Rencontre avec :
Ariane Bonzon, journaliste et essayiste, spécialiste de la Turquie où elle a été correspondante pour Arte et Slate, après avoir été en poste à Johannesburg puis à Jérusalem. Auteure de Turquie. L’heure de vérité (Empreinte Temps présent, 2019).
Elise Massicard, directrice de recherche au CNRS-CERI (Sciences Po Paris), spécialiste de la sociologie politique de la Turquie contemporaine. Auteure notamment de L’autre Turquie. Le mouvement aléviste et ses territoires (PUF, 2005) et de L’art de l’État en Turquie. Arrangements de l’action publique de la fin de l’Empire ottoman à nos jours (avec Marc Aymes et Benjamin Gourisse, Karthala, 2014) et de Gouverner par la proximité. Une sociologie politique des maires de quartier en Turquie (Karthala, 2019).
Modération: Alain Gresh, directeur du journal en ligne Orient XXI, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique.
Présentation du livre d’Ariane Bonzon Turquie. L’heure de vérité (Empreinte Temps présent, 2019)
Le projet islamo-nationaliste et autocratique du Président Erdoğan est devenu incompatible avec l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Certains, dont le président français, appellent à sortir de l’hypocrisie. L’heure de vérité aurait-elle donc sonné ?
Bras de fer avec l’armée, irrédentisme kurde, fantôme arménien, lutte pour le contrôle de l’État, guerre en Syrie, complaisances avec Daech : les histoires singulières qu’Ariane Bonzon nous rapporte depuis deux décennies dessinent les contours du basculement turc.
Il y a bien sûr le rôle crucial joué par le très populiste numéro 1 turc. Mais au fil des pages, apparaissent d’autres personnalités encore peu connues, devenues célèbres : Hrant Dink, journaliste arménien, assassiné ; Selahattin Demirtaş, l’opposant kurde ; le très laïque général Kemal Yavuz ; Fethullah Gülen, l’ex-allié islamique ; Ahmet Altan, l’écrivain-journaliste…
L’auteure souligne également l’impact que la dérive autoritaire de Recep Tayyip Erdoğan pourrait avoir dans notre pays par ses relais au sein de l’islam de France, ainsi que par l’écho que rencontre sa parole dans nos cités, auprès de certains Franco-maghrébins.