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État de santé en Méditerranée [APPEL À CONTRIBUTION]

Dossier préparé par Elisabeth Longuenesse

La pandémie de covid a été un révélateur de l’état des systèmes de santé dans tous les pays de la planète. La façon dont chaque pays l’a gérée (ou ne l’a pas gérée) a mis en lumière tant les ressources à sa disposition, que la dépendance à l’égard des firmes pharmaceutiques ou des pays étrangers, la capacité à mobiliser la population, et le degré de coercition.

Le tournant néo libéral des années 1990-2000, qui a touché l’ensemble de la planète, en soumettant de façon croissante les services publics au marché, a fragilisé les systèmes de santé et rendu plus difficile l’accès des populations les plus précaires aux soins de santé. L’inégal accès aux vaccins, du fait de la privatisation de sa production et de la compétition des firmes pharmaceutiques sur le marché, en a été une illustration flagrante.

D’un autre côté, la pandémie a souvent servi de prétexte pour étouffer toute contestation, de l’Algérie à la Chine, tandis qu’ailleurs, la méfiance à l’égard de l’Etat a pu favoriser un rejet des mesures de prévention et de vaccination.

Cette livraison de Confluences vise à examiner l’état des systèmes de santé autour de la Méditerranée, dans une perspective comparative. Le titre « Etat de santé », fait écho à l’ouvrage fondateur que Michel Camau a consacré à la Tunisie[1]. Il s’agira en effet d’inscrire les questions de santé dans leur contexte politique, économique et social.

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », selon la définition de l’OMS, considérée comme un droit fondamental de tous les êtres humains.

Pour la plupart des Etats issus de la décolonisation, l’élargissement de l’accès à la santé comme à l’éducation a été un outil puissant de légitimité, tandis qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, nombre de pays européens mettaient en place des systèmes de sécurité sociale, incluant assurance maladie et assurance vieillesse, souvent associées à une politique de soutien de la natalité et aux familles. Ces politiques ont permis le développement d’une médecine hospitalière de haut niveau, dépendante toutefois d’équipements de plus en plus coûteux, d’une recherche médicale et pharmaceutique restée l’apanage des pays du nord – faiblement rééquilibrée par le développement d’une industrie pharmaceutique dans quelques pays du sud.

Mais les politiques néolibérales qui se sont généralisées à partir des années 1990, privilégiant une logique de rentabilité financière et le désengagement de l’Etat, ont progressivement affaibli les services publics de santé au profit d’un secteur privé lucratif. Parallèlement, les attentes différenciées de larges secteurs des classes moyennes, une pratique que l’on peut qualifier de consumériste, ont favorisé une défiance croissante à l’égard d’un secteur public dégradé. Quelques pays arabes (Tunisie, Jordanie…) ont aussi vu fleurir un marché haut de gamme des services de santé, stimulant un véritable « tourisme médical ».

Dans ce contexte, si la médecine reste la profession la plus prestigieuse dans le public, particulièrement dans les pays du sud, les professions paramédicales sont souvent dévaluées et en nombre très insuffisant, ce que traduit aussi le recours massif à une main d’oeuvre étrangère d’origine asiatique, en Egypte ou au Proche-Orient, tandis que la France, se mettait à importer des infirmières d’Espagne ou du Liban, mais aussi des médecins du Maghreb ou du Proche-Orient.

Ce numéro de Confluences vise à réunir des contributions abordant différents aspects de la situation sanitaire dans les pays du pourtour méditerranéen, des politiques mises en œuvre, de leur impact, ainsi que des comportements et des attentes des populations, sans oublier la situation et les stratégies des professionnels de la santé.

De façon non exhaustive, on évoquera les quelques axes de réflexion suivant :

Les monographies sont les bienvenues, à condition d’inscrire leur problématique dans le contexte politique, économique et social du pays concerné.

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[1] Michel Camau, Etat de santé, Besoin médical et enjeux politiques en Tunisie, CNRS, 1990

Instructions aux auteur·e·s pour la présentation des propositions et des articles

Envoyer les propositions d’article au plus tard le 30 juin 2023 à :

elonguenesse[at]yahoo.fr

Date limite d’envoi des article : 31 octobre 2023

Parution à prévoir : avril 2024

La proposition doit être accompagnée d’un titre (même provisoire) et d’une courte biographie de l’auteur. Les articles peuvent être écrits en anglais.

L’intégralité des consignes et les normes éditoriales de la revue sont disponibles ici.