Home » iReMMO-Suds » Des choses m’ont échappé

Des choses m’ont échappé

Samedi 9 décembre 2023 à 16h

Centre international de poésie Marseille
2, rue de la Charité, 13002 Marseille

Iman Mersal est l’une des figures les plus marquantes parmi une génération de poètes égyptiens qui s’est collectivement affirmée dans les années 1990. Cette génération s’inscrivait en marge d’une culture largement administrée par l’État. Elle prolongeait les inventions du poème arabe moderne, sous le nom de poème en prose. Alors que la période ne laissait guère entrevoir de possibilités de changement politique, les jeunes auteurs traversaient les espaces, du public à l’intime, mettant à l’épreuve généalogies et valeurs sociales. Face au caractère funèbre de l’autorité, masculine, politique, religieuse, Iman Mersal se défend avec humour, invente un art de la trahison. Comme plusieurs membres de sa génération, elle a émigré. Enseignante à l’université d’Edmonton au Canada, elle a repris, après le tournant du millénaire, son œuvre littéraire dans la distance, publiant poésie, essais, récit d’enquête. La vie qui se reconstruit ailleurs est hantée par les lieux et les êtres chers, éloignés, ou perdus. Pour que les maisons ne soient pas des tombeaux, les poèmes disent une manière d’habiter, pour une difficile liberté.

Née en Égypte en 1966, Iman Mersal publie ses premiers poèmes alors qu’elle n’est encore qu’une enfant. Après des études d’arabe à l’Université de Mansoura puis à l’Université du Caire, elle part pour les États-Unis puis pour Edmonton, au Canada, où elle est désormais professeur associé de littérature arabe et du Moyen-Orient et d’Études Africaines à l’Université de l’Alberta. Ses textes ont été publiés dans plusieurs recueils et dans des revues comme Blackbird et The American Poetry Review. 
Iman Mersal  est traduite dans de nombreuses langues, et en français par Richard Jacquemond chez Actes Sud ; une anthologie de ses textes a été réalisée chez Sindbad/Actes Sud, en 2018, sous le titre Des choses m’ont échappé. Sa dernière publication, Sur les traces d’Enayat Zayyat (Actes Sud, 2021) est un livre inclassable sur le suicide d’une jeune écrivaine égyptienne, à la croisée de la biographie et de l’enquête historique. Iman Mersal a reçu le très prestigieux Sheikh Zayed Book Award pour ce livre, et Richard Jacquemond a reçu le Prix Ibn Khaldoun-Senghor 2021 pour sa traduction française.

À droite le portrait d'Iman Mersal et à gauche des motifs rouge et noir

Rencontre avec :

Stéphane Baquey critique de poésie et enseignant-chercheur à Aix-Marseille Université. Auteur en particulier de la préface aux Poèmes de Kiril Kadiiski, co-édités par L’Esprit des Péninsules et l’Université Kliment Oxhridski de Sofia en 2006 (réédition aux Belles Lettres en 2009), du Primitivisme de Denis Roche. Lyrique amazonide (Archives Contemporaines, 2008), et de la préface à la réédition de Orange Export Ltd. d’Emmanuel Hocquard et Raquel (Flammarion, 2020).

Richard Jacquemond agrégé d’arabe, professeur à l’Université Aix-Marseille et actuellement directeur de l’Institut de Recherches et d’Études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM, CNRS). Il est spécialiste des littératures du monde arabe. Il a vécu quinze ans en Égypte, où il a rédigé sa thèse « Entre scribes et écrivains. Le champ littéraire dans l’Egypte contemporaine » soutenue en 1999 puis publiée chez Actes Sud. Il a également traduit une vingtaine d’œuvres de l’arabe, dont le recueil de poésie Des choses m’ont échappé et Sur les traces d’Enayat Zayyat, d’Iman Mersal.

Iman Mersal est née en 1966 dans un village du nord-est du Delta du Nil. Etudes d’arabe à l’Université de Mansoura, où elle fait également ses débuts poétiques ; de 1985 à 1988, elle est co-rédactrice du magasine féministe indépendant Bint al Ard (Fille de la Terre). Elle s’installe ensuite au Caire en 1988 pour poursuivre ses études et se lie avec les jeunes poètes qui formeront vers 1994 le groupe Al-Garad (Les Sauterelles).

Son travail s’oriente dès son deuxième livre vers le poème en prose — loin des grandes formes de la poésie traditionnelle égyptienne — qu’elle juge plus apte à toucher la vie quotidienne et les consciences individuelles. Après avoir soutenu une thèse sur les intertextualités du mysticisme dans la poésie arabe moderne, Imam Mersal s’installe au Canada en 1999. Elle enseigne aujourd’hui l’arabe à l’université d’Alberta.

Livres (en arabe) :

• Marcher le plus longtemps possible, Dar Sharqiyat, Le Caire, 1997.
• Un passage obscur convient pour apprendre à danser, Dar Sharqiyat, Le Caire, 1995.
• Caractérisation, Dar al-Ghad, Le Caire, 1990.

Livres (en français) :

• Sur les traces d’Enayat El-Zayyat, roman, trad. Richard Jacquemond, Actes Sud, 2021.
• Deux choses m’ont échappé, anthologie de ses poèmes, trad. Richard Jacquemond, Sindbad/Actes Sud, 2018.

Livres (traduits en français) :

• Le verbe dévoilé, anthologie de la poésie arabe au féminin, Abdul Kader El Janabi, Paris-Mediterranée, 2001.
• Le poème arabe moderne, anthologie établie et présentée par Abdul Kader El Janabi, Préface de Bernard Noël, Maisonneuve & Larose, 1999.

Revues :
La pensée du midi , n˚12, printemps 2004.

En partenariat avec
Avec le soutien de

CONFLUENCES MÉDITERRANÉE

CONFLUENCES MÉDITERRANÉE

CONTRIBUTIONS

CONTRIBUTIONS

Le conflit syrien: une tragédie humaine et juridique

Depuis le début de la révolution syrienne en mars 2011, le conflit n’a cessé de se transformer en un engrenage de violence, marqué par des attaques répétées contre la population civile. Alors que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme estimait en 2022 que 300000 civils avaient péri, l’Observatoire syrien des droits de l’homme porte ce bilan à plus de 500000. Au-delà des chiffres, le conflit syrien a généré des millions de déplacés, et poussé autant de Syriens à s’exiler. La question du droit des victimes reste aujourd’hui un enjeu crucial pour une population qui réclame justice et reconnaissance de ses souffrances.

De Mohamed-Nour Hayed

Lire la suite »
Lettre d’information de l’iReMMO