La genèse du communisme dans le monde arabe (1917-1928)
L’histoire du communisme dans le monde arabe plonge ses racines dans la décennie qui va de la révolution russe de 1917 à la fin des années 1920. Étudier la «genèse» du communisme arabe, c’est tenter d’analyser d’abord une relation, ou plutôt une triangulation, qui est celle entre le Comintern, la Russie néo-soviétique et les premiers noyaux militants qui se sont formés dans les pays arabes à l’aube de la dissolution de l’Empire ottoman. En effet, il y a des nombreux facteurs, subjectifs et objectifs, internes et externes, qui ont conduit à l’émergence des premiers partis communistes arabes, et en premier lieu le rôle clé du Comintern.
De Caterina Labardi
Le Liban, nouvelle victime collatérale de l’hubris israélienne et de l’irrédentisme de «l’axe de la résistance»?
Un an après le 7-octobre, Israël est déterminé à vouloir anéantir le Hezbollah tandis que ce dernier n’a pas l’intention de se rendre. L’Iran rentre dans cette escalade dans un devoir d’assistance à son principal allié régional et est soucieux de restaurer sa crédibilité et sa dissuasion. Il semble pris dans le dilemme consistant à participer à l’escalade tout en essayant d’éviter le déclenchement d’un conflit ouvert avec Israël. Les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, sont incapables ou non-désireux de raisonner l’État hébreu et continuent de le soutenir militairement, malgré de relatifs repositionnements diplomatiques. Les pays arabes, l’Arabie saoudite en tête, sont dans une position d’attentisme.
De Victor Jardin et Owen Steketee
Histoire du conflit israélo-libanais: retour sur un conflit octogénaire, aux racines, acteurs et enjeux multiples
Le conflit israélo-libanais s’inscrit dans le cadre plus large des conflits israélo-palestinien et israélo-arabe. Néanmoins, il dispose de ses propres caractéristiques et dynamiques, liées aux relations complexes et conflictuelles que le Liban entretient avec l’État d’Israël, depuis sa création en 1948.
de Victor Jardin et Owen Steketee
Le conflit syrien: une tragédie humaine et juridique
Depuis le début de la révolution syrienne en mars 2011, le conflit n’a cessé de se transformer en un engrenage de violence, marqué par des attaques répétées contre la population civile. Alors que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme estimait en 2022 que 300000 civils avaient péri, l’Observatoire syrien des droits de l’homme porte ce bilan à plus de 500000. Au-delà des chiffres, le conflit syrien a généré des millions de déplacés, et poussé autant de Syriens à s’exiler. La question du droit des victimes reste aujourd’hui un enjeu crucial pour une population qui réclame justice et reconnaissance de ses souffrances.
De Mohamed-Nour Hayed
Captagon: l’arme économique du régime Assad
L’émergence de la Syrie en tant que narco-État fait d’elle aujourd’hui, selon de nombreux observateurs, le plus grand narco-État du monde. Un titre qui, bien loin des stéréotypes sud-américains, trouve ses origines en plein cœur du Levant. Avec la production et le trafic de captagon, le régime d’Assad s’est taillé un empire financier parallèle et puissant, répondant à la fois à ses propres besoins économiques et à ses ambitions diplomatiques dans la région. Mais comment la Syrie, un État ruiné par une décennie de guerre, a-t-elle pu bâtir une telle industrie et quelles en sont les conséquences régionales et internationales?
De Mohamed-Nour Hayed
Construire l’ennemi de la Nation: analyse du discours et de la pensée du polémiste Éric Zemmour
Depuis une décennie, Éric Zemmour a consolidé sa notoriété en tant que polémiste en France. Dans ses discours et écrits, il propose une vision particulière de la nation française, qu’il oppose à des figures qu’il considère menaçantes pour l’identité et la culture du pays. À travers la désignation de l’immigré, et plus spécifiquement de l’arabo-musulman, comme «ennemi de la nation», il polarise les discours publics autour de la question de l’immigration. Cet article analyse la manière dont Zemmour construit cette image de l’ennemi public et en explore les effets dans le paysage socio-politique français.
De Mohamed-Nour Hayed
Kamala Harris et Gaza: un «en même-temps» à l’américaine?
La «relation spéciale» des États-Unis avec Israël, défendue sans compromis par l’administration Biden, a suscité une profonde désillusion au sein d’une partie importante de l’électorat démocrate, qui se sent trahi ou, à tout le moins, mal représentée par les choix du président. Ce mécontentement est particulièrement marqué parmi les jeunes et la population arabo-américaine.
