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Réquisitions de mandats d’arrêt de la CPI contre le Hamas et Israël et mort du président Ebrahim Raïssi

Les demandes de mandats d’arrêt à l’encontre de dirigeants du Hamas et de dirigeants israéliens ne visent pas à mettre dos à dos les deux parties mais prend en revanche acte de ce qui se passe dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. D’un côté le massacre du 7 octobre, organisé et perpétré par le Hamas qui justifie complètement que des poursuites soient engagées contre le Hamas et de l’autre la réaction d’Israël face à ce drame, qui est désormais considérée comme disproportionnée et qui induit donc la qualification de crimes de guerre. Ces demandes montrent que nous sommes face à l’analyse de la situation dramatique dans la bande de Gaza.

Le Hamas dit que la CPI assimile la victime au bourreau…

Il ne s’agit pas d’assimiler la victime au bourreau. La démarche du Hamas, qui se positionne comme un “mouvement de résistance”, est de définir son action comme une réaction à la politique israélienne menée dans les territoires palestiniens et en particulier à Gaza. Chacun est donc dans son récit. Le drame finalement, est l’instrumentalisation de la situation pour servir chacun des récits. Il est tout de même vrai que depuis des décennies dure une situation d’impunité d’Israël, qui n’a respecté aucune des résolutions de l’ONU. Si cela ne justifie rien, de nombreux éléments permettent d’appréhender la situation dans toute sa globalité et complexité.

Le récit Israélien est de dire qu’une démocratie est mise sur le même plan qu’une organisation terroriste par la Cour pénale internationale…

Peut-on qualifier de démocratique le comportement d’Israël dans la bande de Gaza ? Il faut en premier lieu diviser ce qu’est Israël sur le territoire israélien vis-à-vis de ses citoyens et la stratégie qui est menée par Israël dans la bande de Gaza depuis le 8,9 octobre avec notamment le fait de bloquer ce territoire, d’affamer la population avec un nombre de victimes qui est considérable. 

C’est un véritable choc pour Israël d’être perçu aux yeux de la communauté internationale comme étant responsable et sujet à ces poursuites. D’une part car ces accusations renvoient dans l’Histoire des Juifs et d’Israël à un moment dramatique évidemment, au procès de Nuremberg, et d’autre part car depuis sa création, l’État d’Israël a été à plusieurs reprises condamnés par des résolutions de l’ONU sans qu’il n’y ait jamais eu de volontés de la communauté internationale de permettre l’application de ces résolutions. Cela a donné à Israël le sentiment que c’est un État dont la particularité historique lui donnait une place spéciale, ne le mettant pas au même rang que les autres États à travers le monde. Or, la demande de mandats vient montrer que ce que fait Israël à Gaza n’est pas tolérable et est dénoncé.

La France dit soutenir la Cour Pénale internationale, son indépendance et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations, là où les Américains jugent la décision de la CPI scandaleuse…

La question des alliances permet de comprendre la réaction des États-Unis. Joe Biden soutient inconditionnellement l’ »État d’Israël » depuis le début du conflit. La France, considère que la base de l’attitude doit être le respect du droit international. Il faut souligner la volonté de certains États, dont la France, de dire que la base du système international c’est le droit international et que son respect doit primer sur le reste. Comment demander le respect du droit international sur certains dossiers et non sur d’autres ? C’est cette incohérence qui provoque des réactions à travers le monde. On en revient une nouvelle fois au “deux poids deux mesures”. 

La Cour pénale internationale fait du droit, non pas de la politique. Elle s’appuie sur des faits, des faits qui sont avérés. 

Si ces mandats étaient confirmés cela signifierait que les responsables, en l’occurrence Israéliens, ne pourraient plus se déplacer dans les pays partie à la CPI, comme la France par exemple. Certains juristes commencent à mettre en avant le fait que les armes tuant des civiles venant majoritairement des États-Unis, cela pourrait avoir des conséquences pour l’administration Biden.

D’un point de vue interne, ce gouvernement est très fragile, il y a beaucoup de manifestations contre le gouvernement actuel. Le ministre de la défense a même estimé l’absence d’une vision politique sur le long terme et pour l’après-guerre. Cependant, la décision de la CPI resserre les rangs derrière Netanyahou, car le pays dans sa globalité se sent attaqué et ne comprend pas la décision.

Dans le contexte israélo-palestinien, on retrouve un processus d’invisibilisation des Palestiniens de la part d’Israël qui avait débuté avant le 7 octobre. Par conséquent, le 7 octobre a d’autant plus était un choc pour la population israélienne qui s’était habituée à la situation de conflit au point où on n’en parlait plus. L’effet de sidération du retour de la question palestinienne a donc était très puissant  et permet aussi de comprendre que les Israéliens détournent le regard de ce qu’il se passe dans Gaza.

Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO.

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