Les Palestiniens ne maîtrisent pas l’eau de leur sous-sol

3 décembre 2025
Article de Pierre Blanc
Quelle est la dimension géopolitique de l’eau au Proche-Orient ? Le Proche-Orient est le lieu même de l’aridité. Dans cette région se concentre le plus grand nombre de pauvres en eau, autrement dit des hommes et des femmes qui disposent de moins de 500 mètres cubes par an. Si le manque d’eau est associé à l’Afrique subsaharienne, c’est parce que l’infrastructure y fait défaut plus que la ressource, alors qu’au Proche-Orient c’est un manque de disponibilité qui prévaut. Face à ce déterminisme de la géographie, les populations ont certes construit des réponses sociales, techniques et juridiques au long des siècles pour assurer les besoins fondamentaux, boire et se nourrir. Ce faisant, elles ont fait émerger des civilisations hydrauliques. Mais, du fait de l’accroissement démographique, de la fracturation des bassins hydrographiques par des frontières tracées au XXe siècle et, maintenant, du changement climatique, l’eau est devenue un sujet de division. En attisant les rivalités de pouvoir, elle ajoute de la sorte à la conflictualité régionale. On le voit sur le bassin du Jourdain, où Israël règne en tant qu’hydro-hégémonieau détriment des autres pays riverains, de même que sur le bassin mésopotamien, où la Turquie et l’Iran contribuent à assoiffer les pays d’aval. Sur le Nil, c’est aussi le cas, même si l’hydro-hégémonie égyptienne est maintenant contestée par l’affirmation de l’Éthiopie, qui est le château d’eau du fleuve.