Conflit au Proche-Orient: vers un accord sous 24 ou 48 heures au Caire?

Une trêve de six semaines est en train d’être négociée. Six semaines afin de permettre la libération de certains otages détenus à Gaza en échange de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, mais surtout,  permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. Tous les rapports des organisations internationales, et de l’ONU en particulier, ne cessent d’alerter sur l’extrême gravité de la situation à Gaza et sur le pourcentage de la population au bord de la famine (estimée à 80% sur les 2,2 millions d’habitants).

L’Égypte est l’un des médiateurs dans ce conflit. Le passage de Rafah reste très limité puisque l’accord d’Israël est nécessaire à son ouverture. Si l’Égypte pourrait certes forcer en ouvrant sa partie de la frontière, le refus du passage de l’aide humanitaire se retrouverait directement dans les mains d’Israël. Cette voie signifierait qu’Israël serait publiquement mis dans une position embarrassante par l’Égypte, ce qui ternirait leurs relations déjà compliquées. Cette question des passages est l’un des points essentiels de la négociation qui se déroule actuellement au Caire.

Il s’agit également de négocier davantage de passages de camions, un seul passage ne permet pas de satisfaire les besoins élémentaires, d’autant plus que chaque camion est vérifié par l’armée israélienne. Le passage de Kerem Shalom, est lui aussi contrôlé par Israël et les camions sont eux aussi vérifiés. On se retrouve aujourd’hui dans une situation où de nombreux camions, chargés, sont en attente de vérification, bloqués aux frontières. Seulement une trentaine de camions passent par jour la frontière alors qu’il en passait 500 à 600 avant le 7 octobre et qu’aujourd’hui, la situation a drastiquement empiré. 

Actuellement, pour Israël, le dilemme de l’acceptation d’une trêve se trouve dans l’avenir de la position politique de Benyamin Netanyahou. Il campe sur une posture extrêmement dure, ne souhaitant aucun relâchement dans ce conflit, car il sait que le jour où la trêve entrera en vigueur, les questions autour de sa responsabilité dans les massacres du 7 octobre seront à l’ordre du jour. Il sait également qu’il doit le maintien de sa majorité aux éléments les plus extrêmes du spectre politique d’Israël, l’extrême droite, qui elle, ne souhaite absolument pas une trêve, puisque son objectif est l’anéantissement de tous les Gazaouis. Par conséquent, il bloque et recule le plus possible la mise en place de la trêve.

Les frappes à la frontière nord d’Israël sont de plus en plus profondes dans le Liban et en Israël. Cette situation est très préoccupante, même si la plupart des observateurs continuent de considérer que ni Israël ni le Liban ne souhaitent une dégradation de la situation. L’avancée israélienne en territoire libanais, avec les attaques contre la Bekaa il y a quelques jours, montre qu’on ne cesse de monter d‘un cran dans ces échanges, même s’il subsiste le sentiment d’essayer de ne pas aller au-delà. Si Israël accepte une trêve à Gaza, il risque d’y avoir des pressions de la part de ses éléments les plus extrêmes du gouvernement pour aller plus en avant à la frontière nord avec le Liban, avec l’idée d’en finir aussi avec le Hezbollah. Pour l’instant, l’Iran et le Hezbollah sont dans une position très prudente mais plus il y aura de morts côté libanais, et ils ne cessent d’augmenter, plus on se rapproche du moment où le Hezbollah et l’Iran seront obligés de réagir ne serait-ce que pour la crédibilité vis-à-vis de leur population.

Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO.

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