Au printemps arabe de 2011 a succédé un hiver sans fin, dans trois pays tout particulièrement – le Yémen, la Libye et la Syrie – dont l’histoire et la géographie sont tout à fait dissemblables. Comment expliquer dès lors cette anomalie qui force à s’interroger sur les causes profondes d’un tel destin commun ?
Le Yémen se soulève en janvier 2011; pays parmi les plus pauvres au monde, il est travaillé par des tentations séparatistes et divisé à la fois du point de vue tribal et religieux. C’est d’ailleurs sur fond d’instrumentalisation de l’antagonisme entre chiites et sunnites et que les deux puissances régionales « ennemies », l’Iran et l’Arabie saoudite, jouent leur partition au Yémen.
La Libye, dont la rente pétrolière (l’une des plus importante du continent) entretient un clientélisme endémique, est un pays dont les faiblesses structurelles ont été aggravées par la chute de la production d’hydrocarbures qui a suivi le soulèvement de 2011. Les divisions territoriales et tribales ont enfin favorisé l’intrusion guerrière de parrains étrangers.
En Syrie, dès les premiers jours, la mosaïque communautaire s’est retrouvée dans les manifestations pacifiques de 2011 mais l’instrumentalisation des djihadistes par le régime Assad a réussi à réduire au silence l’opposition démocratique. La révolution syrienne devient alors prétexte à l’intervention de puissances étrangères, accompagnée de la lâcheté coupable de la communauté internationale face au massacre des populations civiles.
Les similitudes s’accompagnent ici d’autant de différences, mais la question centrale est bien celle de l’ingérence étrangère dans le dévoiement guerrier et violent des soulèvements de 2011, initialement pacifiques dans ces trois pays.