Home » Dans les médias » Israël-Palestine : le coût de l’impuissance volontaire

Israël-Palestine : le coût de l’impuissance volontaire

Quelle est la situation concernant le conflit israélo-palestinien  aujourd’hui ?

Nous avons un gouvernement géré par Netanyahu qui est revenu au pouvoir grâce à une coalition. qu’il a constituée avec la droite mais aussi l’extrême droite et des représentants des colons. Donc cette nouvelle coalition qui lui a permis de revenir aux affaires et juste une petite incise importante, c’est que pour Netanyahu il s’agit de sa survie politique puisqu’il est confronté à des menaces de procès et éventuellement d’incarcération  et donc l’objectif de Netanyahu est d’être à nouveau à la tête de ce gouvernement pour échapper à toute poursuite et surtout changer la réforme pour échapper à toute poursuite. Pour cela, il s’est donc allié à la droite et l’extrême droite afin d’avoir une majorité à la Knesset (donc au Parlement israélien) pour faire passer cette réforme, et quand je parle de coalition tenue par l’extrême droite religieuse et les colons, d’une manière tout est dit vis-à-vis de la relation à l’égard des Palestiniens puisqu’on a affaire à des représentants de partis politiques qui nient littéralement l’existence des Palestiniens, et on a vu d’ailleurs récemment un ministre de cette coalition nier l’existence des Palestiniens, ce qui veut dire qu’il n’est absolument pas question de négocier quoi que ce soit, et l’idée même est non seulement de poursuivre la colonisation mais de s’accaparer plus de terres et faire en sorte que les Palestiniens quittent le plus possible le territoire. Il y a une vraie stratégie de les faire partir de la ville de Jérusalem. 

Cette situation dans les territoires palestiniens est catastrophique dans le sens où l’autorité palestinienne n’a pratiquement plus aucune légitimité aux yeux de son propre peuple. Mahmoud Abbas, leader de cette autorité, a annulé le processus électoral qui devait se dérouler afin de renouveler les responsables de l’autorité. Donc il y a un désamour total en particulier des jeunes palestiniens qui espéraient renouveler le personnel politique de l’autorité pour faire entendre aussi leurs voix, et ces élections n’ont pas eu lieu donc ça a complètement démobilisé les Palestiniens, en particulier les jeunes, qui ne se reconnaissent absolument pas dans cette autorité.

Les responsabilités de l’autorité palestinienne ne sont-elles pas immenses ? Quelle est l’utilité de Mahmoud Abbas  ?

C’est évident qu’Abbas n’a plus aucune légitimité auprès des Palestiniens. Il veut rester en place et continuer de diriger cette autorité. D’un côté, on a un gouvernement israélien qui ne veut rien négocier, et de l’autre une autorité israélienne complètement démonétisée. Ce qui se joue là est la survie. Les Palestiniens voudraient remettre cette autorité en question.

La Palestine était autrefois une démocratie où les gens pouvaient voter, avec des élections libres et observées internationalement, reconnues. C’est une grande régression, il n’y en a plus. Il y a un soutien indéfectible des Américains vis-à-vis d’Israël mais aussi de nombreux Européens qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour dire qu’il y a des choses inacceptables dans cette relation avec les Palestiniens. La responsabilité de la communauté internationale qui soutient Israël est aussi importante que la responsabilité de l’autorité palestinienne. Les Israéliens protestent, ce glissement vers l’extrême-droite est le fruit de l’occupation. La défense qui est prise des Israéliens vis-à-vis de la situation de cette coalition effectivement anti-démocratique, ces manifestants ne s’interrogent pas beaucoup sur la question palestinienne, et il est frappant de voir qu’aujourd’hui il y a une coalition qui est capable d’aller aussi loin en Israël contre des règles démocratiques. C’est un glissement politique de la part d’Israël, qui devient un État colonial ne pouvant pas être démocratique puisqu’il nie l’existence d’un autre peuple.

On a parfois des jeunes qui mènent des opérations parfois tout seuls, des actes isolés et désespérés, ils prennent les armes et estiment que c’est la seule solution pour ne pas disparaître. On est face à une impasse totale.

Est-ce que la guerre en Ukraine pourrait amener un changement ?

La question du deux poids deux mesures reprend de la force au Moyen Orient car on ne traitera jamais la question israélo-palestinienne comme on traite les autres questions, et le cas de l’Ukraine est mis en avant dans les sociétés arabes qui estiment que la communauté internationale démontre une fois de plus que lorsqu’il s’agit de dénoncer des occupations ou des annexions, elle se mobilise, mais le seul cas dans lequel elle ne fait absolument rien est pour le conflit israélo-palestinien. On n’en sort pas et c’est assez inquiétant. Netanyahu a quand même été reçu à bras ouverts par l’Elysée alors que Biden n’a pas souhaité l’accueillir à la Maison Blanche, donc cela prouve qu’il n’y a plus d’engagement de la France sur les principes qui ont constitué la politique française vis-à-vis des droits des Palestiniens. Dans les faits, on en est très loin.

Agnès Levallois

ÉDITO

ÉDITO

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Et pendant ce temps en Israël

Uri Avnery, 20 mai 2011
Depuis des années, Uri Avnery [2] écrit chaque semaine une chronique en rapport avec la vie politique et sociale de son pays (les grands événements comme les incidents qu’il trouve significatifs) et les actions du mouvement dont il est le fondateur le plus connu, Gush Shalom (le Bloc de la paix). Ces articles, écrits en hébreu et en anglais, s’adressent essentiellement à ses compatriotes israéliens. Mais ils sont de plus en plus diffusés et repris à l’étranger, en anglais, en arabe, en allemand, en français, par internet et dans des revues politiques ou associatives de nombreux pays à travers le monde. Ci-dessous nous publions de larges extraits de trois de ces chroniques qui donnent le point de vue de l’auteur mais aussi une idée de la réaction israélienne (gouvernement et société) aux révolutions arabes.

Lire la suite »
Lettre d’information de l’iReMMO