Le dernier bilan des frappes israéliennes sur la bande de Gaza du mardi 18 mars fait état de 413 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas. Celles-ci font suite, selon Israël, « au refus répété du Hamas de libérer les otages, et au rejet de toutes les propositions de l’émissaire américain Steve Witkoff et des médiateurs ». La trêve avec le Hamas est-elle définitivement enterrée ?
C’est la pire des stratégies et c’est bien ce que ressentent les familles des otages qui se sont immédiatement mobilisées et rassemblées en Israël pour protester contre cette reprise de la guerre car il s’agit véritablement d’une reprise de la guerre et qui met en danger la vie des otages restants alors qu’un processus de négociation était en cours pour permettre leur retour.
Cela révèle l’absence totale de la volonté d’Israël de poursuivre les négociations. Dès le déroulé de la première phase de la trêve, qu’Israël ne souhaitait pas passer à la deuxième phase en dépit de l’accord signé et depuis les menaces pesaient sur la bande de Gaza et le Hamas en particulier. Alors elle remet en question les différentes phases de cet accord et pour tenter de reprendre la main et puis de relancer les bombardements car elle a toutes les cartes militaires entre les mains et que le Hamas ne peut pas faire grand-chose en face.
Par ailleurs, le signe le plus inquiétant est l’annonce par Ben Gvir, ancien ministre qui a quitté la coalition car il était opposé à la trêve, qu’il a réintégré ce matin la coalition gouvernementale parce qu’Israël a remis en cause cette trêve. Toute la stratégie à l’égard de la bande de Gaza est une stratégie mise en œuvre par Netanyahou pour son agenda politique personnel qui rejoint son objectif d’empêcher toute création d’un Etat Palestinien. Cette annonce de retour de Ben Gvir est très claire pour moi de montrer la volonté de Netanyahou de ne rien lâcher ou négocier et de démontrer de ne pas vouloir revenir à un état de négociation car cette dernière veut dire pour lui obtenir ce qu’il veut mais sans négocier.
En outre, ce qu’on peut craindre est la poursuite de la guerre menée par Israël et la poursuite de ses bombardements car les Américains la soutiennent. Trump avait déclaré que si son plan était refusé, il promettait l’enfer sur terre à Gaza. Ça l’est déjà et ça le sera encore plus. Depuis 17 mois, on voit un déluge de feu sur la Bande de Gaza, le Hamas existe encore même si affaibli et que des responsables du mouvement ont été tués récemment. On ne fait pas disparaitre un tel mouvement sous les bombes mais la seule façon de limiter son influence sont des négociations politiques dont Israël ne veut en aucun cas, ni Netanyahou en raison de la composition de sa coalition la plus à droite que n’a jamais connu Israël qui ne veut pas entendre parler de la moindre concession aux Palestiniens. Elle veut faire disparaitre les Palestiniens donc tout le prétexte est bon pour reprendre les bombardements et pour expliquer que c’est le Hamas qui est responsable de tout alors que là en l’occurrence la remise en cause de la trêve vient de la part d’Israël.
En appuyant et autorisant Israël à reprendre les combats plutôt qu’à négocier alors que Netanyahou avait envoyé des négociateurs pour la reprise des négociations, on voit bien que pour façade et ce soutien encore plus inconditionnel que ne l’était des États-Unis à l’égard d’Israël ne permet en aucun cas d’envisager une reprise de la trêve et encore moins un cessez-le-feu.
Agnès Levallois, vice- présidente de l’iReMMO.