Agnès Levallois analyse la reprise des relations diplomatiques entre plusieurs grands pays occidentaux, dont la France et la Syrie, libérée du régime de Bachar Al-Assad, il y a 10 jours.
Depuis 2012, plusieurs pays européens ont rompu leurs relations diplomatiques avec le régime de Bachar al-Assad en raison de ses actions depuis le début de la guerre civile syrienne. Certains, comme la Tchéquie et plus récemment l’Italie, ont néanmoins maintenu ou repris des contacts diplomatiques avec Damas, tandis que la France et l’Allemagne ont adopté une position plus stricte, refusant toute normalisation avec Assad. Cependant, après la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe, certains États envisagent de renouer des relations. La France, de son côté, reste opposée à cette idée et n’a pas établi de contact officiel avec le régime ou ses nouveaux dirigeants.
Aujourd’hui, avec la prise de pouvoir par HTS (Hayat Tahrir al-Cham) et son chef Abou Ahmed Jolani, la situation évolue. HTS est classé comme groupe terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, ce qui complique les relations officielles. Une mission française a été envoyée à Damas pour prendre contact avec ces nouveaux chefs, évaluer la situation sur le terrain, notamment celle des institutions françaises, et explorer comment contribuer à une transition politique. L’objectif de cette mission, comme celui de plusieurs pays occidentaux, est d’éviter que la Syrie ne reste plongée dans le chaos, tout en cherchant à établir un dialogue respectueux avec les nouveaux dirigeants.
Abou Ahmed Jolani, ancien membre d’Al-Qaïda, tente aujourd’hui de se distancer de son passé djihadiste pour asseoir sa légitimité et montrer son ouverture. Bien que son projet reste islamiste, il souhaite inclure toutes les composantes de la société syrienne, y compris les minorités comme les chrétiens et les druzes, dans une logique de reconstruction et de stabilisation. Pour cela, il aura besoin de l’aide internationale pour reconstruire un pays ravagé par 13 années de guerre. Cependant, les occidentaux doivent éviter de s’imposer dans la gestion de cette transition, au risque de provoquer des tensions supplémentaires.
Agnès Levallois, vice-président de l’iReMMO.