De Nadia Enesco
Les négociations de cessez-le-feu à Gaza: une chronique d’espoirs avortés
Suite aux attaques du 7 octobre 2023 et aux représailles israéliennes qui ont suivi, la bande de Gaza est devenue le théâtre d’une tragédie humaine sans précédent, où des otages israéliens sont aussi encore emprisonnés. Les tentatives de cessez-le-feu se sont succédé au fil des mois, chacune porteuse d’espoirs rapidement déçus.
De Nadia Enesco
Chypre: 50 ans de partition / La corruption au Moyen-Orient
Il y a cinquante ans, à l’été 1974, l’île de Chypre s’est trouvée dans l’œil d’un cyclone dont les stigmates sont encore très présents, suite à l’intervention de l’armée turque, en réponse à la tentative de coup d’État par les ultranationalistes chypriotes grecs contre le président de la République de Chypre, Mgr Makarios. Cinquante ans après cette opération qui a conduit l’île à sa division, la revue Confluences Méditerranée a souhaité faire un retour sur cette île qui est aussi l’un des 27 États de l’Union européenne.
Israël-Palestine: Une initiative politique pour sortir de la crise
La guerre de Gaza ouverte par les évènements tragiques du 7 octobre 2023 est une crise majeure, porteuse de scénarios noirs, mais également d’une opportunité qu’il faut saisir pour le règlement du conflit israélo-palestinien.
Des systèmes de santé à la dérive
N° 128 – Printemps 2024
Dirigé par Elisabeth Longuenesse
Le présent numéro cherche à contribuer à la réflexion sur l’évolution des systèmes de santé au Moyen-Orient et dans l’espace méditerranéen, dans une perspective associant approches d’économie politique, de santé publique, et d’anthropologie. Se dessinent ici certaines préoccupations partagées, autour de la crise des systèmes de santé dans un contexte où se conjuguent les effets des situations de violence et de guerre et ceux des politiques de désengagement des États parallèlement au renforcement du rôle des organisations internationales, non-gouvernementales ou interétatiques, sans négliger le vécu des individus. Les systèmes de santé sont autant exposés aux injonctions des politiques néolibérales de rationalité et de rentabilité qu’à des évolutions sociales et culturelles majeures: les représentions liées au corps, à la santé, aux droits humains, à la façon dont les professionnels concernés répondent aux attentes des citoyens, et dont les acteurs collectifs s’organisent à cet effet.
Tournants au Moyen-Orient
N° 127 – Hiver 2024
Dirigé par Pierre Blanc
Ce numéro s’est assez fortement polarisé sur ce qui se passe en Israël et Palestine, qui est un tournant fait de tant de tourments. Pour autant, il n’a pas perdu de vue ce qui nous semblait être d’autres tournants et tourments. Si nous ne revenons que très peu sur les révolutions et contre-révolutions dans le monde arabe, une large place est accordée aux évolutions des rapports stratégiques, au devenir de l’islam politique, aux évolutions des aspirations kurdes, mais aussi aux déchainements de l’état de la nature dont les effets sont d’autant plus graves que la nature de l’État est encore mal en point. Dans le tournant très inquiétant du changement climatique, les tourments de la tempête Daniel, qui a fait près de 20000 morts en Libye en septembre 2023, sont là pour nous rappeler cette évidence que la vulnérabilité, en particulier des plus pauvres, est aussi et surtout affaire de politique, en l’occurrence d’impéritie politique. Ceci démontre en creux l’urgence du politique comme réponse aux besoins des sociétés et aux menaces. C’est cette même urgence qu’appelle la question de la Palestine laissée depuis trop longtemps aux rapports de force et à la violence. Pour autant c’est encore, à court terme, le pire qui se déploie.
