Bosnie
N° 13 Hiver 1994-1995
Dossier dirigé par Christophe Chiclet et Jean-Paul Chagnollaud
La guerre en Bosnie marquera sans doute un tournant capital dans ces premières années de l’après-guerre froide où le monde est en train de perdre tous ses repères. La vitesse foudroyante avec laquelle les événements internationaux sont connus et interprétés occulte complètement la formidable rapidité avec laquelle ils sont oubliés. La surabondance d’informations contribue largement à saturer une mémoire collective qui, de toutes façons, s’est toujours montrée bien peu sensible aux tragédies qui ne semblaient pas la concerner directement, sauf pendant de courts moments d’intense mobilisation qui retombe toujours très vite.
La Syrie, un nouvel échec pour l’ONU?
Ban Ki-moon était, la semaine dernière, le premier secrétaire général de l’ONU à se rendre à Srebrenica où en 1995 les troupes serbes de Bosnie ont massacré près de 8 000 hommes alors que le Conseil de sécurité en avait fait une zone de sécurité sous la protection de Casques bleus. Massacre qualifié de génocide par la justice pénale internationale… Cette visite a son importance, pour la mémoire des Bosniaques assassinés et leurs familles mais aussi pour les Nations unies qui viennent officiellement, par la voix de leur plus haut responsable, de reconnaître leur faute. Comme l’a dit Ban Ki-moon devant le parlement bosniaque : «Les Nations unies n’ont pas été à la hauteur de leurs responsabilités… La communauté internationale a échoué à empêcher le génocide de Srebrenica… qui résonne comme l’un des chapitres les plus noirs de l’histoire moderne.»