Caucase-Asie centrale: cet au-delà moyen-oriental

Les Arméniens sont encore nombreux à enrichir la région de leur présence, mais aussi à exposer leur vie à son incandescence. Ils ont amené leur artisanat et leur savoir-faire, leur savoir et leur art, leur liturgie et leur langue. Ils ont aussi subi la guerre civile au Liban et plus récemment en Syrie et sont exposés au conflit en Palestine qui ne les a pas non plus épargnés.

L’ouverture de cet espace géopolitique, à partir de 1991, date de la désintégration de l’URSS, a conduit à des retrouvailles entre ces régions caucasiennes et centrasiatiques avec l’espace moyen-oriental ; ces relations avaient en quelque sorte été gelées pendant la guerre froide. Un rideau de fer s’était donc abattu sur les confins caucasiens et centrasiatiques du monde soviétique. Cette connexion entre les espaces moyen-orientaux et la région Caspienne se retrouve à nouveau au centre de l’actualité en raison notamment de l’intervention russe en Syrie à partir de 2015 et de la guerre arméno-azerbaïdjanaise de 2020 qui se traduisent par une circulation de combattants entre le Moyen-Orient et les espaces caspien et caucasien. Cette aire nous intéresse donc ici en tant qu’elle se trouve en particulier au cœur des stratégies de deux grands acteurs: la Turquie et l’Iran. Quels rôles jouent ces puissances néo-impériales au Caucase et en Asie centrale qui nous permet d’éclairer à frais nouveaux leur rôle au Moyen-Orient ? Quelles stratégies militaires, économiques et culturelles portent-elles dans ces espaces ? Quel jeu de miroir entretiennent-elles entre elles ? Comment les pays de la zone, depuis l’Arménie à la Géorgie en passant par les grands espaces centrasiatiques, s’articulent-ils à leurs agendas pour en bénéficier ou pour les subir ? Quelle tragédie certains peuples, en particulier les Arméniens du Karabagh, subissent-ils sur l’autel de la brutalité, du cynisme et de la désertion politiques ? C’est à ces questions que notre dossier tente de répondre.