Justice pénale internationale: les magistrats sauvent l’honneur
N° 126 – Automne 2023
Dirigé par Leïla Bourguiba
En 1998, de nombreux États affirmaient que les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale ne sauraient rester impunis en ce qu’ils menacent la paix, la sécurité et le bien-être du monde. Les États parties au Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale affirmaient ainsi leur détermination à placer la justice au cœur des mécanismes de résolution des crises majeures. Pourtant si le développement de la justice pénale internationale constituait sans aucun doute une évolution majeure du droit international, répondant à l’aspiration de voir juger les auteurs des crimes les plus graves, les dernières années ont été particulièrement critiques à son endroit. Elles laissaient alors entrevoir un désintérêt grandissant ou une forme de lassitude face aux différents obstacles, essentiellement politiques. La guerre russo-ukrainienne semble opérer un point de bascule. En effet, on a pu constater la mobilisation rapide, coordonnée de nombreux États pour activer les leviers possibles de la justice pénale internationale avec une volonté claire de rationalisation des efforts. Peut-on espérer un renouveau généralisé des engagements internationaux envers la justice pénale internationale? Ce regain d’intérêt peut-il avoir un effet d’entrainement sur les enquêtes portant sur le Proche et Moyen-Orient? Est-il porté par les États de manière générale ou sélective, comment éviter le deux poids deux mesures? Finalement, les juges ne seraient-ils pas ceux qui sauveraient actuellement l’honneur de cette justice pénale internationale?
Guerre Israël-Hamas: ne laissons pas la peur biaiser l’analyse
Parler d’un affrontement entre Occident et terrorisme islamique, comme le fait Benyamin Nétanyahou, est faux. Ce discours instrumentalise les traumatismes de notre histoire récente, et pourrait empêcher la France de suivre une voie diplomatique équilibrée.
La cause palestinienne risque d’être ensevelie pour longtemps sous les cendres d’actes effroyables
«Vous vous intéressez encore à cette question?» me disait il y a quelques mois un important diplomate alors que je lui demandais où en était la politique de la France vis-à-vis du conflit israélo-palestinien. Avec le ton aimablement affligé de celui qui essaie de faire comprendre à son interlocuteur à quel point il est en retard d’une séquence. En d’autres termes, ce problème n’en est plus un. Il suffit de le gérer. Les enjeux sont ailleurs. Fin de l’histoire.
Tunisie: arrêt sur la transition
N° 125 – Été 2023
Dirigé par Jean-François Coustillière et Manon Moulin
Forte de sa situation géographique et de son dynamisme socio-politique, la Tunisie est et a longtemps été considérée comme un territoire stratégique au cœur du Maghreb central et de la Méditerranée. Axe de circulation méditerranéen majeur et pont entre l’Afrique et l’Europe, le pays a connu nombre d’occupations, de dominations et de migrations, forgeant ainsi une diversité culturelle et sociale. En 2011, l’insurrection populaire débouchera sur une transition politique tumultueuse qui demeure, à ce jour, tant autant complexe qu’instable. La situation politique tunisienne actuelle, si éloignée des espoirs de 2011, est doublée d’une crise économique sérieuse, avec des répercussions plus qu’inquiétantes sur la population.
En faisant un arrêt sur la situation transitoire de la Tunisie, c’est cet état de fait aux ressorts à la fois structurels et conjoncturels qu’il s’agit d’étudier dans ce numéro.
Caucase-Asie centrale: cet au-delà moyen-oriental
N° 124 – Printemps 2023
Israël et le nucléaire iranien: La diplomatie avant qu’il ne soit vraiment trop tard
Depuis plusieurs mois, la révolte des femmes et des jeunes Iraniens a confirmé à la fois les dynamiques d’une société iranienne résolument ouverte aux idéaux universels de liberté et la paralysie et la violence du gouvernement conservateur de Téhéran, incapable de répondre aux besoins et aux attentes légitimes de la population. Les gouvernements des pays démocratiques et l’Union européenne ont condamné sans ambiguïté ces atteintes intolérables aux droits de l’Homme.
Sécurité en Méditerranée : acteurs et stratégies
N°123 – Hiver 2022-2023
Dirigé par Chloé Berger
En moins d’une décennie, la Méditerranée est redevenue un espace de confrontation géostratégique, entre grandes puissances et promoteurs d’un ordre multipolaire, dont les pôles restent à définir. Affecté par des crises multiformes, cet espace, stratégique à de nombreux égards, n’a cessé de se transformer depuis la fin de la guerre froide.La nature «crisogène» de la région en fait un véritable laboratoire d’innovation et d’expérimentation des instruments de gestion de crise et des approches de stabilisation. Le pluralisme des initiatives y est tout autant source de convergences, conduisant à l’établissement de nouvelles relations d’alliance et de partenariat entre les deux rives de la Méditerranée, que de frustrations et de rivalités.
