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La réforme de la justice en Israël suscite l’inquiétude

Invité par TV5Monde, Jean-Paul Chagnollaud revient sur la manifestation historique et infatigable d’une frange de la société israélienne en réaction à la réforme judiciaire voulue par la coalition d’extrême droite ultra-orthodoxe.

En effet, l’actuelle majorité, qui est une coalition avec l’extrême droite, veut aller loin dans deux directions : mener un certain nombre de réformes très conservatrices où les religieux auraient de plus en plus de pouvoir, et faire en sorte que l’occupation et la colonisation n’aient aucune limite, processus qui déboucherait sur une annexion. La question palestinienne est donc très importante, aussi, pour ceux qui veulent se débarrasser du contrôle juridictionnel de la Cour Suprême. L’enjeu n’est pas seulement d’une réforme judiciaire, c’est aussi d’un questionnement sur les valeurs au cœur même de la société israélienne.

Par ailleurs, cette coalition risque de tenir. Pourquoi ? Si jamais Netanyahu lâchait un peu de lest par rapport aux manifestants, il est possible que la coalition toute entière s’effrite, voire qu’elle s’écroule. Les membres de la coalition se tiennent les uns les autres. Donc si Netanyahu lâche – même un peu – il lâche le pouvoir. Et si la coalition a ses fragilités, chacun à intérêt à y rester.

Ainsi, Israël va se retrouver dans un schéma particulier : cette loi [sur la Cour Suprême] va être soumise au contrôle de la Cour suprême. Si la Cour suprême ne la considère pas constitutionnelle, il va y avoir non seulement une crise juridique, mais aussi une crise politique. On aura d’un côté des politiques qui veulent faire passer une loi qui permettrait de faire d’amoindrir les pouvoirs de la Cour suprême, et de l’autre côté la Cour suprême qui aujourd’hui a ses pouvoirs là et qui n’entend pas s’en faire déposséder. On risque, donc, une crise politique d’une d’acuité assez extraordinaire.

Autre conséquence de cette réforme, c’est qu’il y a au fond une certaine idée d’Israël qui va être remise en cause à l’étranger, et en particulier aux États-Unis. Si d’une part, les États-Unis ont des intérêts stratégiques importants en Israël, d’autre part, la communauté juive américaine reconnaît de moins en moins l’État d’Israël. Il faut bien distinguer les deux niveaux : celui de la géopolitique et de la stratégie où, quoi qu’il se passe, les États-Unis seront proches d’Israël, et celui des valeurs, où les juifs libéraux américains sont très mal à l’aise face aux objectifs de cette nouvelle coalition.

Jean-Paul Chagnollaud, Président de l’iReMMO 

ÉDITO

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Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Il faut aller en Tunisie : notes d’un tour dans l’Extrême-Sud (juillet 2011)

François Pouillon, 27 août 2011
Invité en Tunisie pour participer à une école doctorale organisée par un laboratoire de sciences sociales de l’université de Tunis (Diraset), j’en ai saisi l’occasion pour faire, avec de jeunes collègues, un tour dans le Sud-Est, une région que je connaissais assez bien pour y avoir enquêté dans les années 1970. J’en ai rapporté ces impressions de voyage. Encore une fois, ce voyage a été précédé de nouvelles alarmistes . Mes amis de Tunis m’engagent à la prudence : des classes dangereuses aux coupeurs de route, il n’y a qu’un pas, et on signale des poches d’insécurité dans la région de Sidi Bou Zid, épicentre de la révolution démocratique. D’autres vont commenter : il semble que cela arrangerait bien le gouvernement provisoire, en facilitant un regroupement grégaire autour de la ligne qu’il incarne. Je ne suis pourtant pas descendu au Sud par cette route des steppes : pour aller au Sud-Est, mon objectif, la nouvelle autoroute de la côte nous conduit en quelques heures à Gabès.

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Lettre d’information de l’iReMMO