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J’ai lu… « Le Livre noir de Gaza » par Agnès Levallois

Pascal Boniface s’entretient avec Agnès Levallois à l’occasion de la parution de son ouvrage « Le Livre noir de Gaza » (Éditions Seuil). Agnès Levallois tire une conclusion alarmante : la guerre menée par Israël à Gaza en riposte à la tuerie perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 est la plus destructrice jamais conduite par l’Etat hébreu dans ce territoire palestinien. Paradoxalement, et pour cause de blocages aux humanitaires et journalistes, il est très difficile de correctement s’informer de la situation sur place. Aussi, elle rassemble dans ce livre les principaux rapports d’ONG internationales ainsi que de multiples enquêtes et articles pour mieux comprendre la gravité de ce qui se déroule actuellement à Gaza, le tout avec l’appui, même informel, de puissances occidentales pourtant soi-disant attachées aux droits humains.

Le Livre noir de Gaza, ouvrage collectif dirigé par Agnès Levallois et introduit par une préface de Rony Brauman, dénonce l’ampleur des souffrances infligées aux civils palestiniens en soulignant le paradoxe d’un soutien implicite de certains pays « démocratiques » au conflit. Les auteurs exposent l’incohérence entre les discours de ces nations, qui se disent attachées aux droits humains, et leur silence, voire leur appui tacite, face à une guerre marquée par des bombardements intensifs, des destructions massives et un nombre élevé de décès, y compris parmi les enfants.

Le conflit à Gaza se déroule dans un quasi-huis clos, l’accès étant interdit aux journalistes et observateurs internationaux, rendant ainsi difficile la documentation des faits. Seuls les reporters locaux et certaines organisations internationales et humanitaires parviennent à y accéder. La stratégie israélienne décrite dans l’ouvrage viserait à rendre Gaza invivable en détruisant les infrastructures vitales — hôpitaux, écoles, systèmes d’eau et d’électricité — afin que, même en cas de cessez-le-feu, la population palestinienne soit contrainte de quitter le territoire.  Certains produits toxiques sont employés, rendant les terres incultivables, ce qui compromet les moyens de subsistance sur le long terme. La campagne de délégitimation menée contre l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, dont l’existence rappelle à Israël que la question des réfugiés, non résolue depuis 1948, demeure une problématique actuelle. Sa suppression servirait une stratégie plus vaste visant à effacer cette question de la scène internationale.

Le livre explore également les espoirs, bien que ténus, d’une intervention de la Cour pénale internationale (CPI) ou de la Cour internationale de justice. L’éventualité de poursuites internationales contre des dirigeants israéliens, dont Benjamin Netanyahou, est l’un des rares recours encore possibles pour la population de Gaza. Si la CPI renonce ou échoue à lancer de telles poursuites, ce serait un coup fatal porté au droit international, compromettant définitivement la confiance en ce dernier comme outil de justice et de défense des droits humains.

Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO.

ÉDITO

ÉDITO

Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Barack Obama à Al-Azhar : un discours fondateur

Robert Bistolfi, 3 septembre 2009
Barack Obama et Georges W.Bush : tout a déjà été dit sur leurs différences et sur les ruptures que le nouveau président incarne. Tout a déjà été dit, sauf peut-être l’essentiel : on n’a pas assez souligné la perspective longue qui est la sienne, sa position éthique sur des sujets touchant à l’avenir de l’humanité dans son ensemble. Il pose à la fois des objectifs et des principes pour guider l’action, en jalonnant la voie de sorte que les contraintes de la réalité (qui imposeront des compromis) ne fassent pas dévier du cap. Il l’avait fait avec ses textes fondateurs sur les relations interraciales (discours de Philadelphie [3]) ou sur un monde dénucléarisé (discours de Prague [4]). Tout aussi fondateur apparaîtra le discours qu’il a prononcé le 4 juin 2009 à l’université Al-Azhar, au Caire : au-delà de l’apaisement des tensions avec les sociétés à majorité musulmane, il pose les fondements d’une « politique de l’universel » vraiment novatrice.

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Lettre d’information de l’iReMMO