L’Égypte ou la revanche de l’autoritarisme

Samedi 27 mars 2021 – 11h30-17h30

Dans le cadre du cycle 2021 de l’Université populaire
« Révolutions et contre-révolutions en Méditerranée et au Moyen-Orient (2011-2021) »

Crédit : Pauline Beugnies.
Crédit : Pauline Beugnies

Pays leader du monde arabe, siège de la Ligue des États arabes, pays le plus peuplé de la région (85 millions d’habitants en 2011), l’Égypte entre en révolution le 25 janvier 2011 après une période de luttes sociales, de revendications et de grèves, dans tous les secteurs de l’économie : dans les usines du delta, le commerce, les administrations, comme dans toutes les professions libérales. L’occupation de la place Tahrir au Caire devient le lieu-symbole de la volonté de changement : changement politique d’abord, mais aussi remise en question de la place de l’armée et du rôle prépondérant qu’elle occupe au sommet de l’État comme dans toute l’économie du pays, dont elle détient les secteurs clé. Le 11 février 2011, le départ de Moubarak marque un tournant mais, après la courte parenthèse de la présidence Morsi, le Conseil suprême des forces armées revient à la tête de l’État, pour y rester jusqu’au coup de force qui amène au pouvoir en 2013 le maréchal Abdel Fattah al-Sissi.

Dès lors, comment expliquer le retour à un pouvoir autoritaire renforcé alors que la société égyptienne s’était soulevée très largement en soutien des révolutionnaires de Tahrir ? Peut-on considérer que la sauvegarde des intérêts économiques et financiers des forces armées soit l’une des raisons de la survie du régime ? Ce retour autoritaire doit beaucoup au soutien financier et militaire de l’Arabie saoudite, sans parler de l’appui politique de la France (entre autres acteurs extérieurs) sous couvert de coopération antiterroriste et militaire.

Enfin, la répression sauvage des médias indépendants, des associations de jeunes, des défenseurs des droits humains, du monde des ONG et de la culture, ainsi que la désertification de la vie politique ont plongé la société égyptienne dans une nuit sans fin.

Mais la révolution est toujours un processus qui dure avant d’aboutir.

L’armée, au cœur du pouvoir et de l’économie
avec Yezid Sayigh, maître de recherche au Centre Malcolm H. Kerr Carnegie pour le Moyen-Orient à Beyrouth, où il dirige le programme sur les relations civilo-militaires dans les États arabes (CMRAS). Son travail se concentre sur les rôles politiques et économiques comparés des forces armées arabes et des acteurs non étatiques, l’impact de la guerre sur les États et les sociétés, et la politique de reconstruction post-conflit et la transformation du secteur de la sécurité dans les transitions arabes, et la résurgence autoritaire. Docteur en sciences politiques du King’s College de Londres, il y a enseigné dans de nombreuses universités au Royaume-Uni, aux USA et au Liban. Il a également participé en tant que conseiller et négociateur aux pourparlers de paix israélo-palestiniens des années 1990. Il est l’auteur de nombreuses publications, dont la plus récente est Owners of the Republic : Anatomy of Egypt’s Military Economy (2019).

Recomposition des réseaux militants en Égypte révolutionnaire : le cas des « ex » Frères musulmans
avec Caroline Barbary, docteure en sociologie, elle a soutenu en mars 2019 une thèse sur les réseaux de la jeunesse révolutionnaire en Égypte, leurs formes d’action collective et leurs recompositions au cours de la période 2011-2014. A partir d’un travail empirique approfondi et d’une perspective théorique combinant subaltern studies et sociologie des mobilisations, elle a reconstitué les trajectoires biographiques d’une multitude d’acteur.rice.s, qu’elle a articulé aux dynamiques organisationnelles des partis et collectifs informels et aux reconfigurations politiques de la période révolutionnaire. Elle travaille en ce moment sur un nouveau projet portant sur les inégalités socio-territoriales et les politisations différentielles en Égypte. Elle a notamment publié « Une autre jeunesse « copte » de la révolution. Politisation et trajectoires d’engagement dans l’Union des jeunes de Maspero » (Tiers monde, 2016, no 3, p. 123-145.).

Al-Sissi, l’allié de l’Occident contre le terrorisme
avec Alain Gresh, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et directeur du journal en ligne Orient XXI, média de référence auquel contribuent nombre de journalistes et d’experts français et étrangers spécialistes du Moyen-Orient et du Maghreb. Spécialiste du Proche-Orient, il a écrit plusieurs ouvrages dont Palestine 47, un partage avorté (Complexe, 1994, avec Dominique Vidal), Israël, Palestine. Vérités sur un conflit (Fayard, 2001), L’Islam, la République et le Monde (Fayard, 2004), Les Cent Clés du Proche-Orient (Hachette Littératures, 2006, avec Dominique Vidal), De Quoi la Palestine est-elle le nom ? (Les Liens qui libèrent, 2010). 

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