Militer au Hezbollah

mercredi 18 janvier 2017

Erminia Chiara Calabrese, auteure de l’ouvrage Militer au Hezbollah. Ethnographie d’un engagement dans la banlieue sud de Beyrouth (éditions Karthala/ifpo, 2016), post-doctorante au CNRS (IREMAM, Aix-en-Provence) au sein du programme Labex Med où elle conduit une nouvelle recherche sur l’engagement militaire du Hezbollah en Syrie depuis 2011. Elle est également chercheure associée au CAMES, American University of Beirut.

Modération : Xavier Guignard, ATER et doctorant en science politique à l’Université Paris I.

  MILITERAU-250-2 Présentation de l’éditeur:

Le Hezbollah libanais irrite, intrigue et fascine. S’il a pu être d’abord décrit comme un parti des mustad‘afîn (les « démunis ») et des mahrûmîn (les « déshérités ») dans les régions négligées de la Bekaa et du Sud-Liban puis dans la banlieue sud de la capitale, le Hezbollah joue aujourd’hui un rôle central dans la mobilisation de l’ensemble de la communauté chiite libanaise, toutes classes sociales confondues.

L’essentiel de la production scientifique sur ce parti a principalement été consacré à son histoire, à sa mobilisation et au parcours de ses principaux dirigeants, à sa « libanisation », à sa structure politique et idéologique ainsi qu’à ses pratiques religieuses. Ce livre met l’accent sur un autre aspect : les militants du parti, qui le vivent au quotidien. Retraçant les histoires des femmes et des hommes qui, à un certain moment de leur vie, ont décidé de s’engager de diverses manières dans les rangs du Hezbollah, il analyse la pluralité des motivations, des parcours de vie et des types d’engagement, tout en reconstituant le système symbolique et quasi liturgique qui conditionne et entretient la mobilisation politique pour ce parti.

Cet ouvrage repose sur une centaine d’entretiens réalisés auprès de militants et de cadres du Hezbollah entre 2005 et 2011, sur l’analyse de nombreux documents du parti (tracts, discours, vidéos…) et sur de multiples observations. Ainsi, l’auteur déconstruit le stéréotype de militants socialement marginalisés, très religieux, voire « terroristes », et relativise l’assimilation mécanique entre l’adhésion au Hezbollah et l’ensemble des expériences politiques vécues par les chiites libanais.

Loin de se réduire à son Conseil exécutif principal, à son leadership ou à son expression officielle, ce parti est aussi l’ensemble de ses militants, qui en représente bien plus profondément la réalité. Les ressorts de la mobilisation se trouvent également dans le façonnage organisationnel que le Hezbollah offre à ses militants et qui combine coercition et sensibilisation, rétributions matérielles et symboliques. Pour comprendre ce que fait et ce que dit le Hezbollah, il faut saisir ce qu’il est, et la société qu’il forme. Ce livre plonge ainsi dans la société du Hezbollah, une dimension peu documentée et pourtant essentielle à la compréhension des engagements qu’il peut susciter.

Ils en ont parlé:

« Militer au Hezbollah – Ethnographie d’un engagement dans la banlieue sud de Beyrouth constitue l’un des rares ouvrages à aller au-delà des reportages superficiels, des fantasmes enfouis, des condamnations a priori ou des défenses de principe du sulfureux parti chiite libanais, devenu en moins de 20 ans la principale force politique libanaise et un acteur militaire incontournable dans la région. » Un entretien par Joseph Confavreux pour Mediapart (14 octobre 2016)

Lettre d’information de l’iReMMO