Pouvoir des armées, armées au pouvoir
N° 122 – Automne 2022
Dirigé par Agnès Levallois et Elyamine Settoul
Les armées et les services de sécurité ont joué et continuent de jouer un rôle central dans les États du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient. À l’exception notoire des monarchies de la péninsule arabique, ces institutions ont contribué à la prise de pouvoir des pays de la région (Algérie, Égypte, Syrie, Irak, Libye). L’objectif de ce numéro est donc de réfléchir et de s’interroger sur la place des forces armées dans ces différentes configurations nationales, sachant que, dans l’ensemble des pays de la zone allant du Maghreb au Moyen-Orient, tous les États ont en commun une part considérable de dépenses militaires dans leurs budgets, et ce même dans les pays qui connaissent des situations économiques tendues.
Israël : naissance d’un État (1896-1949)
Septembre 2022 – N° 45
Auteur : Dominique Vidal
Israël est un des rares États nés d’une décision de l’Organisation des Nations unies qui, en 1947, partagea la Palestine en deux États, l’un juif et l’autre arabe. Au terme d’une première guerre, seul le premier vit le jour, après l’expulsion de la grande majorité de sa population arabe. Quels facteurs ont pesé dans ces événements? Le premier c’est le mouvement sioniste, fondé par Theodor Herzl en 1897 pour créer un foyer juif. La plus grande puissance d’alors, le Royaume-Uni, en jeta les bases dans cette Palestine qu’elle voulait contrôler pour mieux dominer le Moyen-Orient. La tragédie de la Shoah légitima le projet aux yeux de l’opinion internationale; et nombre de ses survivants n’eurent pas d’autre choix que d’y contribuer. Sur place, épuisée par la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne ne parvenait plus à maîtriser l’affrontement entre juifs et Arabes. D’autant que les États-Unis ambitionnaient de prendre sa relève dans la région, tandis que l’URSS contribuait à sa déstabilisation en choisissant, à la surprise générale, d’appuyer les forces sionistes. Ainsi débuta un des conflits de décolonisation les plus longs de l’Histoire: il dure encore.
De la politisation des racismes et antiracismes en France
N°121 – Été 2022
Dirigé par Haoues Seniguer
Avec ce numéro, il est intéressant de voir comment les sciences sociales et humaines peuvent aiguiller et aiguiser les débats publics sur les racismes et antiracismes, pour nous aider à mieux en saisir les logiques internes et externes, mais elle-mêmes ne sont pas complètement immunisées contre la polémique, qui les gagne de l’intérieur. La polémique croît à mesure que le sujet se politise, et ce, par le concours d’une multiplicité d’acteurs, qu’ils soient issus de la société civile, militants antiracistes, ou des professionnels de la politique amenés à se prononcer, à un titre ou à un autre, sur le racisme et l’antiracisme, de façon consensuelle, conflictuelle, antagonique ou concurrentielle.
Méditerranée : notre mer au XXIe siècle
N° 120 – Printemps 2022
Dirigé par Matthieu Brun et Elen Lemaître-Curri.
Avec ce numéro 120, Confluences Méditerranée met le cap sur la mer et comble ce manque en rassemblant une grande diversité de contributions toutes dévolues à ce véritable « continent liquide ». Lorsque l’analyse géopolitique se penche sur la Méditerranée, décrite comme quasi fermée sur le plan physique mais aussi comme un espace de circulation civilisationnel, il s’agit souvent d’en considérer les contours et plus précisément les tensions sur les terres qui la bordent. Rarement la mer Méditerranée est analysée en tant que telle et pour ce qu’elle est : un lieu de convoitises, de frictions et de rapports de force mais aussi un espace de coopération et de liens entre une grande diversité d’acteurs.
Le sort des migrants et réfugiés pris au piège en Libye. L’UE doit réagir au «naufrage de civilisation»
A la fin de l’année 2017, des images insoutenables d’hommes vendus comme de simples marchandises en Libye faisaient le tour du monde. L’heure était à l’indignation et aux promesses que des mesures seraient prises pour protéger ces réfugiés et ces migrants d’un système criminel organisé d’abus et d’exploitation. Images furtives, l’heure s’est écoulée, laissant la place à une nouvelle indignation, faisant oublier les promesses pourtant faites.
Du terrorisme écologique en Tunisie: les tensions socio-politiques au prisme des déchets
Mars 2022 – N° 44
Autrice : Manon Moulin
La Tunisie fait actuellement face à d’importants problèmes économiques et sociaux, à l’épidémie de Covid-19 dont la gestion est délicate, ainsi qu’à une crise politico-institutionnelle sans précédent depuis la révolution de 2010-2011. Dans ce cadre, les troubles issus de la gestion catastrophique des déchets, véritable terreur détritique, s’ajoutent et participent à la méfiance croissante des citoyens envers l’État. La problématique des déchets révèle et questionne à la fois les mécanismes profonds du système économique mondial au sein duquel la Tunisie est intégrée, mais également le délabrement continu de la sphère politique nationale. Illustration d’un terrorisme écologique dégradant environnement naturel et santé humaine, la gestion des déchets met en lumière la crise multiforme que subissent la population et l’environnement tunisiens, soumis à la fois aux logiques capitalistes et aux malversations nationales.
