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Au Proche-Orient, des Pâques sanglantes comme il y a deux ans

“Ce sont encore des Pâques sanglantes, pour les uns et pour les autres, mais le scénario n’a rien d’original. Netanyahu veut échapper à une crise interne, en suscitant une crise externe. Donc la police brutalise les fidèles, en arrête plusieurs centaines. Le Hamas riposte en envoyant des missiles, Israël riposte en envoyant la bande de Gaza, le Sud Liban et la Syrie. Des attentats ont lieu – trois morts hier par exemple, dont un à Tel Aviv et deux dans la vallée du Jourdain. Bref, on a l’impression d’une histoire qui se répète sauf que Netanyahu n’est plus dans la même situation qu’il y a deux ans : il a des centaines de milliers d’Israéliens dans la rue.”

“300 000 personnes en Israël équivaut à 2,5 millions de manifestants chez nous. Israël compte neuf millions d’habitants dont sept millions de Juifs, deux millions d’arabes. Pour comprendre cette condition, il faut remonter au début de l’année avec l’investiture de ce nouveau gouvernement, avec deux partis ultra-orthodoxes qui veulent la théocratie, et trois partis qui n’ont jamais été au gouvernement depuis 1948. Ce sont des partis suprémacistes, qui se proclament ouvertement xénophobes, racistes, homophobes. C’est évidemment un gouvernement dangereux pour les Palestiniens puisqu’il veut annexer la Cisjordanie. Il est dangereux pour les Israéliens parce qu’on profite de la réforme de la justice pour aller vers un système autoritaire. Il est dangereux pour la théocratie, pour la région et le monde car on peut aller vers une troisième Intifada qui mènerait à une guerre régionale.”

“Les votes doivent être vus dans leur évolution : c’est vrai que les Israéliens ont élu cette coalition. Même si c’est une coalition, Netanyahu est le phénix de la politique israélienne, il revient toujours. On a quand même l’impression avec ces manifestations que quelque chose est en train de changer, comme si les Israéliens n’avaient pas réalisé ce que cette coalition allait engendrer pour eux en termes de risques. Les derniers sondages publiés par la presse israélienne ce matin donne une coalition en chute libre avec 53 sièges au lieu de 64, donc moins de la majorité. Comment la population israélienne, et plus généralement la communauté internationale, peut accepter qu’un premier ministre, pour se sortir d’un procès qui risque de l’envoyer en prison, mette en danger la vie de beaucoup de gens dans toute une région ? C’est une chose qu’aux États-Unis, en Europe même à Paris on a l’intention de changer sérieusement.”

On a un peu l’impression que Netanyahu est un apprenti sorcier, autrefois cela fonctionnait, aujourd’hui j’en suis beaucoup moins persuadé, ni du point de vue diplomatique, ni du point de vue politique puisque les sondages montrent vraiment une coalition en chute libre.

“Le discours change mais les actes ne bougent pas. Biden a fait savoir à Netanyahu qu’il ne voulait pas le voir. Paris a été la première capitale à accueillir Netanyahu réélu, on a laissé un des trois ultra-nationalistes, Smotrich, venir à Paris sous la protection policière pour tenir un discours que le quai d’Orsay a condamné comme répugnant, qui consistait à dire “les Palestiniens n’existent pas”. On a eu du mal à Paris à sortir d’une situation d’attentisme pour aller vers des sanctions envers ce gouvernement. On est dans une situation qui n’a plus d’issue perceptible. Vous avez deux millions d’arabes en Israël, 700 000 colons à Jérusalem, en Cisjordanie, dans ce cas où faites-vous passer vos frontières entre un État d’Israël et un État palestinien ? C’est pour cela que dans la jeunesse palestinienne, l’idée des deux États est de plus en plus abandonnée au profit de l’idée d’un État commun, à condition que tout le monde y ait les mêmes droits, nationaux et politiques.”

“La réalité est que la grande majorité des Palestiniens ne veut plus ni du Hamas, ni du Fatah, ni de cette autorité donc il y a urgence de tenir des élections. Ces élections étaient prévues en 2021, 93% des Palestiniens s’étaient inscrits sur les listes pour voter, et Mahmoud Abbas a préféré la reporter. Tous les acquis diplomatiques de Netanyahu avec les États-Unis, dans le monde arabe, en Afrique, sont ruinés par cette situation. Les pays arabes qui ont signé les accords d’Abraham protestent contre ce qui s’est passé à Al-Aqsa.” 

Dominique Vidal, journaliste et historien

ÉDITO

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

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Sahara Occidental : un conflit bloqué dans un Maghreb en mouvement

Régime Villemont, 29 novembre 2011
La question du Sahara occidental, conflit de décolonisation désormais parmi les plus anciens inscrits à l’agenda des Nations unies, oppose depuis 1975 le Front Polisario et le Maroc. Peut-il trouver de nouvelles issues dans le contexte actuel des profondes transformations au Maghreb ou va-t-il demeurer un conflit bloqué, témoignant de l’impuissance des Nations unies à faire appliquer ses résolutions ?Le Sahara Occidental, alors colonie espagnole, a été inscrit dès 1962, par le Comité chargé de l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux peuples et aux territoires coloniaux (résolution 1514 /1960), dans la liste des territoires non autonomes et a fait l’objet depuis 1965, de résolutions, émanant d’abord de l’Assemblée Générale puis du Conseil de sécurité, rappelant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

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Lettre d’information de l’iReMMO