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Syrie : l’unité ou le chaos ?

Il ne fallait pas parler de naïveté. En effet, il était tout à fait normal qu’à la chute de Bachar El-Assad, tout le monde soit très heureux de la fin d’un régime autoritaire. Toutefois, chacun savait que la situation serait compliquée. Ainsi, les premières semaines et les premiers mois ont été exemplaires, car aucune exaction n’a été constatée, alors que l’on s’attendait à des violences immédiates. Cette absence d’exactions a permis aux forces restées proches de Bachar Al-Assad de s’organiser, car elles étaient déterminées à empêcher une transition normale. Certes, des exactions ont eu lieu, mais elles étaient limitées par rapport à la violence que le pays avait connue durant des décennies.

Depuis trois mois, la situation reste exemplaire, bien que ce terme puisse choquer au vu du contexte. Ainsi, les événements du week-end dernier étaient redoutés. Cependant, la signature de l’accord par le président par intérim démontre son engagement dans la réunification du pays. En effet, la Syrie est complètement morcelée, et son premier défi consiste à assurer cette unité en évitant que les divisions professionnelles et communautaires n’entravent la transition. Toutefois, des forces issues de l’ancien régime ainsi que des islamistes radicaux considèrent les Alaouites comme des hérétiques et veulent les écarter, voire les massacrer. De son côté, le président Al-Chareh semble déterminé à mener à bien ce processus, mais il doit faire face aux extrémistes présents dans son propre camp. Par conséquent, la principale menace qui pèse sur lui est dûe à ces radicaux qui jugent qu’il fait trop de compromis et se montre trop ouvert face à l’idéologie islamiste radicale.

Par ailleurs, laa Syrie sort de quatorze ans de guerre civile, et Al-Chareh a pris le pouvoir. Or, il ne correspond pas à la personne idéale pour mener la transition avec l’ancien régime, car son projet politique ne fait pas l’unanimité. Toutefois, il a su éviter les massacres immédiats après la prise de pouvoir à Damas. De même, il a limité les affrontements dans un premier temps, avant que les partisans de Bachar Al-Assad ne lancent des attaques, tentant ainsi de confessionnaliser les tensions.
Il est donc crucial de ne pas tomber dans ce piège. Al-Chareh reste pragmatique, bien qu’il ait un passé d’islamiste conservateur et porte un projet qui ne convient pas à une grande partie de la société syrienne. Cependant, il faut faire confiance aux Syriens, qui ont su s’opposer à la modification des manuels scolaires. Ils ont démontré, après quatorze ans de guerre, qu’ils étaient capables de gérer leurs affaires. Ainsi, les ingérences extérieures doivent cesser.

Dès lors, la France doit adopter une attitude correcte envers ce régime, en soutenant la transition tout en évitant toute ingérence. En effet, la guerre en Syrie a été exacerbée par les interventions étrangères, chacun poursuivant son propre agenda, qu’il s’agisse de l’Iran, de la Russie, de la Turquie, du Qatar ou de l’Arabie Saoudite. Aujourd’hui encore, la Turquie, qui a aidé à la prise de pouvoir, et Israël, qui bombarde régulièrement, compliquent la transition.

Enfin, il est essentiel d’aider la Syrie autant que possible, mais en respectant les demandes des Syriens et en imposant certaines conditions. Contrairement à l’Irak, où la transition était le résultat d’une intervention étrangère, le mouvement syrien est issu de la volonté du peuple, qui continue d’en assurer la conduite.

Agnès Levallois, vice-président de l’iReMMO.

ÉDITO

ÉDITO

Israël-Palestine : pour un retour au politique

TRIBUNE parue dans Le Monde  du 9 mars 2025

 

 

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien.

Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Sombres perspectives pour l’Europe et l’Euro ?

Robert Bistolfi, 7 juin 2012
Même dans ses émissions politiques réputées, la télévision a tendance à privilégier l’écume des faits au détriment des analyses de fond. Ce n’est donc pas là que le citoyen de base trouvera de quoi asseoir son opinion sur les quelques sujets centraux de la période. En revanche, une partie de la presse écrite offre de quoi réfléchir à qui veut vraiment s’informer : la note qui suit a été rédigée après lecture de quelques textes parus récemment à propos de la crise dans la zone Euro. Cette crise européenne affecte la Méditerranée, directement puisque certains pays de la rive nord sont dans l’œil du cyclone, mais également indirectement car l’enfoncement dans la crise pèse également sur les perspectives financières de la coopération euro-méditerranéenne déjà très ralentie par les atermoiements politiques.

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Lettre d’information de l’iReMMO