Corruption en Méditerranée et au Moyen-Orient. Caractéristiques et perceptions [APPEL À CONTRIBUTION]

De Tunis à Damas, les soulèvements arabes de 2011 ont fait apparaitre des revendications multiples parmi les populations des États du Moyen-Orient et de la Méditerranée réclamant aussi bien  la chute des régimes en place, l’organisation d’élections libres, la fin de la répression politique et la garantie des droits civiques et politiques pour tous les citoyens, mais aussi la fin de la corruption au sein des gouvernements et des institutions, ainsi que des mesures pour garantir la transparence et la responsabilité. Loin d’avoir satisfait ces aspirations, les régimes arabes, qu’ils se soient maintenus ou qu’ils aient été remplacés, ont eu tendance au contraire à les étouffer.

L’objectif de ce numéro de Confluences Méditerranée est de faire un état des lieux de la corruption, dans les États du Moyen-Orient et sur le pourtour méditerranéen, entendue selon les définitions courantes comme l’abus d’un pouvoir reçu en délégation à finalité d’enrichissement personnel. Il s’agira d’identifier et de comprendre les pratiques corruptives dans les pays du Moyen-Orient au regard des normes internationales en essayant de saisir les phénomènes classiques de la corruption (détournement d’argent, collusion d’intérêts, népotisme, formation de systèmes de rente, etc.), les politiques publiques mises en place pour lutter contre ces pratiques (transparence de l’activité des fonctionnaires, accès à l’information sur les activités gouvernementales, poursuites judiciaires effectives, etc.) et les forces qui luttent contre ce phénomène (activités de la presse, de la société civile et des ONG, présence de mouvements contestataires, etc.). Il s’agira également d’identifier la manière dont les relations avec d’autres États peuvent être conditionnées par la mise en place de réformes et voir leurs effets réels sur les pratiques, sans se cantonner à l’échelle nationale mais en intégrant aussi d’autres échelles, transnationales et locales notamment.

Étudier les pratiques corruptives, souvent délibérément cachées, demeure un exercice difficile pour les chercheurs également confrontés à la surveillance voire à la répression et aussi parce que la pratique, systémique dans certains cas, donne à l’enquête un caractère a priori normatif. C’est précisément pour éviter l’écueil normatif ou culturaliste que ce numéro entend également laisser la place à des études sur des pratiques politiques spécifiques assimilées à la corruption et qui sont pourtant largement répandues et communément tolérées voire admises (wasta en tant qu’intermédiation, mobilisation de réseaux de solidarité, de parenté ou de clientèle, etc.).

Ce numéro privilégiera trois axes d’étude principaux :

Instructions aux auteur·e·s pour la présentation des propositions et des articles

Les propositions d’articles devront être envoyées avant le 12 janvier 2024 à François Ceccaldi (francois.ceccaldi@college-de-france.fr).

Elles ne devront pas dépasser 4000 signes (espaces compris).

Chaque proposition devra être accompagnée d’un titre (même provisoire) et d’une courte biographie de l’auteur (500 signes). Après un retour vers les auteurs le 22 janvier 2024, les articles devront être remis au plus tard le 1er  mai 2024.

Corruption in the Mediterranean and the Middle East – Characteristics and Perceptions [CALL FOR PAPERS]

From Tunis to Damascus, the Arab uprisings of 2011 gave expression to multiple demands by the peoples of the Middle East and the Mediterranean, calling for the fall of existing regimes, the organization of free elections, an end to political repression and guarantees of civil and political rights for all citizens, but also an end to corruption within governments and institutions, as well as measures to guarantee transparence and responsibility. Rather than satisfying those aspirations, Arab regimes, whether they stayed in place or were replaced, tended on the contrary to crush them.

The purpose of this issue of Confluences Méditerranée is to draw up an inventory of corruption in the states of the Middle East and the Mediterranean basin, based on its current definition as the abuse of power for personal enrichment. We will set about identifying and understanding corruptive practices in Middle East countries in the light of international norms, by describing classic phenomena of corruption (financial embezzlement, collusion of interests, nepotism, rentier systems, etc.), public policies pursued in fighting these practices (transparence of civil servants, access to information on governmental practices, effective legal measures, etc.) and the forces mobilized in the struggle (the press, civil society, NGOs, oppositional movements, etc.) We shall also seek to identify ways in which inter-state relations may be influenced by reforms and analyze concrete effects on practices, not simply at a national level but encompassing transnational and local ones.

The analysis of such corruptive practices, often deliberately hidden from view, remains a difficult exercise for researchers who are subject to surveillance and repression, and also because the systemic practice in certain cases makes this a priori a normative quest. It is precisely in order to avoid the normative or culturalist trap that this issue also intends to leave room for studies of specific political practices which may be defined as acts of corruption and which are nonetheless widespread and generally tolerated or accepted (wasta as intermediation, the mobilization of networks of solidarity, kinship or clientelism, etc.).

This issue will concentrate on three research questions:

This issue will concentrate on three research questions:

Instructions to authors for the presentation of proposals and articles

The proposals for articles should be sent before January 8, 2024 to François Ceccaldi (francois.ceccaldi(a)college-de-france.fr)

They should not be longer that 4000 characters (with spaces). Each proposal needs to include a title (even if provisional) and a short biography of the author (500 signs).

Proposals must be accompanied by a title (even if provisional) and a short biography of the author (500 characters). Answers to the authors will be given on January 22, 2024.

If their proposals are accepted, the articles should to be submitted by 1st of May 2024.