilisation à se calmer en raison de la répression. On est dans un système où Erdogan exerce une répression plus forte à l’égard de tous ceux qui osent élever la voix vis-à-vis de sa stratégie et sa politique. Je trouve qu’il va très loin en prenant ce risque puisque ça peut coaliser beaucoup de ressentiment de la part d’une partie de population turque face à ce comportement d’autocrate.

C’est vrai que ce coup de théâtre qui a eu lieu vis-à-vis d’Öcalan et du PKK, on sait très bien que depuis des années Erdogan avait tenté de régler la question kurde car il a besoin de leurs votes pour maintenir le pouvoir. Donc là ça était un coup d’éclat qu’il a réalisé mais là aussi quelle durabilité va-t-on pouvoir accorder à cette décision de la part du PKK de rendre les armes, mais Erdogan se projette même s’il paraît bien en amont à ce rendez-vous électoral, comme s’il voulait effectivement anéantir toute contestation possible pour que les turcs se disent finalement qu’on a plus d’autres solutions que celle-ci. Et donc personne ne peut remettre en question son pouvoir mais il risque aussi de payer le fait de se sentir comme ça tout puissant sans tenir compte de la réalité du pays.

Nous avons de plus en plus des chefs d’état à travers le monde, et avec l’arrivée de Donald Trump, qui considèrent que la façon forte est la seule façon qui vaille aujourd’hui est la seule façon qui s’impose au monde, on le voit avec Trump, Poutine, Netanyahou, et j’en oublie certains. Je crois que nous sommes effectivement dans une phase où les comportements forts ne suscitent plus les mêmes critiques qu’auparavant et que Erdogan surfe me semble-t-il sur cette vague.

L’Arabie Saoudite se place dans la logique d’être un acteur non plus seulement régional mais international, qu’aujourd’hui va abriter l’exposition universelle en 2030 et la coupe du monde de football. Elle veut jouer dans la cours des grands et estime qu’elle a des moyens pour cela et dans le cas du conflit entre la Russie et l’Ukraine, elle a d’excellentes relations avec Trump qu’elle va mettre au service de la négociation avec la Russie car elle a également d’excellentes relations avec l’Ukraine. Cela lui permet de montrer qu’elle est un acteur incontournable qui a des cartes à jouer au mieux de ses intérêts avec l’idée derrière de si elle est un acteur incontournable, elle peut l’être également sur la scène économique et qu’elle a besoin d’investisseurs pour mener à bien ses grands projets.

Agnès Levallois, vice-président de l’iReMMO.

ÉDITO

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Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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Et pendant ce temps en Israël

Uri Avnery, 20 mai 2011
Depuis des années, Uri Avnery [2] écrit chaque semaine une chronique en rapport avec la vie politique et sociale de son pays (les grands événements comme les incidents qu’il trouve significatifs) et les actions du mouvement dont il est le fondateur le plus connu, Gush Shalom (le Bloc de la paix). Ces articles, écrits en hébreu et en anglais, s’adressent essentiellement à ses compatriotes israéliens. Mais ils sont de plus en plus diffusés et repris à l’étranger, en anglais, en arabe, en allemand, en français, par internet et dans des revues politiques ou associatives de nombreux pays à travers le monde. Ci-dessous nous publions de larges extraits de trois de ces chroniques qui donnent le point de vue de l’auteur mais aussi une idée de la réaction israélienne (gouvernement et société) aux révolutions arabes.

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Lettre d’information de l’iReMMO