Des idées reçues sur l’immigration
Mars 2022 – N° 43
Autrice : Catherine Wihtol de Wenden
De nombreuses idées reçues sur l’immigration, parfois vieilles de 150 ans, refont surface en France depuis quelques années, avec une vigueur qu’on aurait pu penser d’un autre temps. Si le nationalisme de repli qui traverse notre pays les remet au goût du jour, la campagne présidentielle de 2022 les porte à incandescence dans le débat public. Du grand remplacement à l’appel d’air de l’État-providence, du coût financier exorbitant des immigrés à la concurrence qu’ils font peser sur l’emploi, du développement à l’érection des frontières comme autant de solutions supposées aux migrations, cet ouvrage revisite quelques-unes de ces idées reçues pour mieux saisir les raisons de leur survenue et leur arrière-plan idéologique. Ce faisant, cet ouvrage s’assigne surtout la tâche de les déconstruire. Cet ouvrage fournit une analyse lucide autant qu’indispensable en ces temps troublés où des entrepreneurs identitaires ne répugnent devant aucune idée dangereuse et erronée pour agiter les peurs collectives.
L’accord sur le nucléaire iranien peut-il être sauvé?
À l’heure où ces lignes sont écrites, rien n’a encore été signé à Vienne entre l’Iran et ses partenaires pour ressusciter « le Plan d’action global commun » (JCPOA, selon son acronyme anglais) c’est-à-dire l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 avec l’Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie. Accord dont les États-Unis se sont retirés en 2018. Mais les signes en provenance ces derniers jours de Téhéran comme de Washington semblent indiquer que, malgré une défiance réciproque persistante, un accord serait proche dans la capitale autrichienne où les négociations sont en cours depuis avril 2021.
Hommage à Xavier Richet
Notre ami Xavier Richet, membre du Conseil scientifique de l’iReMMO, nous a quittés le 16 janvier 2022 vers midi, le jour de son anniversaire, à 77 ans. Son décès nous prive d’un vrai savant, d’un enseignant passionné, d’un homme chaleureux et d’un vrai ami. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille.
Israël: contradictions d’une démocratie coloniale
N°119 – Hiver 2021
Dirigé par Dominique Vidal
Dans ce premier numéro consacré aux contradictions de la société israélienne, Gadi Algazi explique le passage du « socialisme » à l’ultra-capitalisme, dont Dominique Vidal analyse les records d’inégalités, Jacques Bendelac les succès et les limites du high-tech et Pierre Blanc les dimensions géopolitiques de l’agriculture. Jean-Paul Chagnollaud éclaire la contradiction entre démocratie et occupation. René Backmann évoque l’armée : au service de l’État ou de Dieu ? Sylvain Cypel analyse le rôle de la mémoire de la Shoah et de la Nakba. Nitzan Perelman documente la poussée du racisme. Dominique Vidal souligne l’aspiration désormais majoritaire à la laïcité. Jérôme Bourdon évoque un cinéma entre courage et alibi. Enfin Sylvain Cypel évoque le basculement du judaïsme américain.
Présences économiques chinoises en Méditerranée
Novembre 2021 – N°42
Thierry Pairault, Xavier Richet
La Chine a défini une stratégie d’internationalisation ambitieuse conduisant à développer des interconnexions à la fois terrestres, maritimes, aériennes, voire numériques, afin de favoriser et promouvoir ses échanges par la mobilisation de ses ressources financières et industrielles. La Méditerranée est un espace couvert par ce projet du fait de sa situation géopolitique, de ses besoins d’investissement, de l’importance de ses marchés. Nous nous focaliserons sur les présences économiques chinoises et sur le bilan des relations économiques sino-méditerranéennes, puis exposerons les ambitions maritimes de la Chine avant de présenter des aperçus plus spécifiquement régionaux.
Le pâté d’alouette de Naftali Bennett
On connaît le principe du pâté d’alouette : contrairement à ce que son nom laisse croire, il comprend peu d’alouette et beaucoup de… cheval. Imaginons-en une version casher : près de six mois après son investiture par la Knesset, c’est plus ou moins ce à quoi ressemble le bilan du gouvernement du Premier ministre Naftali Bennet et du ministre des Affaires étrangères Yaïr Lapi.
Libye : guerres et convoitises
N°118 – Automne 2021
Dirigé par Barah Mikaïl
Dix ans après l’éclosion de son « Printemps », la Libye peine toujours à voir le bout du tunnel. Les différentes phases qu’elle a connues ont mis en exergue de nombreuses logiques de division : politique, institutionnelle, idéologique, militaire ou encore économique, sur fond de rivalités de pouvoir. Les représentants politiques libyens ne sont pas exempts de responsabilités, et leurs profonds désaccords ont ouvert le champ à la projection d’ambitions étrangères sur le territoire libyen. Ce numéro explore et explique plusieurs de ces logiques, et fait le point sur les principales raisons de la déroute du processus révolutionnaire libyen.
Du conflit israélo-palestinien au nucléaire iranien : l’humiliation, la variable oubliée des négociations
Septembre 2021 – N° 41
Autrice : Marie Durrieu
Les accords israélo-palestiniens de 1993 et l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 représentaient un espoir pour la paix, rapidement déçu par l’échec de leur mise en œuvre qui a replongé le Moyen-Orient dans l’incertitude. À l’heure où la région est embrasée, où les tensions resurgissent, et où le nucléaire iranien est au sommet de l’agenda diplomatique, il devient urgent de comprendre les mécanismes qui bloquent la résolution de ces conflits. Cet ouvrage s’intéresse à une variable trop souvent oubliée : l’humiliation. A-t-elle un rôle dans l’impossible résolution de ces conflits ? Par la diplomatie, nous savons faire la paix avec un ennemi, mais peut-on faire la paix avec celui qui nous a humiliés ?
Où en est la Syrie ?
Reprise des bombardements sur l’enclave d’Idlib, augmentation sensible des victimes de la Covid-19, pénurie d’électricité et de mazout, flambée des prix de première nécessité. Plus de 10 ans après le déclenchement du mouvement de contestation, l’OSDH fait état de près de 500 000 morts, 13 millions de Syriens ont fui leur domicile et 6,5 mns d’entre eux ont quitté le pays. Voilà quelques éléments de la réalité syrienne bien loin de l’image de normalisation qu’entend présenter le régime.
Daech : retour sur une propagande
Août 2021 – N° 40
Autrice : Camille Leveillé
Comment Daech a-t-il pu terroriser des populations à travers le monde par le biais de sa propagande ? Quels sont les mécanismes qui ont été mis en place par le groupe pour recruter et conserver une emprise sur ses membres ? Pourquoi la France a-t-elle été l’un des pays les plus touchés par les attentats terroristes djihadistes ? Comment peut-on lutter efficacement contre une propagande en constante évolution et usant des réseaux sociaux pour se diffuser ? Cet ouvrage tente, avec le recul nécessaire, de répondre aux nombreuses questions sur les mécanismes et les enjeux de la propagande de Daech en France, en Irak et en Syrie. La production de contenus djihadistes est certes moins importante qu’il y a quelques années mais est toujours active.
Pouvoir(s) en Palestine
N° 117 – Été 2021
Dirigé par Dima Alsajdeya, François Ceccaldi, Emilio Dabed
Ce numéro analyse les sources, les pratiques et les mécanismes du pouvoir – ou des pouvoirs -, ainsi que leur rôle et leurs dimensions symboliques dans la Palestine d’aujourd’hui. Les contributions montrent que le pouvoir et la résistance à la domination politique ne sont jamais confinés aux élites, aux structures institutionnelles et aux élections, mais qu’ils sont aussi mis en œuvre dans des domaines et des formes complexes et multiples. Les contributeurs tentent de comprendre quels sont les mécanismes par lesquels le pouvoir s’exerce et s’exprime.
Édito d’été
L’année qui vient de s’écouler sous le signe de la Covid-19 a été éprouvante à divers endroits, et a affecté l’ensemble de nos activités. L’iReMMO a été contraint d’annuler à nouveau cette année ses voyages géopolitiques et colloques, qui devraient reprendre progressivement à l’horizon 2022. Mais cette crise nous a néanmoins permis de poursuivre la digitalisation de nos autres activités.
Le jugement des djihadistes français en Irak et en Syrie : quand le droit et le politique s’entrechoquent
Juillet 2021 – N° 39
Autrice : Sarah Blanc
L’effondrement de l’autoproclamé Califat de Daech en Irak et en Syrie a laissé place à de nombreuses inconnues sur la mise en œuvre d’une justice transitionnelle dans ces deux pays. En particulier se pose la question de la matérialité du jugement des djihadistes étrangers. L’exécutif français entretient une certaine ambiguïté sur ce sujet. Il préfère déléguer le sort judiciaire de ses ressortissants djihadistes aux autorités irakiennes ainsi qu’aux forces kurdo-syriennes, tout en procédant au retour, « au cas par cas », de leurs enfants. Pourtant les conditions du jugement demeurent problématiques dans ces deux pays. Se pose alors la question de l’adéquation de cette position française avec ses engagements constitutionnels, conventionnels et européens.
L’hubris, la puissance et la faiblesse
Jusqu’au bout, malgré tous les appels au cessez-le-feu, Benyamin Netanyahou aura semé la mort et la destruction dans la bande de Gaza. Il voulait non seulement détruire jusqu’au dernier lanceur de roquettes du Hamas et du Djihad islamique, mais surtout terroriser deux millions de Palestiniens – et au-delà les cinq autres millions qui vivent en Cisjordanie et en Israël. Comme toujours, le chef du Likoud préfère tuer que discuter.
Hommage à Monique Cerisier-ben Guiga
Monique Cerisier-ben Guiga vient de nous quitter. Depuis plusieurs mois, elle se savait condamnée. Elle m’avait alors dit, avec une stupéfiante lucidité, comment elle comptait aborder cette épreuve de fin de vie ou plutôt comment elle avait décidé de vivre pendant ces derniers moments. Elle semblait apaisée et s’exprimait avec douceur et force tout à […]
Irak : un destin tragique
N° 116 – printemps 2021
Dirigé par Adel Bakawan
Ce numéro, le premier de la revue Confluences Méditerranée destiné à l’Irak, vise à faire une certaine lumière sur un pays qui n’a jamais réussi à s’inventer par lui-même après avoir été inventé par d’autres. Au sommaire notamment : Le mandat britannique en Irak (1920-1932), péché originel de la division ? ; The role of political parties in the process of national integration in Iraq ; Le nouvel État irakien de 2003 et le piège du communautarisme ; Le quotidien des yézidis du Sinjar : une histoire politique ; Les relations turco-irakiennes : de l’inconstance au ménage à trois ; L’enjeu des énergies renouvelables pour l’avenir de l’Irak.
L’Arabie saoudite en Irak : de l’idéologie au pragmatisme 2003-2021
La volonté d’un retour en force de l’Arabie saoudite en Irak est désormais un fait constatable. Dans ce Moyen-Orient en large partie dominé par les puissances régionales non arabes (Iran et Turquie), tous les signaux venant de Riyad laissent apparaître, notamment depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, l’envie d’un apaisement, la recherche d’un équilibre, le désir d’un partenariat dans la gestion du Moyen-Orient.
Les Israéliens vont-ils réélire un « voyou » ?
« Pour que le sionisme réussisse, confiait Benito Mussolini en 1935, il vous faut un État juif, avec un drapeau juif et une langue juive. La personne qui comprend vraiment cela, c’est votre fasciste, Jabotinsky ». Scissionniste, ce dernier avait créé dix ans plus tôt le « sionisme révisionniste », opposé à David Ben Gourion : il voulait s’emparer par la force de toute la Palestine pour créer un État juif des deux côtés du Jourdain. Ce programme ne semblait pourtant pas assez radical à une petite aile du mouvement, qui prit le nom de « birionim » : « voyous », en hébreu. Ceux-ci saluèrent même l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler. L’un de ces birionim s’appelait Benzion Netanyahou, le père de Benyamin.
La Haute Cour régionale de Coblence condamne Eyad al-Gharib, ancien membre des services de renseignement syriens, à quatre années et six mois de prison
Eyad al-Gharib avait quitté la Syrie à la fin de l’année 2011, après avoir fait défection, et rejoint l’Allemagne où il a demandé l’asile. Arrêté sur le territoire allemand le 1er février 2019, les juridictions allemandes ont exercé leur compétence universelle pour enquêter et le poursuivre.
La décision de la CPI du 5 février 2021 : une victoire du droit international
Le plan Trump présenté, en janvier 2020, avait tenté un véritable coup de force contre le droit international puisqu’il allait jusqu’à proposer l’annexion d’une partie du territoire palestinien par Israël. Avec cette décision de la Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale nous assistons, au contraire, à une importante victoire du droit international. Non pas seulement une victoire symbolique rappelant des principes fondamentaux mais bien une victoire de l’effectivité du droit puisque la Cour pourra désormais poursuivre les responsables de crimes de guerre commis sur le territoire de la Palestine.
