La pression américaine sembel avoir relativement changé la position de Netanyahou. Par ailleurs, Netanyahou est aussi coincé par la population israélienne qui souhaite le retour des otages. Il continue donc de se confronter à la composition de son gouvernement. Les ministres d’extrême droite ont par exemple déclaré que si un accord était signé, la coalition risquait de tomber.
Netanyahou est sur un corde raide : comment accepter un accord sans mettre en danger sa coalition?
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La diffusion de vidéos montrant des otages détenus par le Hamas est arrivée dans le contexte des négociations. Le Hamas a compris que la priorité pour le gouvernement israélien n’était plus la libération des otages, ce qui est un changement historique dans la stratégie israélienne. Ces vidéos apparaissent donc comme un rappel, une relance pour aller vers un accord, mais en passant par une pression de la société israélienne pour qui cette question des otages reste prioritaire. Cela permet également de faire porter au gouvernement israélien la responsabilité du non-retour des otages après 6 mois de guerre.
Une grande question se pose toujours. Quand on voit les images des destructions dans la bande de Gaza, des maisons aux infrastructures, et dans le nord en particulier, comment les Gazaouis pourraient-ils rentrer chez eux dans le nord ? S’ils n’ont pas d’eau, comment les Gazaouis peuvent-ils rentrer ?
Exiger que les gazaouis rentrent chez eux est un demande impérative mais la réalité du terrain en est une autre et le contexte tel qu’on le voit dans les images et dans les médias est certainement loin du bilan.
L’opération sur Rafah a déjà commencé quand on voit aujourd’hui le nombre de morts à Rafah, on parle régulièrement de 60, 80 morts. Ce n’est pas la grande opération telle que souhaitée par Netanyahou c’est évident, mais de fait, la situation sur le terrain est une situation qui fait que ça a en partie commencé, mais pas trop car les américains n’en veulent pas.
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Netanyahou attaquera très certainement Rafah même si une trêve arrive. Pour l’instant les pressions américaines sont fortes, il y a des négociations parce qu’il y a la volonté d’arriver à un cessez-le-feu. Cependant, quand on voit le fonctionnement de Netanyahou depuis plus de 6 mois, on voit que d’une façon ou d’une autre il a besoin d’afficher cet objectif qu’il a tellement annoncé.
Les saoudiens, de leur côté, sont tout à fait prêts, aujourd’hui, à normaliser leurs relations avec Israël. Avant le 7 octobre, MBS était lancé dans un processus de stabilisation régionale en se rapprochant de l’Iran, avec pour objectif que les investisseurs viennent afin que tous ses grands projets puissent se dérouler. Par conséquent, le 7 octobre était une catastrophe dans ses plans, son objectif à lui est depuis de suivre tout chemin lui permettant de retrouver une paix régionale pour que ses projets arrivent à leur terme. Il n’y a pas d’idéologie ou de défense de la cause palestinienne dans sa stratégie mais en raison de son père, pour qui la cause palestinienne est importante, il ne peut pas se permettre de normaliser ses relations avec Israël sans une vraie contrepartie de la part d’Israël.
Aujourd’hui si on veut sérieusement revitaliser l’Autorité palestinienne, il faut aussi qu’Israël prenne sa part dans le sens où il y a des responsables palestiniens dans les prisons israéliennes qui peuvent jouer un rôle. Pour l’instant dans toutes les listes de prisonniers palestiniens, Israël ne veut absolument pas laisser sortir ces quelques personnes qui pourraient constituer une alternative à Mahmoud Abbas dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est complètement délégitimé.
Certains responsables dont Marwan Barghouti ont le dialogue avec le Hamas, c’est pour cela qu’Israël ne veut pas laisser sortir ce genre de personnalités
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En effet, le Hamas s’est renforcé terriblement en Cisjordanie mais il y a certaines personnalités en prison qui ont le contact avec le Hamas et qui font le pont entre les deux.
Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO.