Ecraser Rafah constitue l’ultime étape de cette stratégie de liquidation afin que les Gazaouis quittent en masse leur territoire

Les déclarations de responsables israéliens, la mise en cause radicale de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens) et l’imminente offensive terrestre de l’armée contre Rafah forment un tout très cohérent qui révèle le véritable objectif du gouvernement Nétanyahou : liquider la question palestinienne.

Toutes les déclarations des représentants israéliens convergent vers la volonté de détruire le Hamas, mais aussi d’en finir avec la question palestinienne en détruisant  la bande de Gaza pour que la population ne puisse plus y vivre. Ces déclarations nourissent quotidiennement la presse israélienne. Le général Giora Eiland a réitéré, le 9 octobre, son appel à rendre Gaza inhabitable : « L’Etat dIsraël na pas dautre choix que de faire de Gaza un lieu où il sera temporairement, ou pour toujours, impossible de vivre. »

Ces propos ont été immédiatement mis en œuvre, laissant le monde spectateur de cette stratégie dévastatrice. Un haut responsable de l’ONU constate que « la situation est devenue apocalyptique pour les Palestiniens chassés dans une poche au sud vivant dans une horreur absolue ». Antonio Guterres interpelle le monde en parlant : « d’une crise de l’humanité ». Tandis que la, directrice de l’UNICEF déplore (1/12) que Gaza soit « l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant ».

L’UNWRA, qui est le soutien vital aux 6 millions de réfugiés Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et dans les pays voisins comme le Liban et la Jordanie où ils vivent toujours dans des camps, est un obstacle majeur à la stratégie israélienne. Depuis le 7 octobre, l’Agence joue un rôle absolument décisif à Gaza pour venir en aide aux Gazaouis. Son Commissaire général, Philippe Lazzarini, alerte sans cesse sur la  situation dramatique et dénonce les attaques contre des bâtiments de l’Agence qui servent d’abri aux Palestiniens chassés de chez eux. Or, c’est exactement ce type de déclarations que souhaite éviter le gouvernement israélien, qui a interdit l’entrée de la bande de Gaza à tout journaliste pour empêcher la diffusion d’ informations crédibles sur ce qui s’y passe. 

Si l’affaire des 12 employés de l’Agence (sur 30000 dont un tiers à Gaza) soupçonnés de complicité dans l’attaque du 7 octobre doit évidemment faire l’objet d’une enquête, pour Netanyahou c’est aussi une occasion de décrédibiliser l’Agence pour mieux la « détruire » pensant ainsi en finir avec la question palestinienne dans sa globalité.

Dans ce contexte, l’imminente attaque de Rafah par l’armée israélienne où se trouve plus d’un million de personnes, constitue l’ultime étape de cette stratégie de liquidation afin que les Gazaouis quittent en masse leur territoire pour aller en Egypte ou ailleurs. L’Europe est d’ailleurs visée, comme l’ont écrit Danny Danon et Rai Ben Barak dans une tribune dans le Wall Street Journal, elle “doit faire preuve de compassion ». De son côté, Itamar Ben Gvir, rappelle sans cesse que « l’émigration des habitants de Gaza est nécessaire ». Ce qui permettrait un retour de colons juifs à Gaza…

Malgré que les objectifs de nettoyage ethnique soient pris très au sérieux par les Nations unies et le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, les pays occidentaux ont décidé de suspendre leur contribution financière à l’UNWRA. Cette décision radicale, sans même attendre le résultat des enquêtes en cours, apparaît irresponsable face à l’extrême gravité de la situation. En plus d’aggraver brutalement la situation déjà dramatique, ces pays piétinent leurs obligations de faire respecter les décisions de la Cour internationale de Justice qui, dans son ordonnance, « considère qu’Israël doit prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza … et qu’il doit prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ».

Avec cette décision, c’est l’effet contraire qui risque de se produire dans les prochains jours. Il est ainsi urgent d’agir avant que l’irréparable ne soit commis dans une attaque contre Rafah qui même selon Washington serait un « désastre ».

Agnès Levallois et Jean-Paul Chagnollaud, vice-présidente et président de l’iReMMO

CONFLUENCES MÉDITERRANÉE

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

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Pour le peuple syrien

En quelques jours, les attentats sanglants en Turquie et les raids israéliens sur la Syrie sont venus rappeler l’extrême gravité de la tragédie syrienne et les risques de déstabilisation régionale qu’elle comporte. Comme pour ajouter à la confusion, Mme Del Ponte, la magistrate internationale et membre d’une commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, s’est permise, sans preuves, d’accuser l’opposition d’avoir utilisé des armes chimiques. Venant ainsi mêler sa voix – aussitôt désavouée par l’ONU – à toutes celles qui cherchent à nier la réalité d’une situation dans laquelle un régime est entré en guerre contre son propre peuple. On a, en effet, prétendu bien des choses : que les heurts entre les manifestants et les forces de l’ordre étaient le fait d’éléments infiltrés venus de l’étranger, que l’Observatoire syrien des droits de l’homme publiait systématiquement des informations erronées, que l’opposition était inspirée et instrumentalisée par des Etats hostiles à la Syrie ou qu’elle ne relevait que de la mouvance fondamentaliste sunnite encline aux postures jihadistes et aux alliances avec Al-Qaeda.

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