Nationalismes religieux. Moyen-Orient
Décembre 2020 – N°38
Auteurs : Olivier Da Lage, Fatiha Dazi-Héni, Nicolas Dot-Pouillard, Ahmet Insel, Hélène Sallon, Clément Therme, Dominique Vidal.
Lorsque la Révolution islamique iranienne éclate en 1978, nul n’imagine alors qu’elle marque le début de l’essor des nationalismes religieux un peu partout sur la planète, à commencer naturellement par le Moyen-Orient, berceau des trois religions monothéistes. De la Turquie kémaliste à Israël, en passant par la Palestine, nul n’échappe à cette vague de remise en cause des pouvoirs établis, même s’ils tirent de la religion leur légitimité comme c’est le cas de l’Arabie saoudite, une contestation radicale pouvant prendre la forme extrême revêtue par l’État islamique.
Révolutions et contre-révolutions dans le monde arabe
N°115 – hiver 2020
Dix ans déjà que de Tunis au Caire, de Benghazi à Deraa, de Manama à Sanaa, des soulèvements se sont produits, avec une soudaineté et une vigueur telles que des pouvoirs ont vacillé et que certains ont même été emportés. Les 22 pays arabes n’ont cependant pas tous connu cette secousse. D’aucuns ont vite désamorcé des mouvements contestataires moins vigoureux, tandis que d’autres sont restés aux marges du mouvement. Cette différenciation processuelle est sans doute riche d’enseignements en termes de causalités. De même, le devenir des révolutions nous permet-il de décrypter des différences d’un espace à l’autre. La diversité de ce vaste mouvement contestataire et ses suites montrent donc, s’il en était besoin, combien le monde arabe échappe à tout réductionnisme.
Arabie saoudite et Émirats arabes unis : les ambitions de la puissance
Décembre 2020 – N°37
Auteur : Hicham Mourad.
Les révoltes populaires arabes de 2011 ont constitué un tournant dans l’histoire contemporaine du monde arabe et du Moyen-Orient. Elles ont engendré de nouveaux rapports de force et des changements de leadership dans la région. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont ainsi affermi leurs rôles et leur statut afin de défendre leurs intérêts contre ce qu’ils perçoivent comme des menaces, notamment l’expansion de l’influence régionale de l’Iran. Le désengagement relatif des États-Unis du Moyen-Orient a été le facteur déterminant qui a poussé ces deux acteurs à être plus affirmatifs et audacieux dans la poursuite de leurs objectifs.
Jeux de pouvoirs au Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie)
N°114 – Automne 2020
Dirigé par Haoues Séniguer.
Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie ne sont certainement pas des sociétés figées, condamnées en quelque sorte définitivement aux conservatismes de toutes sortes. La forme et la nature des États ne disent pas tout des sociétés sur lesquelles s’exercent leurs pouvoirs. Cette image d’Épinal (la passivité ou résignation supposée des Arabes face à la tyrannie du Prince) a été sérieusement battue en brèche, sans disparaître complètement, depuis la période révolutionnaire de 2010-2011. Ces sociétés, aux histoires multiples, aussi proches que lointaines les unes des autres, sont au contraire marquées par une profonde vitalité sociale, culturelle et intellectuelle, des aspirations à la liberté et à la justice sociale constantes, en dépit des nombreuses vicissitudes et incertitudes politico-économiques qui les affectent. En effet, elles connaissent toutes, sous des formes diverses, des spasmes, heureux ou plus malheureux, dans des régimes qui oscillent entre dispositifs institutionnels semi-autoritaires/semi-démocratiques, réflexes néo-autoritaristes (Maroc et Algérie), percées ou lueurs démocratiques (Maroc et Algérie), et solidification d’institutions démocratiquement élues comme en Tunisie.
Régression démocratique
Face au déferlement des ignorances et des peurs, et au nom des valeurs de la République, nous réaffirmons notre attachement à la laïcité telle qu’elle est dans ses fondamentaux : liberté de conscience, liberté de culte et neutralité de l’État. Nous rejetons les injonctions de ceux qui réduisent les principes de notre République au carcan de leur idéologie. Loin de les renforcer, ils les défigurent et mettent en péril la liberté d’expression. Par les membres de l’Institut de Recherche et d’Études Méditerranée Moyen-Orient.