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Israël/Palestine : préserver la solution à deux Etats

 

 

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Le Conseil de sécurité vient d’adopter le 23 décembre 2016 une importante résolution qui, après avoir rappelé les textes antérieurs et le principe «de l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la force», réaffirme que les colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est «constituent une violation flagrante du droit international». Et demande donc à Israël d’arrêter «immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le territoire palestinien occupé y compris Jérusalem-Est». Des activités qui mettent «gravement en péril la solution à deux Etats fondée sur les frontières de 1967».

Il faut prendre ce texte très au sérieux parce qu’il est chargé d’une forte légitimité puisqu’il exprime la position du monde entier. Quatre des cinq membres permanents ont voté pour (Chine, Russie, France et Grande-Bratagne). Le cinquième, les Etats-Unis, s‘est abstenu, ce qui revient à un soutien implicite. Quant aux dix autres membres, non-permanents, ils représentent tous les continents.

Il faut le prendre très au sérieux aussi parce qu’il constitue une mise en garde qui prend date face à l’Histoire. Si la solution à deux Etats n’est pas préservée, la situation actuelle va se perpétuer et s’aggraver avec, selon John Kerry auquel on ne peut que donner raison, de lourdes conséquences. 1) Israël ne pourrait plus être, à la fois, un Etat juif et démocratique. Ou bien, il donne la citoyenneté aux Palestiniens et alors la démographie lui fait perdre son caractère juif, ou bien, il conforte sa domination sur des millions de Palestinens et perd son caractère démocratique. 2) Les Palestiniens seraient condamnés à demeurer sous occupation militaire et donc à n’avoir aucune maîtrise de leur destin. Cela signifierait encore davantage d’humiliations et de souffrances et donc, en réaction, de multiples et imprévisibles séquences de violences.

Pour éviter le pire, il faut donc stopper la colonisation et reprendre de vraies négociations dont le Secrétire d’Etat américain a rappelé les principes. Deux Etats sur la base des frontières de 1967 avec des aménagements négociés. Une solution équitable pour les réfugiés. Jérusalem capitale pour les deux peuples avec un libre accès aux Lieux Saints. La fin définitive du conflit avec des mécanismes de sécurité pour Israël et les Palestiniens.

Depuis Oslo, tout ceci est bien connu. C’est ce qu’avait déjà préconisé Bill Clinton en 2000. Mais entre-temps la situation sur le terrain s’est considérablement dégradée : 250.000 colons en 1992, 600.000 aujourd’hui avec une accélération pendant les deux mandats de Barack Obama…

Ces prises de position aussi importantes soient-elles arrivent bien tard et comme elles ne sont assorties d’aucune initiative concrète, leur effectivité risque d’être nulle même si le rappel des régles de droit est toujours utile. Le gouvernement Netanyahu, le plus à droite qu’Israël n’ait jamais connu, est maître du terrain et n’a qu’une obsession : coloniser toujours davantage et empêcher la création d’un Etat palestinien. Il attend l’arrivée de Donald Trump qui lui a réitéré son soutien et a déjà nommé un ambassadeur en Israël fervent partisan des colonies !

Malgré le susrsaut salutaire du Conseil de sécurité, l’avenir apparait donc bien sombre à moins que la conférence internationale prévue à Paris dans quelques jours ne prenne des décsions fortes. Ce qui n’est peut-être pas l’hypothèse le plus probable…

Jean-paul Chagnollaud, Professeur émérite des universités, Président de l’iReMMO

Tribune parue dans le Journal du dimanche, le 30 décemvre 2016.

 

ÉDITO

ÉDITO

La Turquie aux avant-postes à Charm el-Cheikh

Alors qu’en Turquie le cours de l’euro est en passe de franchir le seuil fatidique des 50 livres, que l’inflation est repartie à la hausse et que l’on se demande qui sera le prochain maire CHP arrêté, Recep Tayyip Erdoğan s’emploie à faire oublier une conjoncture intérieure plutôt sombre, en faisant feu de tout bois sur le plan international. Grande bénéficiaire de la chute du régime de Bachar al-Assad à la fin de l’année 2024, la Turquie a joué, en effet, en cet automne 2025, un rôle remarqué dans la conclusion de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, en particulier lors du sommet de Charm el-Cheikh. Retour sur cette implication et ses perspectives…

Par Jean Marcou, professeur émérite à Sciences Po Grenoble-UGA

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Un entretien de Monika Borgmann et Lokman Slim à propos de « Massaker. Sabra et Chatila par ses bourreaux »

Conversation entre Monika Borgmann et Lokman Slim sur le film-documentaire Massaker : Sabra et Chatila par ses bourreaux, dont ils sont les réalisateurs avec Hermann Theissen. Les propos ont été recueillis par Sandra Barrère.

La publication de cet entretien s’inscrit dans la série des hommages qui font suite à l’assassinat le 4 février 2021 au sud du Liban de l’intellectuel libanais. Unanimement reconnu pour sa grande culture, la finesse de ses raisonnements et l’âpreté de ses critiques à l’égard du Hezbollah, Lokman Slim était surtout un être libre. À ce titre, il exerçait son esprit critique tous azimuts, aussi bien à l’endroit du régime syrien, comme en témoigne le film Tadmor (Palmyre) cosigné avec Monika Borgmann en 2017, qu’à l’endroit de l’armée israélienne, ce que le documentaire Massaker, sorti en 2006, manifeste nettement.

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Lettre d’information de l’iReMMO