Au printemps arabe de 2011 a succédé un hiver sans fin, dans trois pays tout particulièrement – le Yémen, la Libye et la Syrie – dont l’histoire et la géographie sont tout à fait dissemblables. Comment expliquer dès lors cette anomalie qui force à s’interroger sur les causes profondes d’un tel destin commun ?
Le Yémen se soulève en janvier 2011; pays parmi les plus pauvres au monde, il est travaillé par des tentations séparatistes et divisé à la fois du point de vue tribal et religieux. C’est d’ailleurs sur fond d’instrumentalisation de l’antagonisme entre chiites et sunnites et que les deux puissances régionales « ennemies », l’Iran et l’Arabie saoudite, jouent leur partition au Yémen.
La Libye, dont la rente pétrolière (l’une des plus importante du continent) entretient un clientélisme endémique, est un pays dont les faiblesses structurelles ont été aggravées par la chute de la production d’hydrocarbures qui a suivi le soulèvement de 2011. Les divisions territoriales et tribales ont enfin favorisé l’intrusion guerrière de parrains étrangers.
En Syrie, dès les premiers jours, la mosaïque communautaire s’est retrouvée dans les manifestations pacifiques de 2011 mais l’instrumentalisation des djihadistes par le régime Assad a réussi à réduire au silence l’opposition démocratique. La révolution syrienne devient alors prétexte à l’intervention de puissances étrangères, accompagnée de la lâcheté coupable de la communauté internationale face au massacre des populations civiles.
Les similitudes s’accompagnent ici d’autant de différences, mais la question centrale est bien celle de l’ingérence étrangère dans le dévoiement guerrier et violent des soulèvements de 2011, initialement pacifiques dans ces trois pays.
Programme
11h30-13h
Yémen : représentations, perspectives et lectures révolutionnaires et post-révolutionnaires
avec Maggy Grabundzija, docteure en anthropologie de l’EHESS, spécialiste du genre au Yémen, chercheuse et consultante indépendante depuis 17 ans, anciennement rattachée au CEFAS. Elle a vécu 15 ans au Yémen et est l’une des rares chercheuses à avoir vécu et documenté durant 1 an la révolution yéménite depuis la « Place du Changement » à Sanaa. Elle est l’auteure de nombreux articles et du livre Yémen : morceaux choisis d’une révolution (L’Harmattan, 2015). Elle est également l’auteure du blog « Yemeni Wisdom – Revolutionto be continued ».
14h15-15h45
Libye : un processus révolutionnaire à l’issue encore incertaine
avec Patrick Haimzadeh, conseiller pour la Libye auprès du centre HD (Centre pour le dialogue humanitaire à Genève, spécialisé dans la médiation de conflits) et coauteur du rapport sur la Libye qui a été remis en novembre 2018 à Ghassan Salamé, émissaire spécial de l’ONU pour la Libye. Il est également ancien diplomate (en poste à Tripoli de 2001 à 2004), chercheur spécialisé sur la Libye et auteur de l’ouvrage Au coeur de la Libye de Kadhafi (Jean-Claude Lattès, 2011).
16h-17h30
Syrie : entre espoir et conflits
avec Salam Kawakibi, directeur du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep Paris), chercheur en sciences politiques et relations internationales. Ancien directeur de l’Institut français du Proche-Orient à Alep en Syrie entre 2000 et 2006, il est également membre du conseil d’administration de l’iReMMO et du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée.
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